Coronavirus : face à la pénurie, une pharmacie de Caen fabrique elle-même du gel hydroalcoolique

Avec l'apparition du coronavirus en France, la demande de gel hydroalcoolique explose. Même si les lignes de productions des laboratoires tournent à plein régime, la pénurie s'installe. Un pharmacien de Caen a décidé de fabriquer par ses propres moyens le produit que lui réclame ses clients.

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"Produit victime de son succès". Sur les étals de cette pharmacie du centre-ville de Caen, cette étiquette a fait son apparition depuis quelques jours. Comme les masques de protection, les gels et solutions hydroalcooliques sont les produits "stars" de toute épidémie, effective ou en devenir. Avec l'apparition des premiers cas de coronavirus en France, nombre de personnes ont commencé à ses ruer dans les officines. "On est en rupture de solution hydroalcoolique depuis une semaine", raconte Franck Quesnelle, pharmacien à Caen, "Environ un client sur deux nous en demande". Dans une ville (et un département) où aucun cas n'a été pour le moment recensé.
 
Mais les clients continuent d'affluer. Et les rayons restent vides. "Les laboratoires nous donnent des dates de réapprovisionnement approximatives, ils sont incapables de nous donner des dates exactes", déplore Franck Quesnelle. Alors le pharmacien a décidé de prendre les devants. Au risque d'être hors-la-loi. "Nous n'avons pas le droit de fabriquer la solution hydroalcoolique, cette formule n'étant pas au formulaire national (ndlr : un recueil officiel contenant les formules standardisées des préparations pharmaceutiques) mais, devant l'urgence sanitaire, nous prenons la responsabilité de fabriquer et de fournir ce produit."

Dans le laboratoire de la pharmacie, la préparatrice mélange les différents ingrédients (éthanol, peroxyde d’hydrogène et glycérol) avec une extrême précision. "Les autorités françaises sont informées de cette initiative", assure Franck Quesnelle, "malgré tout, nous n'avons pas encore de réponse de leur part." La démarche du pharmacien caennais correspond en quelque sorte aux préconisations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui a récemment communiqué un mode d'emploi pour préparer soi-même son gel hydroalcoolique.
 
Après 72 heures, le gel hydroalcoolique fabriqué par la pharmacie peut être mis en rayon. "Ça nous permet de tenir quelques engagements vis-à-vis des patients mais la demande est telle qu'en quelques heures, les stocks que nous fabriquons sont d'ores et déjà épuisés." La première production s'est écoulée la semaine dernière en moins de deux heures.

Des lignes de production à plein régime

A quelques kilomètres du centre-ville de Caen, à Hérouville-Saint-Clair, les laboratoires Gilbert ont mis en place une cellule de crise pour gérer la demande. Les trois lignes de production dévolue au gel hydroalcoolique (à Hérouville, mais aussi à Falaise et en Bretagne), tournent à plein régime, au 3x8 du lundi au vendredi. Les salariés volontaires vont également travailler le samedi. La société ne fournit pas que le marché français. Elle exporte notamment en Asie (Chine et Hong-Kong).
 

Au mois de janvier, l'entreprise a produit 1,7 millions de flacons contre 800 000 par an en temps normal. "Nous avons, à travers notre cellule de crise, une réunion hebdomadaire a minima de façon à ajuster les volumes de production à venir", explique Dominique Lecomte, directeur général adjoint des Laboratoires Gilbert, "Nous avons pris la décision cette semaine d'enclencher des approvisionnements pour 2,5 millions d'unités supplémentaires qui seront fabriquées sur les mois d'avril et de mai."

Trop cher, le gel hydroalcoolique ?

Ce mercredi 4 mars, le ministre de l'économie a annoncé qu'un décret allait être pris pour encadrer les prix des gels hydroalcooliques après des "cas isolés" de "prix inacceptables". Du côté des Laboratoires Gilbert, on se défend de toute tentative de profiter de la situation "Notre volonté, dés le départ, n'a pas été de spéculer sur le produit, nos tarifs sont inchangés", assure Dominique Lecomte, "Il est évident que le coût de main d'oeuvre est supérieur quand nous faisons travailler les équipes de nuit ou le samedi, il y a des majorations de l'ordre de 25 % et différentes primes. Ce que nous avons fait, c'est que nous limitons les remises qui pouvaient être faites par le passé mais nous n'avons pas augmenté nos tarifs de façon à permettre à tout à chacun de pouvoir trouver le produit au meilleur prix dans les pharmacies."
 

Ce mardi, Bruno Le Maire avait annoncé le lancement d'une enquête par la Direction générale des fraudes (DGCCRF) sur les fortes augmentations des prix de vente des gels hydroalcooliques et des masques de protection constatées depuis l'apparition de l'épidémie de coronavirus en France. Les masques de protection font eux déjà l'objet d'un décret de réquisition (pour les personnels de santé et les malades) publié ce mercredi 4 mars au journal officiel.


 
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