Battu au premier tour par 19 voix d’écart, le maire sortant de Blainville-sur-Orne (Calvados) et les membres de sa liste ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Caen. Ils pointent du doigt l’impact de l’épidémie de Coronavirus sur la sincérité du scrutin.
Etonnement et surprise générale. Voilà, les deux expressions qui reviennent dans la bouche des membres de la liste de Daniel Françoise, maire sortant de Blainville-sur-Orne, depuis le 15 mars dernier, jour où la tête de la mairie lui a filé entre les doigts pour 19 voix. Un résultat qu’ils estiment largement corrélé au contexte très particulier dû à la pandémie de coronavirus. Ces derniers ont donc décidé de déposer un recours devant le tribunal administratif de Caen.
Une initiative motivée par plusieurs éléments. "Dès le lendemain de l’élection, poussés par l’étonnement de certains Blainvillais et par la faiblesse de l’écart, nous nous sommes penchés sur les résultats, débute Daniel Françoise qui briguait un cinquième mandat. "Nous avons constaté une abstention très élevée pour notre commune."Nous demandons l’annulation des résultats de ce scrutin afin de permettre aux citoyens de se prononcer lors d’un nouveau scrutin dans des conditions de sûreté sanitaire et donc de sérénité nécessaires à toute expression démocratique", expose le groupe dans un communiqué de presse.
En effet, le taux de participation aux élections municipales s’élève à 42,91 % en 2020 contre 58,03 % en 2014 et 65,04 % en 2008. "Entre 2014 et 2020, ce sont 15 points de moins soit environ 600 électeurs qui se sont abstenus", précise le communiqué.
"Des personnes vulnérables ont renoncé à leur droit de vote"
Les candidats regrettent notamment le timing des annonces faites par le chef de l’Etat et son Premier ministre. Alors qu’Emmanuel Macron demandait jeudi 12 mars, aux personnes âgées de 70 ans ou plus, entre autres, de rester autant que possible à leur domicile, Edouard Philippe annonçait la vieille des élections, la fermeture de tous les lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays, soulignant qu’il fallait éviter au maximum de se rassembler. Le tout en maintenant le premier tour des élections.
Des "demandes contradictoires participant à la confusion" estime l’ancien maire. Daniel Françoise et ses colistiers ont également envoyé une lettre adressée à Corinne Féret, sénatrice du Calvados. Dans cette dernière, ils indiquent que "de nombreuses personnes, fragiles car âgées ou souffrant de pathologies, n’ont pas osé prendre le chemin des urnes et se sont donc vues privées de la possibilité d’exercer leur droit de vote, droit fondamental. Même si la procédure de vote par procuration avait été assouplie tardivement, il était quasiment impossible de trouver un mandataire de confiance à quelques heures de l’ouverture du scrutin (…) Comment accepter que de nombreux citoyens se soient retrouvés privés de fait de leur droit de voter par précaution pour leur santé ou par anxiété ?"La procédure n’a pas manqué de faire réagir le camp sorti vainqueur du scrutin. "Ce recours est une négation du suffrage universel et du choix qu’on fait les Blainvillais de nous confier la gestion de la ville pour six ans, commente le nouveau maire, Lionel Marie. Il est de plus une remise en cause du Conseil d’Etat et en aucune manière une remise en cause du scrutin de Blainville qui n’a fait l’objet d’aucune contestation. Il renforce le trouble général dans une situation très compliquée pour tout le monde et rajoute une difficulté de rassembler l’ensemble des élus pour servir l’intérêt général."