Ce concept va sûrement faire parler. Une semaine après son ouverture, c'est déjà un buzz sur internet. La chapelle de la Charité, à Caen, est désormais une salle de fitness. Une seconde vie surprenante, y compris pour les nouveaux pratiquants. Elle n'était plus un lieu de culte depuis 10 ans.
"Basilik Fit", c'est le nom qu'un internaute lui a trouvé, avec humour. Une référence au lieu évidemment, et au nom de la chaîne de fitness qui a lancé ce concept.Faire d'un lieu de culte, la chapelle de la Charité à Caen, une salle de sport, il fallait oser. C'est en tout cas déjà un joli coup marketing sur les réseaux sociaux : plus d'un millier de partages sur facebook, 4.000 commentaires pendant le week-end.
C'est un lieu mythique, pas un intérieur basique. Ça casse les codes, j'ai hâte de tester.
Les vitraux sont la première chose que l'on remarque à l'intérieur, et puis il y a cette hauteur impressionnante. "J'adore", affirme sourire au lèvres Leslie qui vient ici depuis l'ouverture la semaine dernière. "C'est grand, c'est agréable."
Cyril est lui double pratiquant, sportif convaincu et croyant. "J'avoue, la marque en gros sur la facade, c'est un peu trop." Mais il est ravi de cette expérience insolite. "Le temps passe un peu plus vite quand je cours, je regarde les vitraux." Il en connaitra sûrement chaque détail de couleur et représentation dans quelques séances. "Il y a aussi un dojo exceptionnel dans une église à Nonencourt dans l'Eure (NDLR : un ancien temple protestant). C'est mieux plutôt que de casser"
Thibaut et Vincent arrivaient eux ce matin pour leur grande première. Avec une petite excitation. "Je ne suis pas croyant, et je peux comprendre que ça puisse choquer", reconnait le premier. "Mais on a l'habitude de pratiquer dans une autre salle de Caen (un ancien concessionnaire) et on voulait tester absolument cette chapelle quand on l'a vu en photo. Voir quelles sensations on peut avoir."
Son ami est encore plus enthousiaste. "C'est un lieu mythique, hyper grand, pas un intérieur basique. Ca casse les codes."
Un lieu de culte déserté puis vendu
La chapelle de la Charité, située rue de Falaise, fut construite après la guerre. Elle fait partie d'un vaste ensemble religieux avec son couvent. 2,5 hectares qui ont vu les dernieres religieuses partir en 2012, après près de quatre siècles de présence. "C'était devenu disproportionné et plus aux normes", reconnaît le Père Laurent Berthout, du diocèse de Bayeux Lisieux. D'où la vente en 2014 pour un euro symbolique.C'est amusant que la statue de la vierge accueille toujours les sportifs à l'entrée de l'établissement. J'espère qu'ils vont ressentir la paix de cette église."
Depuis, tout a une seconde vie : logements, ehpad et donc salle de sport. "J'ai une petite tristesse de voir que les communautés religieuses ne se renouvellent pas." La congrégation historique des Ursulines vit aussi ses dernières heures à Caen cette semaine.
Mais le prêtre reste content que ces lieux survivent pour une nouvelle utilisation. "Et c'est amusant que la statue de la vierge accueille toujours les sportifs à l'entrée de l'établissement. J'espère qu'ils vont ressentir la paix de cette église."
D'autres utilisations possibles pour les lieux de culte
Dans le voisinage, pas de grande levée de bouclier. On reste soulagé de voir le lieu entretenu, même si la salle de sport n'est pas la solution espérée. "Ca aurait été mieux en salle d'exposition comme cela avait été évoqué à un moment", regrette Mariette, arrivée dans le quartier il y a 5 ans. "Mais bon, au moins c'est en bon état."
Madeleine, elle, aurait bien aimé "y voir de la musique", comme dans l'église Notre-Dame-de-la-Gloriette, à Caen. Mais celle-ci appartient toujours au diocèse, et des cérémonies y ont encore lieu.
L'une des plus jolie reconversion reste celle de l'Eglise des Dominicains à Maastricht aux Pays-Bas, transformée depuis 2007 en librairie. Désacralisée il y a 200 ans, elle avait servi pendant de nombreuses années notamment comme « maison des serpents », garage pour vélos et temple de carnaval...
Dernièrement, le maire d'Émiéville dans le Calvados, a lui eu l'idée d'organiser dans l'église de sa commune le conseil d'installation du nouveau conseil municipal. Sans l'accord religieux.
Les 300 m2 du lieu lui semblait la meilleure solution pour respecter les distances sanitaires recommandées, en cette période de Covid-19.