Spécialiste de l'environnement extrême et de l'adaptation, le Dr Stéphane Besnard, ORL au CHU de Caen et spécialiste de neurophysiologie coordonne le programme de recherche de l’expédition « Deep time » Pourquoi chercher comment le cerveau s'adapte à 40 jours d'isolement total.
Stéphane Besnard travaille depuis longtemps sur les limites du cerveau ou plutôt il cherche à développer notre connaissance de cette extraordinaire machine interne et humaine.
Un an après le premier confinement, 15 femmes et hommes de 27 à 50 ans vont vivre à partir de ce dimanche 20H et pendant 40 jours dans une grotte en Ariège sans notion du temps. C'est la mission Deep Time., à laquelle il participe en tant que chercheur.
Après la crise sanitaire et le confinement général, il est apparu comme une évidence que nous avions des choses à apprendre "nous ne savions visiblement pas bien, en tant que groupe, comment répondre aux impacts provoqués par ces changements"
Sans montre, téléphone ni lumière naturelle, ces sept hommes, sept femmes vont devoir vivre ou survivre. Ils sont accompagnés du chercheur et explorateur franco-suisse à la tête de la mission, Christian Clot.
lIs vivront à 12 degrés avec 95 % d'humidité dans lagrotte de Lombrives, générer leur électricité par un système de pédalo, et puiser l'eau dont ils ont besoin à 45 mètres de profondeur.
Ils seront munis de capteurs permettant à une dizaine de scientifiques de les suivre depuis la surface. Une première mondiale.
Stéphane Besnard, médecin ORL au CHU de Caen et spécialiste de neurophysiologie coordonne le programme de recherche de l’expédition « Deep time ». Il fera parti du groupe de spécialistes qui va rester à l'extérieur.
On a voulu aller dans un confinement plus sévère que ce que nous avons traversé au printemps dernier. C'est pour mieux comprendre ce qu'il se passe quand on est enfermés. Je vais regarder ce que va être la désorientation dans le temps et l'espace, un sujet qui nous intéresse beaucoup au CHU de Caen
Aller au-delà des études déjà menées à Caen
Le médecin caennais va accompagner le groupe de volontaire quelques jours pour vérifier que tout fonctionne et prendre des mesures sur les personnes. Il le fait avant, au début. Et les retrouvera à la fin. Entre les deux, ils sera à l'extérieur pour observer.
Pour comprendre quoi?
"Les interactions entre les individus. On va analyser le comportement individuel et les capacités émotionnelles et cognitives. La physiologie également. On va s'interesser à la manière dont le corps va changer et comment il va résister ou s'adapter."
Stéphane Besnard va se servir de cette expérience pour exposer, ou tenter d'expliquer, comment le cerveau fonctionne en l'absence de tout repère temporel.
Quatre tonnes de matériel
Quatre tonnes de matériel ont été acheminés pour que les 15 volontaires puissent vivre en toute autonomie.
Au total, Deep Time a nécessité 1,2 million d'euros de financement: des partenaires privés, publics mais surtout du Human Adaptation Institute.