Le Garde des Sceaux s'est rendu à Ifs ce vendredi 1er octobre où se construit une nouvelle maison d'arrêt. L'ancien avocat entend ainsi répondre aux accusations d'inaction portées par l'opposition. "Ici, on n'est pas dans le concept, on est dans la sortie de terre".
La pluie drue qui tombe sur la plaine de Caen aurait douché bien des enthousiasmes. Une fois évacués les bons mots sur les charmes de la météo normande, le Garde des Sceaux s'engouffre dans le chantier boueux avec un intérêt non dissimulé. Malgré un temps compté, Eric Dupond-Moretti veut tout voir et tout comprendre de cet établissement qui sera livré au début de l'année 2023.
Le cabinet Architecture Studio a imaginé un ensemble de de bâtiments qui représente "30 000 m² de surface de plancher". L'établissement disposera de 551 places. Les architectes assurent avoir "dédramatisé le cadre bâti afin d'offrir aux détenus un environnement digne et apaisé pour faciliter leur réinsertion". Les cellules offrent "une vue lointaine sur le grand paysage sans vis à vis". Des ateliers doivent permettre de favoriser le travail pendant la détention. Les travaux vont bon train. Ils devraient être achevés à la fin de l'année 2022 conformément au calendrier prévu.
Une nouvelle maison d'arrêt de 551 places
Le choix de ce chantier n'a sans doute rien de tout à fait innocent. Il y a quelques jours, Eric Dupond-Moretti a été vivement attaqué par le sénateur de la Manche Philippe Bas lors des discussions portant sur le projet de loi "confiance dans la justice". "M. le garde des Sceaux, vous vous dites ulcéré du procès qui est fait au gouvernement à propos des 15 000 places de prison que le président de la République s’est engagé à construire durant son quinquennat. Et moi je suis ulcéré qu’on puisse oser prétendre que cet engagement a été tenu".
Il y a des chefs de meute et il y a des chefs de chantier. Moi je suis un chef de chantier.
"C’est insupportable, la critique pour la critique…" s'emporte alors le Garde des Sceaux qui assure que 7000 places auront bien été livrées en 2023. 8000 autres le seront à l'horizon 2028. "Souffrez que je vous réponde, vous voudriez que je vienne ici à Canossa, la tête baissée pour dire : on n’a rien fait ? Mais c’est une plaisanterie !"
Sur le chantier de la nouvelle maison d'arrêt, Eric Dupond-Moretti enfonce le clou en critiquant "les élus qui disent : il faut de nouvelles places de prison mais pas chez moi. Si vous saviez le mal qu'on a eu pour le programme 8000 places..." Le Garde des Sceaux se tourne vers Michel Patard-Legendre, le maire d'Ifs : "c'est courageux d'accepter un établissement pénitentiaire sur sa commune".
Une nouvelle prison, ce sont des places supplémentaires et des conditions de détention améliorées
La visite se poursuit dans les cellules qui sentent la peinture fraîche. "Le paradoxe, c'est que ceux qui ne veulent pas de prisons nouvelles se plaignent, à juste titre, de l'indignité des conditions de détention en dépit des efforts de rénovation qui ont été entrepris. Quand on construit une nouvelle prison, on nous reproche de vouloir la remplir. Or, une nouvelle prison, ce sont des places supplémentaires et des conditions de détention améliorées".
Lorsque sa commune s'est portée candidate pour accueillir ce nouvel établissement, Michel Patard-Legendre a visité l'actuelle maison d'arrêt de Caen, dont la construction remonte... au XIXe siècle. Le maire d'Ifs avoue avoir été marqué par la vétusté et la promiscuité des lieux. Eric Dupond-Moretti conlut alors sa visite par cette sentence : "Accepter un nouvel établissement pénitentiaire est un acte citoyen".
Le ministre de la justice a poursuivi son déplacement au centre de détention de Caen :
Le garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti, s'est rendu sur le chantier de la structure d'accompagnement vers la sortie (SAS) du centre pénitentiaire de Caen, destinée à accueillir 90 détenus en fin de peine.
— Préfet du Calvados (@Prefet14) October 1, 2021
Elle favorisera la transition entre la vie carcérale et la vie civile. pic.twitter.com/lAbO6CM8pN