Etre opéré par un robot chirurgien : flippant ou rassurant ?

Le robot chirurgien a fait son arrivée dans les blocs opératoires français en 2010. Depuis, des milliers d'interventions chirurgicales ont été réalisées via ce robot né d'un projet militaire. Technologie rassurante ou angoissante ? Nous faisons le point sur cet outil médical.
 

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Le robot transmet les gestes du chirurgien sans mouvement parasite

Le concept du robot chirurgien semble plutôt rassurant. "Le robot transmet exactement mes gestes" explique Charles Chahwan, chirurgien urologue à Caen, "les mouvements sont transmis au robot en éliminant les tremblements".

Tous mes gestes sont transmis à la console. Ils sont analysés par informatique. Si je bouge les instruments, là comme çà en vous parlant, je sais que ça ne fait rien au patient parce que ma tête n'est pas positionnée là où elle devrait. Il n'y a aucun danger pour le patient.

Autre avantage présenté par les chirurgiens : l'utilisation de micro-instruments, des outils chirurgicaux qu'ils ne pourraient pas manipuler à mains nues car trop petits. Les incisions dans le corps de la personne opérée sont ainsi plus petites et la chirurgie moins invasive.

"Les suites opératoires sont beaucoup moins lourdes avec cette intervention assure Stéphane Lammens Anesthésiste-réanimateur, "le patient s'en remet plus viteil a moins mal quand il se réveille donc il a besoin de moins de médicaments anti-douleur."

Les patients ont-ils des craintes liées à ce type de chirurgie ?
"Les patients généralement réagissent favorablement à partir du moment où ils ont bien compris que ce n'était pas la machine qui opérait toute seule mais qu'il y avait encore un chirurgien qui assumait l'acte !", expliquait le chirurgien Fabrice Lécuru à un magazine médical il y a de cela cinq ans.

Qui plus est, l'opération via ce type de robot est une des options proposées par le corps médical au patient. C'est lui qui décide d'être opéré via le robot, d'autant qu'il en accepte le coût. A la clinique Saint Martin de Caen, par exemple, l'opération de la prostate avec le robot da Vinci occasionne un surcoût pour le patient de l'ordre de 600 à 800 euros, non remboursé par la sécurité sociale


Un robot né pour opérer les soldats sur le terrain 

Dans les années 1990, l'armée américaine souhaite pouvoir opérer ses soldats à distance, sur les lieux de conflits. Elle travaille alors sur un projet de robot chirurgien high-tech. La version de ce robot militaire n'a finalement jamais vu le jour mais les brevets ont été rachetés. Le premier modèle civil est mis sur le marché en 1999. Il est d'abord utilisé dans la chirurgie cardiaque.

Comment se présente ce robot ?
Trois ou quatre bras articulés, selon le modèle, sont recouverts de housses stériles, changées pour chaque nouvelle opération. L'un des bras est muni d'une caméra endoscopique, les autres accueillent les instruments chirurgicaux (scalpels, bistouris, ciseaux...). Il n'opère pas tout seul, le robot est toujours manipulé par un chirurgien, placé derrière son écran, à quelques mètres de son patient. Grace à ce robot, les instruments chirurgicaux sont plus petits et la vision du chirurgien est augmentée et facilitée par l'utilisation d'écran 3D.

Le robot Da Vinci connaît un essor dans les années 2000 quand les urologues se l'approprient. Il leur permet d'accéder plus facilement à l'intérieur du corps sans ouvrir le ventre, dans le cas des opérations de la prostate notamment.

Ce robot coûte 1,5 millions d'euros puis nécessite un entretien d'environ 150 000 euros par an.

La Caisse nationale d'assurance maladie souhaite mieux encadrer l'utilisation des "robots chirurgiens"

Dans son rapport annuel publié en juillet 2019, la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) constate que la chirurgie robot-assistée ne fait l'objet de mesure de régulation ou d'autorisation :

le recours à un robot chirurgical ne fait l’objet d’aucune mesure de régulation et n’est par exemple pas soumis à autorisation en France. La décision d’acquérir un tel robot relève exclusivement des établissements de santé concernés. Il n’existe de ce fait aucun décompte officiel de ces robots. De même, le recours à une assistance robotique lors d’une intervention chirurgicale n’est pas tracé dans les circuits de facturation, que ce soit lorsque l’acte est codé ou lorsque le séjour est facturé, empêchant tout décompte précis de cette activité
Rapport Charges et produits pour 2020 Cnam, page 153

Les seules données sont celles du fabricant Intuitive Care qui recense 147 robots installés en France en 2019. Depuis vingt ans, 140000 interventions auraient été réalisées dans l'hexagone.

Selon la CNAM, "l’assistance robotique n’apporte pas de bénéfice démontré en termes de qualité et de sécurité des soins pour le patient" même si "les bénéfices de l’assistance robotique pour le chirurgien sont indéniables, permettant une vision et des gestes plus précis et permettant ainsi d’atteindre certaines zones auparavant difficilement accessibles."
 

Aucune publication scientifique ne démontre la supériorité du robot par rapport à la chirurgie laparoscopique «traditionnelle » pour le patient.
Rapport de la CNAM

Quelles sont les craintes liées au robot chirurgien ?

Le robot peut-il opérer seul ?
La plupart des chirurgiens répondront que non, qu'une opération ne peut être totalement prévisible au point de répondre à un scénario connu d'avance. Pourtant, un robot dentiste a réalisé seul la pose d'implants en septembre 2017, mais il a opéré entouré de praticiens prêts à intervenir à tout moment...

Les opérations à distance, c'est le futur ?
Peut-être, un peu comme la télé-médecine.
Mais c'est surtout déjà le passé. "L'opération Lindbergh" a été réalisée le 7 septembre 2001 : une ablation de la vésicule a été réalisée sur une patiente du CHU de Strasbourg par un chirurgien qui se trouvait à New York. Une opération qui a nécessité notamment une sécurisation de la liaison numérique haut débit (entre autres). 

En 2019, c'est un animal qui a pu être opéré à distance avec un robot, des lunettes de réalité virtuelle et une couverture 5G.


Peut-on s'amuser avec un robot chirurgien ?

Rappelons que l'appareil vaut 1,5 millions d'euros mais, oui, on peut effectivement s'amuser avec un robot chirurgien. Et surtout le mettre dans une situation ludique pour dédramatiser son utilisation.

Ainsi, pour présenter ce robot aux enfants (et aux adultes), il a passé le test du "docteur Maboul". Le jeu de société pour enfants, qui consiste à opérer un patient à l'aide d'une pince à épiler sans toucher les rebords des cases où se trouvent les organes, est mis à l'épreuve du robot, ou l'inverse... Et devinez-quoi ? Le robot s'en sort évidemment très bien .. quand il est manipulé par un expert.
 
 Le robot a également fait preuve son efficacité sur un raisin...
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