À Caen, une famille de cinq personnes a reçu de la part de la préfecture du Calvados une obligation de quitter le territoire français. Le père est arrivé il y a 9 ans. Deux des trois enfants sont nés en France.
Ils habitent Caen depuis plusieurs années. Le père de famille travaille. Les enfants jouent aux échecs en club. Jusqu'ici, il pourrait s'agir de n'importe quelle famille normande.
Une différence toutefois : les parents ainsi que le premier enfant ne disposent pas de la nationalité française. Ils sont mongols. Les deux autres enfants, eux, respirent l'air du Calvados depuis leur plus jeune âge.
Aujourd'hui, l'anxiété anime la famille. Ils ont récemment reçu, de la part de la préfecture du Calvados, un document dont l'entête se révèle explicite : "Arrêté portant refus de séjour, obligation de quitter le territoire français et fixant le pays de destination".
Bénévole au Secours Populaire, jeune champion d'échecs
Pilmaa Dashdamba, le père de famille, travaille en ce moment bénévolement au Secours Populaire. Un moyen pour lui de rester actif. Avant cela, il exerçait comme manutentionnaire, sous contrat, dans une entreprise de mareyage. Aujourd'hui, sans papiers, les perspectives d'être à nouveau employé dans cette entreprise s'envolent.Sa demande d'expulsion repose sur un argument principal : Dashdamba Pilmaa comprend le français mais ne le parle pas, comme l'explique dans la vidéo ci-dessous une interprète.es enfants, eux, savent s'exprimer dans la langue de Flaubert. Mieux, deux d'entre eux manient les échecs, sur les traces de Voltaire... Erkhes Dashdamba, même pas dix ans, a été couronné d'un diplôme d'honneur au championnat de France Jeune des fans de roque, gambit et autres "échec et mat" !
La France qui gagne est multiculturelle
Certes, le petit Erkhes n'est pas champion du monde de football, discipline autrement plus médiatisée que les échecs. Pourtant, comme une partie des joueurs de ballon rond récemment sacrés, il est né en France, de parents étrangers, et gagne, à son échelle, des trophées.Si la demande d'exclusion du territoire était menée à son terme, il y aurait alors deux solutions. Soit les parents mongols quittent le pays, laissant seuls les enfants dans la métropole. Soit ils partent et emmènent avec eux leurs petits, qui ne connaissant que la France, sur les routes migratoires ...
Reportage complet réalisé par Rémi Mauger, Matthieu Bellinghen et Xavier Gérard
