Féminicide : 25 ans de prison pour le sexagénaire qui avait poignardé à mort son épouse

Ce mercredi, les assises du Calvados ont condamné Jean-Pierre Canet à 25 années de réclusion criminelle, dont 16 ans de sûreté. En décembre 2019, il avait tué sa femme de quarante-cinq coups de couteau, dont près de la moitié au visage.

C'est un verdict sans surprise qui vient de tomber, aux assises du Calvados. Tout au long de ces trois jours de procès pour féminicide, rien n'a vraiment permis de trouver des circonstances atténuantes à l'accusé de 63 ans.

D'abord, les détails de drame : 45 coups de couteaux dont 19 au visage. "Un meurtre ignoble" selon l'avocate générale, "aucun des coups de couteau n'est involontaire ou accidentel".

Un sexagénaire "taiseux, irritable, aigri et nerveux"

À la barre, Jean-Pierre Canet, lui, a eu du mal à expliquer son geste, hésitant, cherchant ses mots, parlant avec une voix chevrotante. L'homme de 64 ans s'était livré à la police, dans la nuit du 8 au 9 décembre 2019, en se présentant au commissariat de Caen, pour avouer qu'il venait de tuer sa femme Nicole Junqua, professeure-documentaliste au lycée Fresnel. "Jamais, il n'a voulu dissimuler, il a toujours voulu répondre de ses actes", rappellent d'ailleurs ses deux avocats. "Il n'est ni violent, ni misogyne." Les deux policiers en charge de l'affaire se rappellent un homme "abattu et hébété".

Le couple était ensemble depuis 30 ans, mais en crise depuis des mois. "Qu'est-ce qu'ils pouvaient partager à part les enfants ?", a témoigné la sœur de la victime, pour évoquer les caractères totalement opposés des protagonistes. Jean-Pierre : "taiseux, irritable, aigri, nerveux". Nicole : "enjouée, affable et dynamique".

On évoque le caractère taciturne, soupe-au-lait, de Jean-Pierre Canet, mais c'est un peu simple, un peu court pour justifier le passage à l'acte.

Maître Aline Lebret

Avocate des parties civiles

Le fils du couple, né en 1993, est le seul qui ait très directement subi des violences de l'accusé, dans son enfance, et ait assisté à des scènes de violence contre sa mère. Sa sœur a décrit "une maman formidable, toujours présente, pour elle".

L'avocate des parties civiles voulait "un rôle pédagogique" pour cette affaire de féminicide : "On évoque le caractère taciturne, soupe-au-lait, de Jean-Pierre Canet, mais c'est un peu simple, un peu court pour justifier le passage à l'acte."

Aucun trouble pour expliquer ce comportement violent

Les experts se sont succédé durant le procès, médecin légiste, psychiatre et psychologue. Leurs conclusions vont toutes dans le même sens : l'accusé ne souffre pas de trouble de la mémoire, de trouble psychotique, de trouble de l'humeur, unipolaire ou bipolaire. "Il ne pouvait simplement pas envisager la séparation voulue par sa compagne, et était dans un déni total de la situation", mais il était bien responsable de ses actes.

Si c'était possible, je reviendrais en arrière, je prendrais sa place et je vous rendrais maman.

Jean-Pierre Canet

Et puis finalement, ce mercredi matin, au dernier jour de son procès, Jean-Pierre Canet a craqué. Face à l'avocat des parties civiles, il s'est effondré avant de balbutier à ses enfants : "si c'était possible, je reviendrais en arrière, je prendrais sa place et je vous rendrais maman. Je vous aime."

L'avocate générale avait requis contre lui 30 ans de réclusion criminelle, dont 20 ans de sûreté et interdiction de contact avec la famille, y compris les enfants. Il a finalement été condamné à 25 ans, dont 16 de sûreté.

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