Son site Boniface a ouvert le 1er octobre. Il ne propose qu'un seul produit : un pantalon hybride, qui mêle le confort du jogging à un pantalon bien coupé et élégant. Son créateur, Lucien Guillouet, n'a que 26 ans et s'inscrit dans le mouvement slow fashion, celui d'une mode éthique et durable.
"Cinq commandes le premier jour, c'est un bon début !". Lucien Guillouet n'en revient pas. Ce jeune entrepreneur caennais de 26 ans a travaillé pendant un an et demi pour créer sa marque. Beaucoup de stress et d'interrogations pour pouvoir sortir ce pantalon que l'on peut désormais commander en ligne sur le site Boniface."J'ai fait une licence en ergonomie des activités physiques à l'UFR Staps de Caen, puis un master en ergonomie du sport et conception de produits à Chambéry à l'Université Savoie Mont blanc. J'ai travaillé pour Reebook à Barcelone et pour des marques de vêtements sportwear comme Quicksilver au Pays basque. Je faisais le relais entre les designers et les sites de fabrication et j'ai eu envie de me lancer. Comme j'aime énormément ce que je fais, je voulais que ce soit pour moi et que ma marque corresponde à mes valeurs."
Une mode plus raisonnée
Ses valeurs sont celles du Slow fashion, une autre façon de fabriquer et de produire des vêtements. Une fabrication plus respecteuse de l'environnement et une implication des artisans locaux.Mais cela ne s'arrête pas là. L'idée c'est aussi de produire un vêtement de qualité et qui dure. Les consommateurs de slow fashion recherchent le côté intemporel d'une coupe de vêtement pour pouvoir le porter plus longtemps et résister aux assauts du fast fashion, ces fringues qui sont quasiment déjà démodées quelques mois après leur sortie.
D'ailleurs quand on est un adepte du slow fashion, on sait attendre. Ceux qui ont commandé leur pantalon ce 1er octobre ne le recevront que fin novembre. "On ne fabriquera que ce qui aura été vendu, comme ça il n'y aura pas de gaspillage", explique Lucien Guillouet.
On ne fabriquera que ce que qui aura été vendu, comme ça il n'y aura pas de gaspillage.
Tissu, conception, tout est fait en France ou presque...
Pas de gaspillage et un appel au savoir-faire français. Le tissu composé de mélange de coton et de stretch est fabriqué dans les Vosges par l'atelier Velcorex, reconnu depuis 1828 peut-on lire sur le site. Pour la coupe, Lucien Guillouet a fait appel à l'atelier Jonathan & Fletcher d'Annecy, spécialiste du développement de vêtements techniques.En revanche, pour l'assemblage, l'entrepreneur caennais s'est adressé à un atelier familial tunisien qui a l'habitude de travailler avec les tissus vosgiens. On a beau avoir des valeurs, faire assembler le pantalon en France ne lui aurait pas permis de le vendre à ce prix-là.
Dans le descriptif du pantalon, il est écrit : "L'idée, c'est que si vous ne deviez avoir qu'un seul pantalon, ce serait celui-là." Belle ambition et sacré pari pour ce jeune entrepreneur que de lancer une marque dans un climat de morosité économique et d'inquiétudes liées à la crise sanitaire.
Lucien Guillouet se doute quand même que les consommateurs sont plus frileux et préfèrent épargner. Mais il y croit. Quand il a quitté son travail chez Quicksilver, il a pu bénéficer d'aides à la création d'entreprise. Pour l'instant, il a de quoi subvenir à ses besoins et il sait que ce n'est pas la première précommande de 100 pantalons qui va faire décoller son activité.J'ai dû décaler mon lancement d'un mois car j'ai eu du mal à travailler pendant le confinement. Oui, c'est stressant, mais en cette période où tout le monde s'interroge sur comment nous vivons, comment nous consommons, j'ai eu envie d'apporter des réponses à ma manière. Montrer qu'on peut quand même se lancer, être audacieux et proposer un produit qui va dans le bon sens.
Mais il se projette loin. Si le pantalon plaît, il envisage déjà une chemise qui allie confort et liberté et un tee-shirt dont le graphisme serait conçu par de jeunes artistes caennais.
Faire travailler les acteurs locaux, attacher une marque à un territoire, ce sont aussi des arguments marketing. D'ailleurs pour son clip de présentation, Lucien Guillouet a fait appel au réalisateur normand Jonathan Perrut. Le clip, sur la musique de l'artiste caennaise Lisa Lisa, est tourné dans la région.
Les connaisseurs reconnaîtront le centre-ville de Caen, l'université, le WIP de Colombelles et la magnifique plage de Jonville dans le Val-de-Saire.