La prochaine édition du carnaval étudiant de Caen aura lieu le jeudi 30 mars 2023. L'association organisatrice, déjà déficitaire l'an dernier, peine à trouver les fonds nécessaires pour financer l'événement. Son avenir est menacé.
Enzo Cuegniet est débordé. L'étudiant vient tout juste de terminer ses partiels mais n'a pas le temps de souffler. "On a beaucoup de réunions pour que tout soit très bien préparé avec la mairie et la préfecture, pour que l’événement se passe au mieux pour les étudiants", raconte le président de l'association du carnaval étudiant de Caen. La prochaine édition doit avoir lieu dans 46 jours. Et tout est loin d'être réglé. "Cette année, on a toujours les mêmes difficultés à avoir des fonds pour payer toutes les factures auxquelles le carnaval doit faire face", s'inquiète le jeune homme.
L'événement bénéficie pourtant du soutien financier de la ville et de la préfecture ainsi que de subventions du CROUS et de l'université. "Mais on doit trouver entre 35 et 40 000 euros", indique Enzo Cuegniet, "Il y a la sécurité civile, la sécurité privée qui sécurise les chars, le parcours, le parc des expositions. On a aussi le contrôle technique pour les chars puisqu’ils circulent sur la voie publique avec du public tout autour. On a un contrôleur technique qui passe vérifier tous les chars la veille du carnaval. Et ça se paye."
Des coûts multipliés par trois
L'an dernier déjà, à la même période, son prédécesseur, Nathan Courbet, avait tiré la sonnette d'alarme. Depuis, l'inflation est venue un peu plus accroitre la pression sur l'association. Et un autre changement vient cette année gonfler la facture. "La préfecture transfère une plus grande responsabilité au bureau des étudiants. La convention va être passée directement entre les associations de sécurité civile et l'association du carnaval, comme ça se fait pour tous les autres événements du département. Ça se traduit par une augmentation du coût : on multiplie par trois. On n’a pas encore le devis définitif mais on serait entre 20 et 30 000 euros. Juste pour le secourisme."
Si les autres postes de dépenses sont "a priori stables", un autre sujet suscite à l'heure actuelle l'inquiétude des organisateurs sur un plan comptable. "Les années précédentes, le CHU mettait un poste médical avancé au parc des expositions pour ne pas trop engorger les urgences de l'hôpital. Sauf qu’on sait qu’actuellement les médecins sont en nombre insuffisant dans le département. C’est un problème qui a été soulevé par le CHU en réunion." L'association espère ne pas avoir à sortir le carnet de chèque pour pallier ce manque d'effectif.
Sur les doigts d'une main
Et ce d'autant plus que les rentrées d'agent sont maigres. Les sponsors, qui assuraient la moitié des dépenses assurées par l'association, se comptent pour le moment sur les doigts d'une main, contrairement à ce que laisse supposer la page d'accueil du site internet de l'événement. "Ce sont les sponsors de l'an dernier. On a signé cinq sponsors. C’est insuffisant. Il en faudrait une dizaine", regrette Enzo Cuegniet.
Comme l'an dernier, l'association a lancé une cagnotte en ligne. Mais avec 142 euros collectés pour le moment, celle-ci a bien du mal à décoller. "Pourtant on sait que des milliers de gens ont vu la cagnotte sur les réseaux sociaux. Mais les gens ont du mal à donner pour un événement gratuit. Ce qu’on répète tout le temps c’est qu’un euro par personne, ça nous permettrait déjà de financer entièrement les associations de sécurité civile et toute la sécurité privée. Avec les subventions et ce qu’on a à côté, on serait sûr de pouvoir payer toutes les factures. " L'an dernier, le " plus grand carnaval étudiant d'Europe" avait rassemblé 34 000 personnes dans les rues de Caen.
L'association l'assure : le carnaval étudiant de Caen aura bien lieu cette année. "Mais la question financière est quand même un point important qu'on espère rapidement régler. On a peur de prendre des engagements qu'on ne pourra pas tenir et si tel est le cas, l’avenir de l’association va être mis en jeu", prévient Enzo Cuegniet.
L'organisation du carnaval a enregistré un déficit de 3000 euros à l'issue de la dernière édition. "Normalement, une association ne doit pas être déficitaire. On ne va pas pouvoir être déficitaire plusieurs années de suite. A terme, si l’association n’arrive pas à faire face à ses dépenses, forcément il y a un moment où elle ne pourra pas perdurer." Alors, les organisateurs du carnaval lancent de nouveau un appel aux sponsors et aux étudiants. Ces derniers peuvent aider l'événement de deux manières : financièrement mais aussi en étant bénévoles.