Après deux éditions annulées en raison de la situation sanitaire, le carnaval étudiant de Caen doit faire son grand retour le 7 avril prochain. Un retour qui pourrait toutefois être compromis pour des raisons financières. Les organisateurs lancent ce mardi un appel aux dons.
"C'est la 24e, je crois ou la 25e, je ne sais plus." Avec les deux années d'interruption pour cause de covid, le président du carnaval étudiant de Caen, Nathan Courbet, a un peu perdu le fil. Le 7 avril, si tout se passe bien, des milliers de carnavaliers déferleront dans les rues de Caen pour la 23e fois. En 2019, ils étaient 25.000, une affluence à la hauteur de la réputation de l'événement souvent surnommé "le plus grand carnaval étudiant d'Europe". "Ça n'a pas été vérifié par le Guiness book des records", reconnait l'organisateur, "mais c'est quelque chose qui, en tout cas, n'a jamais été contredit."
"Deux ans à l'arrêt c'est un peu dur", confesse Nathan Courbet, "Surtout que c'est quelque chose qui tient à cœur à tout le monde, "En 2021, on n'avait pas vraiment travaillé dessus parce qu'on savait que de toutes façons il n'allait pas avoir lieu et en 2020 on avait bossé dessus, on était prêt donc c'était un peu frustrant. On arrive aujourd'hui à être sûr qu'il va avoir lieu le 7 avril donc c'est top."
Une reprise la peur au ventre
Pour cette 23e édition, tout a (re)commencé en septembre dernier, "d'un commun accord avec la mairie et la préfecture", étroitement associées à l'organisation de l'événement. Un premier feu vert sur une route encore jalonnée d'incertitude en raison de la situation sanitaire. "On avait toujours la peur au ventre de se dire qu'on pouvait peut-être ne pas avoir le carnaval. Mais on a continué à travailler parce qu'on ne peut pas se permettre de faire tout au dernier moment : ça reste quand même beaucoup de travail. On a quand même eu un bon petit coup de flip fin janvier. Mais d'un autre côté, on n'avait pas eu de contre-ordre de la préfecture ou de la mairie donc du coup pour nous c'était bon." Les dernières restrictions sanitaires doivent être levées le 14 mars prochain. De quoi aborder sereinement pour les organisateurs la date du 7 avril, dans moins d'un mois maintenant.
Pour autant, l'heure n'est pas tout à fait à la sérénité au sein de l'association. "Malheureusement, la crise a un peu affecté tout le monde. Les années précédentes, on avait un super partenaire, Festi. Il avait à peu près cinquante magasins en France. Et il a déposé le bilan. C'est vraiment quelque chose qui a impacté beaucoup de monde. Les partenaires privés, aujourd'hui, donnent moins. D'autres ne peuvent pas le faire cette année. Il y en a quand même qui nous soutiennent encore, qui sont toujours là, mais c'est vite compliqué pour eux aussi." En s'adossant à la société Black Panda, spécialisée dans l'événementiel, l'association du carnaval étudiant de Caen avait mis en place un club de partenaires et ainsi considérablement augmenté son budget (passant de 2000 euros à 50 000 euros en 2019).
30 000 euros pour la sécurité
Or si plusieurs partenaires manquent à l'appel cette année, les dépenses, elles, restent inchangées avec un poste conséquent à la charge de l'association : la sécurité. "Nous, on prend en charge la sécurité privée (des vigiles), l'installation des caméras sur le parcours qui sont vérifiées par le PC de sécurité en préfecture où sont réunis gendarmes, policiers nationaux et municipaux, ainsi que la protection civile, c'est à dire les secouristes (notamment de la Croix Rouge et de la SNSM)". Budget défini avec la préfecture : 30 000 euros. "Et encore, nous notre volonté c'est de payer plus. On voudrait payer les policiers - c'est ce qui avait été vu par le préfet - mais rien que les policiers, ça correspond à 45 000 euros. On n'en a pas les moyens."
Et pour l'heure, l'association n'arrive même pas à boucler son budget. "On lance donc un appel aux sponsors à travers les médias. Si certaines personnes sont intéressées pour rejoindre le club des partenaires, qu'ils nous contactent", indique Nathan Courbet. En parallèle, l'association lance ce mardi 8 mars une cagnotte sur le site Helloasso, un appel aux dons qui sera relayé sur les réseaux sociaux du carnaval étudiant de Caen, Facebook et Instagram. "On a besoin de 30 000 euros à peu près. On vise 30 000 mais si on a que 15 000 on sera quand même très heureux parce que ça nous rendra quand même bien service."
Un point d'interrogation
30 000 euros, c'est le budget de la sécurité. De quoi menacer la 23e édition ? Après quelques secondes de silence, le président de l'association explique : "Si par exemple, c'était des choses artistiques ou les fontaines à eau qu'on souhaite installer au parc expo pour supprimer les bouteilles en plastique, je vous dirais : il n'y a pas de problème si on n'a pas ça. Là, on parle de dépenses en rapport avec la sécurité. Ce sont des choses à voir avec la préfecture. Pour l'instant c'est un point d'interrogation. Je ne sais pas si le carnaval peut être annulé à cause de ça."
Autre sujet de discussion avec la préfecture : le lieu de départ du défilé. En 2019, les carnavaliers s'étaient élancés des Fossés Saint-Julien. Les organisateurs souhaiteraient "un parcours un peu plus grand" et renouer avec un départ à l'université. Le sujet est "encore en pourparlers".