Une profession majoritairement féminine a choisi la journée internationale des droits des femmes pour faire entendre sa voix. A Caen, les sages-femmes ont manifesté devant la polyclinique du parc.
Ce n'est qu'en 1982 que le métier a été ouvert aux hommes. Et près de 40 ans plus tard, la profession de sage-femme continue à bien porter son nom puisque la gente masculine y est extrêmement minoritaire. Le choix de la date du 8 mars n'est donc pas tout à fait anodin. Avant de participer au défilé pour les droits des femmes organisé ce midi dans le centre-ville de Caen, une trentaine de sages-femmes avaient décidé de faire entendre leurs voix devant la polyclinique du parc, comme toute la profession ce lundi en France.
Les 30 000 maïeuticiennes (et maïeuticiens) aspirent à plus de reconnaissance. "Il y a un malaise dans la profession qui fait qu'énormément de sages-femmes pensent à une reconversion professionnelle", affirme Alicia Mauduit-Six, "On aime notre métier mais au bout d'un moment, quand on nous méprise, on n'a qu'une envie c'est de sortir et d'arrêter. On nous demande de plus en plus de choses, les responsabilités croissent et malgré tout, la reconnaissance n'est pas là. C'est ce qui est ressenti par la majorité des sages-femmes, les libérales, les territoriales, celles du privé, celles du public."
"On a manifesté quand on était étudiante et rien n'a changé"
Depuis 2010, les futures sages-femmes qui débutent leur formation passent par la première année de médecine et obtiennent, en fin de cursus, un diplôme de niveau bac +5. "Après la première année de médecine, on bifurque sur une école de sages-femmes. On fait des études avec tout un versant médical, des soins médicaux, des soins infirmiers, des prescriptions (...) On a manifesté quand on était étudiante pour demander une revalorisation de notre profesion et bilan des courses on est là pour parler de tout ça aujourd'hui et rien n'a changé", déplore Maud Papaye.
Car si dans le code de la santé, le métier de sage-femme est, tout comme ceux de chirurgien-dentiste, médecin et pharmacien, reconnu comme une profession médicale, les niveaux de salaire n'ont strictement rien à voir. "Dans le public, une débutante touche environs 1700 euros brut par mois. On se demande pourquoi on a fait autant d'études", dénonce Alicia. En fin de carrière, une maïeuticienne pourra toucher 3200 euros net dans le secteur public.
"On est médicaux mais pas reconnu comme tels"
A ce manque de reconnaissance salariale s'ajoute, selon les intéressées, un manque de reconnaissance tout court, tant dans la population - "On a beaucoup parlé des sages-femmes dans les médias concernant la maltraitance et très sincèrement, au quotidien, dans mon travail je n'ai pas l'impression qu'on puisse être maltraitante" - que chez les politiques. "M Véran dit qu'on a ni la couleur, ni l'odeur, ni le goût d'une profession médicale. On est médicaux mais on n'est pas reconnu comme tels", déplore Maud.
La profession se souvient surtout de l'engagement du président fraichement élu en 2017 à revoir son statut. Une promesse dont elle attend toujours la concrétisation. "Les organisations syndicales ont eu une réunion le 24 février dernier au ministère de la santé. Les conseillers de M Véran ont dit qu'ils allaient faire des études sur notre salaire", raconte Alicia, "Mais tout ça, ça retarde, ça retarde et ça fait des années qu'on réclame une reconnaissance de notre profession et de nos compétences."