Une centaine d'exilés occupe depuis 2022 le bâtiment d'une ancienne pouponnière à Caen. Le conseil départemental, propriétaire des lieux, réclame leur départ. Ce samedi 29 juin, le délai accordé par la justice aux occupants pour quitter les lieux arrive à son terme, faisant craindre une expulsion.
Au squat de la Pouponnière, à Caen (Calvados), l'inquiétude monte. À partir de ce samedi 29 juin, la centaine d'exilés qui se loge dans ce bâtiment de la rue d’Auge, près de la gare, court le risque d'une expulsion. Celle-ci a été réclamée par le conseil départemental, propriétaire des lieux, dès l'installation des occupants, en novembre 2022.
En mars dernier, le tribunal administratif de Caen a accordé trois mois de répit aux occupants, jugeant qu'ils pouvaient rester sur place jusqu'au 29 juin, le temps que l'année scolaire se termine. Selon l'AG de lutte contre toutes les expulsions, un collectif de bénévoles qui accompagne les exilés, une quarantaine d'enfants vivent à la Pouponnière.
Le lieu, un large bâtiment avec des espaces extérieurs, accueillait un foyer pour enfants jusqu'à son déménagement, en mai 2022. Désormais, c'est le lieu de vie de plusieurs familles, mais aussi d'adultes seuls, pour la plupart originaires de Géorgie et d'Albanie. Ces derniers craignent la possibilité désormais réelle d'une expulsion soudaine.
Sollicité par France 3 Normandie, le conseil départemental n'a pas communiqué sur ses projets de réhabilitation pour le bâtiment de la Pouponnière.
"Cent personnes vont se retrouver dans la rue"
"On va dormir où, on va faire quoi ?", demande un exilé albanais, qui vit ici depuis deux ans avec ses trois enfants et qui souhaite rester anonyme. "Ici, les enfants sont tranquilles, ils sont sécurisés. Les enfants jouent dehors, tout se passe bien ici, mais ils s'inquiètent par rapport à l'expulsion, parce que ce sera bientôt", abonde Nesta, arrivée de Géorgie avec ses enfants en 2017. Elle décrit : "Il y a beaucoup d'enfants qui vivent là. Des femmes seules, avec beaucoup d'enfants. Des hommes seuls, aussi".
Les bénévoles qui assistent les occupants craignent que les services de l'État ne proposent pas de solution de relogement. "On a cent personnes qui vont se retrouver dans la rue, on a quarante enfants qui vont se retrouver dans la rue", s'inquiète Jean-Claude, membre de l'AG de lutte contre toutes les expulsions.
"On va continuer à rechercher des endroits pour pouvoir continuer à donner un toit, qui est juste le minimum vital pour ces gens-là qui sont, je vous le rappelle, des exilés qui sont souvent en situation extrêmement compliquée dans leur pays", termine-t-il.