Le syndicat mixte des Ports de Normandie a fait cadastrer une parcelle sur laquelle 150 migrants vivent dans un camp de fortune depuis 2017 à Ouistreham. Le syndicat veut ainsi "lever l'ambiguïté" sur la propriété du site, qui lui appartient. Des collectifs de soutien aux migrants y voient une étape préalable à leur expulsion.

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Les tambours et sifflets résonnent, ce mercredi 13 mars, devant les locaux administratifs de Ports de Normandie, le syndicat mixte gestionnaire des terminaux maritimes d'Ouistreham, Cherbourg et Dieppe.

"Ils ont fui la guerre, donnez-leur la paix"

Sous les fenêtres du siège, situé à Saint-Contest (Calvados), à côté de Caen, une soixantaine de manifestants se sont pressés dans la matinée.

Les pancartes donnent le ton : "Ils ont fui la guerre, donnez-leur la paix". Les protestataires sont venus en défense des 150 à 200 migrants soudanais qui vivent dans un camp de fortune, depuis 2017, dans un bois d'Ouistreham, en espérant pouvoir embarquer pour l'Angleterre.

"On veut faire du bruit pour se faire entendre (...) par toute la clique de Ports de Normandie", lance une manifestante. Environ 35 exilés accompagnent les champs de la manifestation.

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Ports de Normandie a fait cadastrer une parcelle sur laquelle 150 migrants vivent dans un camp de fortune depuis 2017 à Ouistreham. Des collectifs de soutien aux migrants y voient une étape préalable à leur expulsion, contre laquelle ils ont manifesté, le 13 mars 2024, devant le siège des Ports de Normandie. ©M. Nicolas / T. Cléon / G. Dangre / France Télévisions

Un terrain cadastré

Si la colère des collectifs de soutien aux migrants est vive, c'est parce que le syndicat des Ports de Normandie a fait cadastrer par un géomètre la parcelle de terrain sur laquelle le campement de migrants a été érigé, à Ouistreham, près du canal de Caen à la mer. Par cet acte, le syndicat fait enregistrer sa propriété immobilière du terrain.

Les collectifs de soutien aux migrants y voient une étape préalable à une demande d'expulsion du camp auprès du tribunal administratif. "Ils ont tout pour prouver de manière incontestable qu'ils sont bien propriétaires de la parcelle. (...) On n'a aucun doute sur le fait que Ports de Normandie et Hervé Morin, son président, vont à nouveau attaquer la parcelle (...) en enclenchant une procédure de type requête en expulsion", s'inquiète Philippe Morice, membre de la Coordination Solidarité Exilé·es du Calvados.

Deux procédures rejetées

Car Ports de Normandie avait déjà réclamé l'expulsion des migrants, devant le tribunal administratif de Caen, en juin 2021 puis en octobre 2022. Ces deux fois, la demande avait été rejetée, les magistrats estimant qu'il était impossible de s'assurer que la parcelle occupée était bien la propriété du syndicat, et que celui-ci était donc en droit de réclamer une expulsion.

Ports de Normandie assurait être propriétaire du terrain depuis 2006, date à laquelle l'État lui aurait cédé. Mais le seul document attestant de cette cession était alors un plan aérien où la parcelle en question est marquée d’un trait jaune, jugé insuffisant par le tribunal.

Aucune expulsion annoncée

Maintenant que le cadastre du terrain est enregistrée, les chances du syndicat d'obtenir une expulsion en cas de nouvelle procédure sont drastiquement plus élevées, arguent les collectifs.

Le directeur général du syndicat mixte, Philippe Deiss, a reçu une délégation manifestants en marge des protestations, mercredi 13 mars. "Il leur a confirmé que Ports de Normandie avait effectivement fait cadastrer cette parcelle afin de ne pas laisser demeurer d’ambiguïté sur la question de sa propriété", fait savoir le syndicat par voie de communiqué.

Ports de Normandie ajoute que le directeur leur a confirmé "qu’à ce jour aucune action n’avait été entreprise auprès des tribunaux pour demander l’expulsion des occupants, et que le sujet n’était pas à l’ordre du jour du prochain comité syndical".

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