L'assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions a officialisé ce dimanche 13 septembre l'occupation de trois logements situés dans l'ancienne surcrerie de Cagny. Sur Caen, l'ouverture d'un squat est devenu très compliquée, selon le collectif.
Les premiers occupants, des membres de l'assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions et quelques parents volontaires, sont arrivés mercredi dernier. Ces derniers jours, ils se sont faits livrer des commandes de trois enseignes différentes dans trois anciens logements de fonction de la sucrerie de Cagny pour prouver l'occupation des lieux. Passé un délai de 48 heures, seule une procédure devant un tribunal peut les expulser. La "véritable"installation de sept familles venues d'Europe de l'Est s'est déroulée ce dimanche après-midi.
Depuis la fin de la trêve hivernale, sept opérations d'expulsion ont été menées sur l'agglomération caennaise. La dernière en date remonte au 25 août dernier, où 160 personnes (dont plusieurs familles) ont dû quitter l'immeuble qu'elles occupaient dans le quartier de la Grâce de Dieu, à Caen.
Selon l'assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions, 200 personnes expulsées se trouveraient actuellement "sans solution pérenne" sur l'agglomération caennaise, une agglomération sur laquelle le collectif a de plus en plus de mal à agir. "On vise habituellement les bâtiments publics inoccupés mais Caen-la-Mer habitat déploie des moyens inégalés pour l'empêcher", dénonce Camille (prénom modifié), évoquant notamment une surveillance quotidienne des sites vacants. "Face à la démesure des moyens mis en oeuvre, on est contraint de s'éloigner."
"Les renvoyer dans leur pays d'origine, c'est les renvoyer vers l'inconnu"
C'est donc à Cagny, sur l'ancienne surcrerie, que le collectif a décidé de passer à l'action. Le site compte une vingtaine de logements de fonction, des maisons individuelles ou mitoyennes. Les membres de l'assémblée générale de lutte contre toutes les expulsions ont amené ce dimanche après-midi gazinières, réfrigérateurs et lits dans trois d'entre elles pour permettre à 37 personnes, dont 23 enfants, d'y vivre. "Ce sont des familles qui ont été déboutées de leur demande de droit d'asile", explique Camille "Mais elles vivent depuis trois, quatre voire cinq ans sur le territoire français. Les enfants ont toujours été scolarisés, ils ont été socialisés à la française. Les renvoyer dans leur pays d'origine, c'est les renvoyer vers l'inconnu."Quant aux adultes, le bénévole évoque des personnes qui "ont fuit la misère, une situation politique difficile, qui ont dû quitter les leurs, un véritable déchirement, avec l'espoir d'offrir à leurs enfants une vie meilleure et aujourd'hui, on les laisse dans une impasse." Pas de toit. Et surtout pas de papiers, le préalable indispensable pour pouvoir travailler en France. "Ils sont là pour s'activer, pour offrir une vie meilleure à leurs enfants", plaide Camille.
"Si des Français viennent nous voir, on les accueillera bien évidemment"
Le 5 septembre dernier, l'assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions avait manifesté devant le squat de la Grâce de Dieu, évacué quelques jours plus tôt, avec le slogan "Tant qu'il y aura des gens à la rue, on squattera". Pour le collectif, le problème de logement constitue sa raison première d'exister. "Si il n'y a pas de SDF dans les squats c'est que les personnes qui ont des papiers d'identité sont prises en charge. Si des Français viennent nous voir, on les accueillera bien évidemment", affirme Camille. Et d'appeler à des réquisitions sur Caen où "6500 logements sont vacants selon les chiffres de l'INSEE".En attendant, l'occupation de trois logements de fonction de l'ancienne sucrerie de Cagny constitue une première étape pour l'assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions.