"Choisissez les souvenirs que vous voulez conserver et qui feront l'histoire de demain." L'exercice est "totalement inédit" : les Archives Départementales du Calvados souhaitent rassembler des photos, des documents écrits, des dessins d'enfants qui permettront plus tard de raconter cet évenement.
D'ordinaires, les archivistes demandent à ce que de vieux souvenirs soient exhumés des fonds de tiroirs. La grande collecte organisée à l'occasion du centenaire de la Grande Guerre a permis par exemple de retrouver des lettres de Poilus, des journaux intimes, des photos en noir et blanc. Ces documents nous disent aujourd'hui ce que fut le quotidien pendant cette douloureuse période de 14/18.
La collecte lancée aujourd'hui revient à faire la démarche inverse. "La crise n'est pas encore terminée, souligne Julie Deslondes, la directrice des Archives Départementales du Calvados. Mais on sent que la vie reprend et qu'on tourne une certaine page. Il est intéressant dès aujourd'hui de se demander ce que nous avons envie de garder comme souvenir, comme trace".
L'Histoire documentée "à chaud"
Les premières collectes ont été lancées au plus fort de l'épidémie. Le 18 mars, les Archives Départementales des Vosges lançaient l'opération baptisée #memoiredeconfinement avec cettre certitude : "Nous vivons un épisode exceptionnel, qui est déjà l'Histoire". D'autres services ont peu à peu rejoint ce mouvement un peu partout en France.
Nous vivons un épisode exceptionnel, qui est déjà l'Histoire. Participez à la collecte #memoiredeconfinement ! Envoyez par mél à vosges-archives@vosges.fr vos témoignages, récits, photos (pdf et jpg 200ko max) ou vidéos (20 Mo), nous les conserverons pour l'éternité ! pic.twitter.com/ebAeg2VjDF
— Archives des Vosges (@archivesvosges) March 18, 2020
"Nous avons été contactés par des usagers. Nous sentons qu'il y a une envie", ajoute Julie Deslondes. Mais cette collecte "à chaud" n'a rien d'habituel pour un archiviste, habitué à travailler avec beaucoup de recul sur les événements. "Ce qui nous intéresse, ce sont les photographies qui montrent par exemple la mise en place des gestes barrière ou les rues désertes, les journaux de confinement, les dessins des enfants. Il faut que ces documents soient liés à la crise du Coronavirus". Les Archives feront ensuite un tri.
"Il ne faut surtout pas avoir peu de la banalité"
Certains de ces documents seront ensuite archivés, c'est-à-dire conservés pour entretenir notre mémoire collective. "Ce qui est intéressant, c'est de voir ce que les gens auront envie d'envoyer. Ce sera intéressant de voir ensuite ce que les gens en auront gardé dans dix ou vingt ans".
"Nous collectons de manière privilégiée les souvenirs numériques, dans cette période où le numérique a pris tant de place dans nos vies", précisent les Archives Départementales sur leur site internet. Paradoxalement, alors que la mémoire est encore vive, il est tout à fait possible que cet appel ne rencontre guère d'écho. "Les gens vont peut-être penser que ce qu'ils ont vécu est banal, puisque tout le monde sans aucune exception a été concerné par ce confinement. Mais il ne faut surtout pas avoir peu de la banalité. Je pense aux les lettres de Poilus que nous avons retrouvées à l'occasion de la collecte de 14/18. À l'époque, personne ne songeait que ça ferait l'Histoire. Aujourd'hui, on trouve ça extraordinaire."
- Si vous souhaitez participer, envoyez vos propositions directement en pièce-jointe à l'adresse archives@calvados.fr ou utilisez la fiche contact du site des Archives