Quand la bataille de Caen poussait les habitants à se réfugier à l'Abbaye aux Hommes

"Caen, un été 44, la vie continue" est une nouvelle exposition permanente proposée par l'hôtel de ville en souvenir de la bataille et de la Libération de Caen. Au lendemain du débarquement du 6 juin 1944, l'Abbaye aux Hommes et l'abbatiale Saint Etienne ont été converties en "ilôt sanitaire".

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"La première nuit, je l'ai passé dans les caves(...)assise sur le pressoir. On y voyait comme en plein jour, avec les bombardements et les bombes incendiaires(...) J'ai eu de la chance, j'étais avec des gens du quartier, des commercants, on s'entraidait. J'ai couché sur la paille aux côtés de ces personnes-là pendant au moins trois semaines." Janine Hardy a 23 ans en 1944, est une sinistrée du quartier Saint Pierre, elle est aussi membre des équipes d'urgence de la Croix Rouge. Comme la jeune femme, ils étaient 3500 au début du mois de juillet 1944 et plus de 8000 à la mi-juillet à se réfugier à l'hôpital du Bon-Sauveur, et le lycée Malherbe, installés dans les anciens bâtiments conventuels de l'Abbaye aux Hommes. L'abbatiale Saint Etienne et le palais de justice sont également occupés par la population réfugiée. 

 

Caen sous les bombes

Le 6 juin 1944, à 13h30, les caennais sont supris en plein déjeuner par les bombardements alliés. Six escadrilles de bombardiers américains déversent 200 tonnes de bombes au dessus de la ville. Le quartier Saint-Jean, entre le Château et l'Orne, est entièrement détruit. Sur 62 000 habitants, 10 000 personnes abandonnent leur maison et quittent la ville. Janine Hardy se souvient précisement de ce moment: " A 13h25, je commençais à faire ma cuisine, et au moment où j'allumais mon gaz, tout a craqué partout, c'était un bombardement, je n'avais pas entendu les avions. Ils étaient certainement très haut... J'habitais place du Château. Tout mon quartier, l'entrée de la rue de la Geôle, le boulevard des Alliés, le haut du Vaugueux...toute cette partie là a été bombardée. J'ai alors eu un réflexe idiot, parce que tout tremblait forcément dans la maison, les carreaux tombaient, et j'avais une grande glace au mur...et je tenais la glace...Ca, ca m'est resté gravé...et puis alors, ce silence après le bombardement...C'est un bruit qui m'a suivi très longtemps."
 

"Ce silence après le bombardement...C'est un bruit qui m'a suivi très longtemps."

 

A l'abri des drapeaux de la croix rouge

Pour signaler la présence de civils aux alliés, d'immenses croix rouges sont installées sur le toit du lycée, sur les bâtiment du Bon-sauveur...Tôles, chiffons, peinture..tout est bon pour envoyer le message de la terre au ciel. "J'ai suivi ma soeur infirmière vers le Bon-Sauveur. C'est là que les premières bombes sont tombées. C'était un chaos invraisemblable. Ma soeur me dit: "on va essayer de faire une croix rouge au sol." Comme on ne trouvait rien, on a pris des draps des champs opératoires qui étaient déjà tâchés de sang. Ma soeur me dit: on va les tremper un peu dans les seaux de sang à côté qui étaient pleins et puis on va aller mettre ça dans le jardin(...) Au moment où on étalait le troisième côté, un avion fait ce signe là avec ses ailes pour nous montrer qu'il avait vu" raconte André Heintz, un résistant âgé de 24 ans à l'époque et membre des équipes d'Urgence de la Croix Rouge. 

 

La libération de Caen

Le 9 juillet, les Canadiens et les britanniques entrent dans Caen. La joie est de courte durée. Les allemands tirent sur les quartiers du centre ville, le Bon-sauveur et le lycée. Les alliés ordonnent l'évacuation de la population. Du 11 au 18 juillet, près de 10 000 réfugiés abandonnent le lycée Malherbe et les travées de l'abbatiale. 

Ecoutez ce reportage de Radio Canada du journaliste Marcel Ouimet datant de juillet 1944
 
 

Regardez le reportage de Pierre-Marie Puaud et Manon Le charpentier

 
ITV1 Catherine Pradal-Charenzenc: premiere adjointe au maire de Caen
Ambiance:  reportage de Marcel Ouimet. Radio-Canada. Juillet 1944.
 
Caen, un été 44, l'exposition et le livre
Cet article a été rédigé grâce à l'ouvrage "Caen, un été 44." de Stéphane Simonnet, chercheur à l'Université de Caen et ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen. Edité par la ville de Caen, collection Patrimoine.

L'exposition: Un été 44

Informations pratiques
Abbaye-aux-Hommes, entrée depuis l'accueil de l'hôtel de ville,
L'espace Un été 44, la vie continue est inclus dans la « visite-découverte » de l’abbaye.
Tarifs
- 4 € (tarif appliqué en période d’exposition temporaire à l’abbaye)
- 3 € (tarif appliqué hors période d’exposition temporaire à l’abbaye)
- Gratuit pour les Caennais sur présentation d'un justificatif
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