Restauration : comment ils s'adaptent ou pas au couvre-feu de 18 h

Déjà fragilisés par l'interdiction d'accueillir du public, les professionnels de la restauration doivent maintenant faire face à un service du soir plus compliqué. Certains ont abandonné, mais pas tous, même s'il leur faut livrer eux-mêmes les clients.

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Ils continuent à rouler, malgré le virus, malgré le confinement, malgré le couvre-feu. Tom et son camion pourraient rester tranquillement au chaud, mais "ce serait tristounet", pour eux comme pour les heureux villages où ils passent autour de Caen.

A Maltot, le food truck de burgers du jeudi n'est pas passé la semaine dernière, mais celui de pizzas le mardi, si. Une surprise pour beaucoup de clients, car Pizza Tom a peu communiqué. "On n'a pas facebook, on n'a pas tout ça. On compte sur le bouche à oreille. Beaucoup de clients sont venus avant 18h pour emporter."

Les policiers sont passés, et ils nous ont dit : "votre technique est dans les clous."

Tom, pizzaïolo

La surprise a surtout été de voir le camion toujours là après 18h. "C'est un petit village. Nous sommes deux, donc l'un de nous va livrer en voiture les clients chez eux, pendant que l'autre fait les pizzas. On ne pourrait pas faire ça sur des communes trop étendues."

Il n'empêche, Tom a quand même eu droit à une visite après le couvre-feu, mais pas pour manger. Plutôt à cause du grand panneau qu'il venait d'installer. "Des policiers sont passés, ils nous ont demandé comment on procédait, on leur a expliqué la livraison, et ils nous ont dit : "votre technique est dans les clous". Peut-être ça va donner des idées à d'autres, car je crois que la plupart des camions ont fermé."

Des plats à emporter jusqu'à 17h30, et la récompense de la fidélité

Rodolphe Dupuis, lui aussi, a décidé de continuer. Il a simplement "avancé l'heure maximum du click and collect" de son  restaurant, Avenue 21. Oublié le cadre design et cosy, en plein coeur du quartier historique du Vaugueux, en centre ville de Caen, mais au moins l'activité est là, même avec "des week-ends aléatoires". "Dans la situation où on est, ça change plus grand chose ce couvre-feu."

Etabli depuis 10 ans, ce patron n'a pas de dette et ça fait toute la différence. "Les aides du gouvernement et la vente à emporter permettent d'attendre à peu près sereinement la suite."

Et depuis ce temps, certains clients sont des fidèles. Eux ont droit à la livraison chez eux : "la plupart habitent pas très loin", une jolie façon en tout cas de les remercier.

Action Réaction !! Couvre feu oblige vous pourrez désormais venir chercher vos repas le vendredi et le samedi de 16h à...

Publiée par Avenue 21 sur Mercredi 20 janvier 2021

 

Mais tous ne sont pas aussi sereins. Dans la même rue, Emmanuel Maintenant gère le Bouchon du Vaugueux, et pour lui, ce premier week-end de couvre-feu n'a pas été très réjouissant. "Les vendredis et les samedis soirs, on faisait avant la grande majorité de notre chiffre d'affaire... Ce ne sont pas forcément des riverains, des gens des bureaux ou des commerçants voisins qui viennent prendre leur petit plat à emporter simple et rapide, comme le midi en semaine. Là, le week-end, les gens se font un peu plaisir, prennent un menu complet, une planche apéritive voire même une bouteille de vin. Mais on sent que ça s'épuise la vente à emporter. Il y a des clients qu'on n'a pas revu depuis longtemps."

La livraison, il ne peut la généraliser. Pas assez de chiffre d'affaire. "Les prestataires prennent 20 à 30 %, on y laisserait notre marge." Là aussi, les très bons clients, proches, sont favorisés.  

On doit toujours revenir vers le banquier, le personnel, les fournisseurs... On subit, on voit des collègues qui baissent les bras, d'autres se suicident.

Emmanuel Maintenant, gérant du Bouchon du Vaugueux

Il va sans doute falloir aussi que la clientèle s'adapte. "Certains sont passés en coup de vent, à cause de l'heure avancée, sans avoir réservé. Et malheureusement dans ce cas-là, personne n'est content, ni eux de ne pas avoir ce qu'ils veulent, ni nous de ne pas pouvoir les servir car on peut encore moins se permettre d'avoir du stock en ce moment." Un manque de visibilité de plus en plus difficile à gérer. "On doit toujours revenir vers le banquier, le personnel, les fournisseurs... On subit, on voit des collègues qui baissent les bras, d'autres se suicident."

Nouveaux plats le sauté de porc façon thaï riz basmati ananas et la poire pochée biscuit de Savoie et crème vanille

Publiée par Le Bouchon du Vaugueux sur Jeudi 21 janvier 2021

Et puis, il y a un autre détail qui inquiète ce restaurateur. Qui dit plat à emporter, dit emballage. "Ca fait 40 ans que je fais ce métier, et voir le nombre de plats plastiques qu'on utilise depuis le premier confinement, c'est effarant. On ne mesure pas les conséquences écologiques. Est-ce vraiment une bonne solution ?"

 

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