Le Caennais a eu son premier skateboard à l'âge de 3 ans. Une trentaine d'années plus tard, Romain Bessière compte plus de 20 000 kilomètres parcourus sur sa planche tout autour du monde.
Certains tentent de tutoyer les anges en multipliant les figures dans les airs. Romain Bessière, lui, reste solidement ancré au sol, accroc à la vitesse et au bitume. Son truc à lui, c'est la descente, une discipline réservée aux têtes brûlées. C'est au pied du sapin, que le garçon, alors âgé de trois ans, trouve son premier skateboard. Treize ans plus tard, après avoir longuement fait ses armes sur les routes autour de son village de Vouilly dans le Calvados, il participe à ses premiers championnats de France de descente. Les débuts ne sont pas flamboyants mais en juin 2006, il bat le record du monde de distance sur 24 heures avec 300 kilomètres au Mans. Une sacrée performance sportive. Mais deux ans plus tôt, le jeune homme a déjà commencé à sortir des sentiers battus du sport.
Romain Bessière skate autour du Monde depuis plus de 15 ans
Romain rêve d'ailleurs, d'autres horizons, d'aventures et de rencontres. Son terrain de jeu sera la planète. "Quand j'ai commencé en 2004, j'étais le premier à faire ça, en autonomie avec mon sac à dos et rien d'autre. Tout le monde m'a regardé comme un fou : il ne va jamais finir, il va lui arriver un truc." Le Normand commence "en douceur" par une traversée des Alpes sur 270 kilomètres puis ce sera l'Espagne, les Pays-Bas, l'Italie, l'Allemagne. Un tour d'Europe en guise de tour de chauffe avant de viser plus loin : le Japon en 2009, un périple de 1200 km sur la côte est de l'Australie l'année suivante avant de rouler 1600 km entre Vancouver et San Francisco en 2011. Depuis, son compteur n'a cessé de tourner et affiche aujourd'hui 20 000 kilomètres parcourus sur 27 pays différents.
Amateur de sensations fortes, il tutoye les 80 km/h, à skate, sur les routes du Monde
Au Sri Lanka, en Norvège, en Chine, en Irlande, au Canada ou au Sénégal, Romain est toujours en quête de sensations fortes. "Je me permets des fois d'être à pas loin de 80 km/h avec mon sac à dos de 15 kilos. Je me fais des petites frayeurs. Le fait de passer à côté d'une grave chute, ça me permet de voir que je suis vivant." Mais sur les routes du monde entier, le Normand a trouvé d'autres satisfactions. Il tient depuis plusieurs années ce qu'il appelle son "livre d'or", un carnet de rencontres où bon nombre de personnes qui ont croisé sa route ou l'ont hébergé ont laissé un petit mot. "C'est devenu une drogue. Les gens vous perçoivent différamment, ils vous accueillent directement chez eux. Le skate aide pour une première approche. Une fois chez eux, comme ils se disent : c'est peut-être la derbnière fois qu'on le verra, ils se libèrent. Dans plein de pays, les gens me racontent leur vie." Ces voyages ont offert à Romain bien plus que des sensations.
En route vers... ?
La pandémie mondiale est pour le globe-skater une épreuve douloureuse. Son fidèle destrier ne lui sert aujourd'hui qu'à rallier le laboratoire de prothèse dentaire qui l'emploie. "C'est frustrant de voir qu'on pourrait voyager et là on est bloqué. Il y a besoin d'espace, de grand air."
Cette année, Romain avait prévu de rider en Ethiopie ou au Portugal. En attendant de pouvoir de nouveau prendre la route, sac au dos, il a entrepris de classer ses photos et ses souvenirs. Il veut écrire un livre qui serait une sorte de bréviaire du skater au long cours, le guide de ceux qui voudraient voyager léger pour mieux se confronter aux autres, à l'inconnu. L'an prochain, si tout va bien, il compte se lancer un nouveau défi : traverser le lac Baïkal, 600 kilomètres de glace sur un skate équipé de patins.