Témoignage s/ violence conjugale : "J'étais une personne joyeuse, avant..."

Qui sont ces femmes qui, pendant des années, encaissent sans rien dire les coups assénés par leur compagnon ? Nous avons recueilli les propos de deux femmes qui se reconstruisent, après la violence.

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Charline et Angélique témoignent de leur vie d'avant, face à la violence :



J'ai envie d'être libre et d'oublier tout ca annonce Charline, mais je pourrais jamais oublier ce qu'il m'a fait, jamais.

Elle ne veut plus que sa fille soit confrontée à la violence.

C'est la première fois que Charline, 27 ans, évoque son passé. C'est en marchant non loin de la place Bouchard à Caen où se trouvait vendredi le stand de NousToutes14 (une association qui milite contre les violences sexistes et sexuelles), qu'elle entend les lettres de femmes battues lues au micro. Tout d'un coup, elle a une prise de conscience. Elle se reconnaît dans ces histoires. Elle passait là par hasard mais elle décide de s’arrêter. Elle a trouvé des oreilles attentives. Son ex-compagnon a été condamné à un an de prison mais il n’a fait que quatre mois. Aujourd’hui, elle a peur qu’il récidive et se dit harcelée. Charline est la maman d’un enfant de 2 ans.

"J'étais sous l'emprise de cet homme, il m'insultait tous les jours, il y avait des coups devant mon enfant"

Au mois de septembre, il a agit, j'avais la petite dans les bras et ma fille s'est retrouvée avec la chaussure de sécurité sur la tête. Il m'a savatée la jambe, j'avais la petite dans les bras et c'est là que ça a fait tilt et j'ai hurlé de toutes mes forces et la voisine a appelé les secours

Comment voit-elle son avenir ? "J'ai envie de revivre parce que j'étais une personne très joyeuse avant" explique Charline la voix encore chevrotante. "Il m'a tout enlevé, la joie de vivre avec."

"J'ai envie d'être libre et d'oublier tout ca" annonce Charline, "mais je pourrais jamais oublier ce qu'il m'a fait, jamais". Elle ne veut plus que sa fille soit confrontée à la violence.


Au début, c'est le Prince Charmant

Avec Angélique, elles ont vécues toutes les deux le même mécanisme de manipulation. "Il nous manipule, on s'en rend pas forcément compte. Au début, c'est le Prince Charmant. Il te protège, il vient te chercher au travail, il t'offre tout ce que tu veux... mais après c'est plus pareil". "Devant les parents, les gens, c'est l'homme idéal mais derrière c'est autre chose quand tu fermes la porte.

Aujourd'hui je n'ai plus que ma mère et ma soeur, il m'a coupé de tout. 

J'ai envie de dire aux femmes qu'il faut parler. Moi j'ai tout gardé pour moi, y a des choses que j'ai pas dites. J'ai pas porté plainte quand il m'a planté une fourchette dans le cou quand j'étais enceinte. "


Pourquoi n'a-t-elle pas porté plainte à l'époque ?

"J'avais peur" explique Charline, "j'ai eu une éducation avec mon père et ma mère, je voulais que ma fille ait la même chose."

J'avais toujours espoir qu'il change

"J'avais toujours un truc en tête qui me disait, mais reste pour ta petite, qu'elle ait son père. Mais au final, aujourd'hui ma petite est mieux que quand il était là. Elle a retrouvé le sourire et elle s'épanouit sans ce père."
 

L'emprise psychologique : quels sont les signes ?

"La difficulté à repérer les violences psychologiques vient de ce que la limite en est imprécise", explique  Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, au magazine Psychologies,  "un même acte peut prendre des significations différentes suivant le contexte. S’il est possible d’évaluer les aspects physiques de la violence, il est en revanche beaucoup plus difficile de mesurer ce que ressent une victime de violence psychologique."

Le magazine a dressé une liste des phrases qui doivent vous alerter : de " Je sais mieux que toi ce qui est bon pour toi" à "t'as qu'à partir..." en passant par "n'importe quoi..." et son dénigrement permanent.
A lire en cliquant ci-dessous :

Couple : avant la première gifle

A quel moment l'emprise amoureuse devient-elle dangereuse ? Quand faut-il s'inquiéter de la violence dans un couple ? Les campagnes de prévention le disent toutes : à partir de la première gifle. Le docteur Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, explique quant à elle que c'est bien avant la première gifle, dans les mots, que la violence prend racine...

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