Condamné à trois reprises pour des actes de tortures commis à l'encontre d'animaux dans l'agglomération caennaise, un homme d'une cinquantaine d'années était de retour devant la justice cette semaine. La défense a mis en avant l'influence d'un traitement médicamenteux.
C'est un feuilleton qui avait défrayé la chronique et suscité l'horreur et l'indignation dans la population. Le 26 juin 2018, un homme de 50 ans, ingénieur dans le secteur automobile et père de famille jusqu'alors inconnu de la justice, était interpellé par les gendarmes de Douvres-la-Délivrande. Les militaires enquêtaient depuis plusieurs semaines sur de nombreux chats mutilés et torturés dans l'agglomération caennaise. Lors de son audition, le suspect a très rapidement reconnu sa responsabilté dans nombre de ces cas sans pouvoir toutefois l'expliquer.
Il écope quelques jours plus tard d'une peine de 18 mois de prison dont 9 fermes. Avant de revenir rapidement devant la justice pour répondre d'autres faits, similaires. Il est condamné au maximum prévu par la loi pour "cruauté envers les animaux" : deux ans de prison dont 1 avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve, une amende de 30 000 euros, une obligation de soins et l'interdiction de détenir un animal. Un an plus tard, le revoilà devant un tribunal : il est suspecté d'avoir tué un chien à l'aide d'un tournevis dans un box de la SPA, un jour de portes-ouvertes.
En février dernier, l'homme écope d'une amende de 500 euros dans ce dernier dossier. Dans sa décision, le juge retient l'altération du discernement. L'avocate de l'ancien ingénieur automobile met en avant, dans ses plaidoieries, l'influence du traitement contre la maladie de Parkinson que prend son client. Un argument qui semble une nouvelle fois avoir fait mouche ce lundi 21 juin devant la cour d'appel de Caen.
Des troubles de la maîtrise pulsionnelle
Le quinquagénaire avait fait appel de sa première condamnation - 18 mois de prison dont 9 fermes - prononcée en juin 2018. "Je demanderai à la cour de retenir l'altération" du discernement par "cette molécule connue pour avoir des effets secondaires comme des troubles de la maîtrise pulsionnelle", a déclaré le substitut général David Pamart, "cela a eu un impact". avant de requérir six mois de prison assortis du sursis avec mise à l'épreuve, une peine plus légère que celle prononcée en première instance.
Entre 2015 et juin 2018, l'ingénieur avait pris du Neupro puis du Requip contre la maladie de Parkinson dont il souffre. "A aucun moment mon client n'a été informé que le médicament qu'il prenait pouvait l'empoisonner", a déclaré son avocate, Dominique Mari, avant de demander la relaxe.
La préméditation retenue
Si le parquet ne s'est pas montré imperméable aux arguments de la défense, il a toutefois rejeté la piste de l'abolition du discernement car le comportement du quinquagénaire était "prémédité". Il commandait des cages pour tenter de piéger les chats sur internet. David Pamart a également reproché au prévenu de s'être "affranchi des mises en garde du corps médical" qui lui demandait régulièrement s'il avait des effets secondaires comme des comportements étranges.
La cour d'appel de Caen rendra sa décision le 18 août prochain.