Pour les 500 ans de la mort du Pérugin, la Galerie nationale de l'Ombrie de Pérouse, en Italie, a emprunté "Le Mariage de la Vierge", joyau des collections permanentes du Musée des Beaux-Arts de Caen. En échange, le musée italien a fourni un Piero di Cosimo, à découvrir pour quelques mois à Caen.
C'est l'histoire peu commune d'un échange entre musées, celui de Caen et celui de Pérouse. "On prête parfois des œuvres pour les expositions mais rarement on fait un échange comme aujourd'hui" avoue Emmanuelle Delapierre, la directrice du Musée des Beaux-Arts de Caen. La conservatrice est encore tout étonnée d'avoir pu recevoir une pièce maîtresse du musée de Pérouse.
"Pour les 500 ans de la mort du Pérugin, il nous a semblé normal de prêter notre joyau de la Renaissance à la Galerie de l'Ombrie."
Qui est le Pérugin, maître de la Renaissance ?
Pietro di Cristoforo Vannucci est un contemporain et collègue de Léonard de Vinci. Les deux jeunes hommes font leurs classes à Florence chez Verrocchio et Pierro della Francesca. Une fois intronisé peintre, le jeune Pietro Vannucci collabore à la chapelle Sixtine avec d'autres grands maîtres de l'époque. Il y peint trois scènes, dont deux en collaboration avec Pinturicchio ("Le Baptême du Christ" et "Moïse voyageant en Égypte").
C'est un maître d'atelier. Il en possède deux : un à Florence, l'autre à Pérouse où, en 1485, Pietro Vannucci est nommé citoyen d'honneur, ce qui lui vaut désormais son surnom de "Le Pérugin". Il a une grande notoriété et de nombreuses commandes.
En 1504, il est à l'apogée de sa gloire. Il compose une commande pour les moines bénédictins de la basilique Saint-Pierre de Pérouse. Plusieurs tableaux mais surtout ce "Mariage de la Vierge" que l'on peut désormais admirer à Caen. Le Pérugin a été le maître du jeune Raphaël à qui il a transmis toute sa science des paysages et de ces visages si expressifs.
Présentation du "Mariage de la Vierge" du Pérugin par Emmanuelle Delapierre, Directrice du Musée des Beaux-Arts de Caen :
Le Pérugin est mort de la peste, les pinceaux à la main, à l'âge de 75 ans. On trouve nombre de ses œuvres dans toute l'Ombrie.
Quand la Galerie nationale de l'Ombrie prête l'une de ses œuvres
"En fait, il a suffi de demander" affirme Emmanuelle Delapierre. "Dans nos collections permanentes, le prêt de notre joyau de la Renaissance laissait un grand trou. Alors, j'ai demandé à mon homologue italien de Pérouse si il lui était possible de nous prêter une œuvre de la même période picturale et la réponse a dépassé nos attentes".
Il y a quelques semaines, un coffre en bois est ainsi livré à Caen au musée. A l'intérieur, surprise : une très belle œuvre de Piero di Cosimo datant de 1510 et intitulée "La Lamentation sur le Christ mort". Une magnifique œuvre que nous décrypte la conservatrice caennaise.
L'échange entre les deux musées n'aura, bien sûr, qu'un temps. A priori, le 20 juin, le Cosimo devra repartir vers l'Ombrie et nous devrions retrouver notre Pérugin.
Par-delà le Temps, au-delà des frontières, l'échange de ces deux chefs-d'œuvre de la Renaissance italienne aura été une belle expérience artistique et un grand bonheur pour les amateurs de cette période de l'art classique.