La pièce de théâtre "Le Nid de cendres" était proposée hier, samedi 11 mars, à la comédie de Caen (Calvados). Une performance pour les comédiens, le metteur en scène, l’équipe technique. Sans oublier le public.
Une représentation qui débute à 11 heures et s’achève à minuit : horaires peu habituels à la comédie de Caen, hier, samedi 11 mars ... jour de grève. D'ailleurs, en préambule, la direction du théâtre et Simon Falguières, auteur et metteur en scène de cette épopée, ont souhaité apporter leur soutien à la mobilisation. "Le temps est à la lutte, nous luttons avec nos moyens. C'est important pour nous de jouer nos spectacles et de communiquer notre désaccord pour faire de ce lieu, le théâtre, un lieu de la pensée en mouvement".
Une fois les lumières baissées, c'est parti pour une épreuve d'endurance de 13 heures, pendant lesquelles 17 comédiens ont joué 60 personnages et enfilé 250 costumes. "On se prépare à ça, on sait qu’on part pour un marathon et pas un sprint", explique Mathias Zakhar, comédien.
C’est une chance. On n’est pas nombreux à pouvoir traverser ça au moins une fois dans sa vie : un long spectacle fleuve, interpréter plein de personnages, être avec sa famille de théâtre.
Mathias Zakhar, comédienFrance 3 Normandie
Une prouesse pour les équipes
Durant les sept épisodes d’environ une heure et demi, les décors changent également. En coulisses, il faut tenir le rythme.
"Il faut s’économiser pour être à fond jusqu’au bout. Plus le spectacle avance, plus on a tendance à oublier des choses qui sont précieuses pour les comédiens qui vont entrer en jeu", explique Thomas Mousseau-Fernandez, opérateur lumière.
Retrouvez ci-dessus le reportage diffusé dans le JT de France 3 Normandie, ce samedi 11 mars.
Un metteur en scène normand, installé à Saint-Pierre-d'Entremont
Cette épopée, nommée Le Nid de Cendres, a demandé huit ans de travail et un nombre incalculable de versions. C'est une création originale, menée de mains de maître par Simon Falguières, qui a grandi dans les coulisses du théâtre d'Evreux.
Avec sa troupe, rencontrée au cours Florent, il a sillonné les théâtres publics de Normandie et du Nord pour les convaincre de le suivre et de produire cette folle aventure. La consécration a finalement eu lieu l'été dernier, lorsque la compagnie a tenu le rythme pendant tout le festival d’Avignon en 2022.
Suite à ce succès, la compagnie Le K, implantée en Normandie depuis 15 ans, l'a rejouée, en intégrale à la Comédie de Caen, un de ses partenaires précieux.
Comment tenir aussi longtemps ? "C’est une question d’ordre", assure Simon Falguières, auteur et metteur en scène.
"Tout est très organisé, très ordonné. C’est aussi du temps de répétition, de réflexion. C’est une vraie petite machine. Il y a tout ce qui se joue au plateau et tout ce qui se joue derrière. Derrière, c’est une fourmilière qui ne s’arrête jamais !"
Retenir l’attention du public
Hier, samedi 11 mars, cinq cents spectateurs ont pu découvrir l’histoire de deux héros, Anne et Gabriel jonglant entre le monde des contes et celui de la réalité.
Dans la salle se trouvent toutes les générations, des passionnés aux cheveux blancs, des étudiants, et des aventuriers téméraires, comme Mathieu, qui met, pour la première fois, les pieds dans un théâtre.
J’ai pris le parti pris de me dire que c’était un peu comme le marathon d’une série qu’on va regarder sur un week-end, ça nous est tous déjà arrivés au moins une fois.
Mathieu, spectateur du Nid de Cendres
"On s’est pris au jeu", explique t-il, avant d'avouer après la standing ovation finale "Je reviendrai au théâtre. J'ai d'ores et déjà pris des places pour "Mes parents" de Mohamed El Khatib le 22 mars prochain".
D’autres spectateurs pourront bientôt s’essayer à cette performance théâtrale. Le Nid de cendres sera joué à Nanterre du 9 au 20 mai. Puis, à Toulouse, du 3 au 4 juin.