Université : une rentrée 2020 pas comme les autres entre cours à la fac et cours à distance

Les étudiants à l’université de Caen Normandie reprendront en septembre prochain. A quoi ressemblera la rentrée 2020 ? Entre cours à la fac et cours à distance, plusieurs scénarios sont élaborés pour assurer au mieux l’enseignement universitaire.

Il y aura bien une rentrée à l’université de Caen Normandie. L’accueil des 30 000 étudiants aura lieu comme chaque année, fin août et tout au long du mois de septembre, selon les différentes composantes.

Proposer des enseignements en présentiel ou à distance, gérer les flux d’étudiants sur les campus, mettre à disposition des kits sanitaires… Les préparatifs de cette rentrée ne ressemblent pas aux autres années.

 

Des scénarios de reprise à ajuster

Le président de l’université de Caen Normandie Pierre Denise est attaché à accueillir les étudiants « dans les meilleures conditions » et tout particulièrement les primo-arrivants. La fin de la scolarité des futurs bacheliers a été « amputée », reconnaît-il. 

L’université c’est nouveau. Etudier à distance, ce n’est pas l'idéal pour s'approprier de nouvelles techniques de travail - Loïc Tregoat - Futur étudiant à l'université de Caen Normandie

Sauter dans le grand bain de la fac, cela inquiète Loïc Tregoat. Ce lycéen calvadosien intègrera un DUT en réseaux et télécommunications du campus 3 à Ifs. « Suivre des cours magistraux depuis chez moi, ça me fait un peu peur », admet le jeune homme de 17 ans. Il ajoute : « l’université c’est nouveau. Etudier à distance, ce n’est pas l'idéal pour s'approprier de nouvelles techniques de travail ». Loïc Tregoat habite à Auberville. Il a souffert de ne pas avoir une bonne connexion internet, lors du dernier trimestre de terminale. « Pendant les cours des profs en visio, je comprenais un mot sur deux », se désole-t-il.

Difficile de savoir de quelle manière les cours seront assurés. La situation sanitaire et les consignes de sécurité peuvent encore évoluer d’ici septembre.

« Les conditions exactes d’enseignement, personne ne les connaît. C’est pour cela que nous étudions un certain nombre de scénarios, plus précisément un scénario qui nous permettra de moduler la présence des étudiants », détaille le président de l’université de Caen Normandie, Pierre Denise.

 

 

Des « cours présentiels protégés »

L’objectif est de recevoir le maximum d’étudiants sur place, dans les salles et les amphithéâtres. Si les conditions sanitaires ne changent pas, « un quart des cours sera assuré en présentiel », assure Pierre Denise. 

« L'université est maltraitée », s'insurge Arnaud Travert, enseignant en chimie à Caen. Il plaide pour une majorité de cours dans les salles de la faculté. Selon ce chimiste, c'est essentiel pour les nouveaux étudiants et surtout en début de semestre. « Si des élèves de maternelle parviennent à respecter des consignes sanitaires, il me semble que des gamins de 18 ans sont capables de le faire ! », lance-t-il. 

La future étudiante en langues étrangères appliquées Léa Massarini, espère pouvoir assister à ses cours sur le campus 1 à Caen. Après une année de médecine avortée, la jeune femme de 18 ans sait d’expérience qu’elle suivra plus facilement les cours en amphi ou en TD que devant son ordinateur. « En médecine, on avait le choix entre aller en cours et travailler chez soi à l’aide des polycopiés », explique Léa Massarini. Elle constate : « chez moi, ça n’a pas marché. J’ai trop de distraction, la motivation n’est pas la même ».

Un certain nombre d’enseignements doit impérativement se faire en présentiel, quelque soit les conditions sanitaires - Pierre Denise - Président de l'université de Caen Normandie

Les contraintes d’apprentissages varient selon les licences, comme en STAPS, en droit ou encore en sciences expérimentales. Léa Massarini imagine difficilement étudier l'anglais et l'italien, uniquement devant son ordinateur, sans une pratique orale avec un enseignant pour la corriger. 

Alors l’université veut tenir compte des spécificités de chaque formation. Elle a donc identifié un nombre de cours, appelés « cours présentiels protégés ». Il s’agit de temps d’apprentissage, comme les travaux pratiques en IUT, les UFR de sciences ou les travaux dirigés, qui seront maintenus dans les facultés. « Un certain nombre d’enseignements doit impérativement se faire en présentiel, quelque soit les conditions sanitaires », martèle Pierre Denise. Il ajoute : « on adaptera les consignes : le port du masque et le nettoyage renforcé ».

Sur les campus des sites périphériques, comme Alençon, Cherbourg, Lisieux, Saint-Lô ou Vire, le maintien des cours en présentiel sera plus facile à mettre en place. « Le ratio mètre carré par étudiant est plus favorable que sur le campus hisorique de Caen », précise Pierre Denise.

 

Il est crucial que les universités soient accompagnées dans cette rentrée - Pierre Denise - Président de l’université de Caen Normandie

 

2 millions d’investissement dans le numérique

« On ne peut pas mener notre travail à bout sans investissements supplémentaires », lance Pierre Denise. Il appelle l’Etat et la Région Normandie à accompagner l’université. Pour assurer le bon déroulement de l'enseignement, des équipements numériques sont nécessaires pour capter les cours magistraux, les stocker sur des serveurs et les diffuser à distance. L’investissement est estimé à près de 2 millions d’euros.

L’université de Caen Normandie envisage aussi d’accompagner les étudiants privés d’outils numériques, en raison de leur situation sociale. Elle prévoit de proposer des bons d’achat pour environ un millier d’étudiants.

Les trois universités normandes de Caen, Le Havre et Rouen sont signataires de la tribune de l'AUREF « Fonctionnement du MESRI : 29 présidents tirent la sonnette d'alarme ». Les présidents attendent « un cadrage national clair sur les conditions de rentrée universitaire et les moyens alloués à cet effet, dans le contexte exceptionnel de la crise sanitaire », ont-ils précisé dans un communiqué du 11 juin 2020.

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