VIDÉO. 5 choses à savoir sur le festival NDK, la nouvelle formule de Nordik Impakt

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Avec sa deuxième édition, le nouveau rendez vous des amateurs d'électro caennais fait la part belle aux talents émergents tout en affirmant une démarche responsable. ©France Télévisions

Successeur du festival électro caennais Nordik Impakt, NDK commence cette semaine. Après une première édition en 2021 marquée par les restrictions sanitaires, les organisateur veulent affirmer les nouvelles orientations de l'évènement. Intimiste, défricheur, responsable, le festival NDK s'étend sur deux semaines avec de multiples propositions.

Depuis plus de vingt ans, l’arrivée de l’automne annonce traditionnellement un temps fort pour les amateurs de musique électronique caennais et normands. Le festival Nordik Impakt a longtemps été un rendez-vous à ne pas manquer pour certains, un objet de curiosité, ou d'angoisse pour d’autres. L'histoire récente de cette grande fête techno n’est pas un long fleuve tranquille, en 2019, le festival est annulé : l'événement pèse trop sur le budget du Cargö qui l’organise et une refonte du projet est indispensable.

De nouvelles bases sont posées en concertation avec les acteurs du secteur en 2020 mais c’est le Covid qui vient à son tour contrarier l’organisation du festival. Ce n’est donc qu’en 2021 que le festival fait son retour, avec un nouveau nom, NDK, et une nouvelle formule.

Aujourd’hui, la volonté affichée de l’équipe du festival est de concevoir un événement innovant, en accord avec son temps et qui répond aux attentes d’un public toujours plus sensible aux grandes questions de société. Les chantiers ne manquent pas : écoresponsabilité, co-construction, place des minorités, sécurité .

Pour en savoir plus sur cette renaissance, nous avons rencontré ceux qui de près ou de loin, ont suivi ou participé à la transformation de ce rendez-vous incontournable de la culture à Caen.

L’évolution des pratiques dans le monde du spectacle n’est pas une originalité caennaise, c’est l’ensemble du secteur qui se remet en question depuis quelques années. Pour Marion et Cindy de l’association ActRight qui a accompagné le Cargö dans l’élaboration de cette nouvelle formule, les longs mois de fermetures ont été un mal pour un bien. Dans un milieu ou les plannings sont souvent serrés, la pandémie a permis au monde des festivals de prendre le temps de réfléchir sur ses pratiques.

NDK, un festival plus intimiste élaboré avec les caennais

Avec NDK, terminée la grande “rave” au Parc Expo, trop cher, trop clivante aussi peut être… Retour au Cargö donc, un choix assumé par la mairie et l’équipe du festival :

Nous souhaitions abandonner le format grande fête, c'était l’occasion de décloisonner cet événement, d’avoir un panel d’esthétiques plus large. C’est aussi l’occasion d’organiser des choses dans des endroits atypiques et toucher plus de monde car, au Parc Expo, certains Caennais n’osaient pas y aller. Il faut faire des choix, des grandes rave party, il y en a dans d’autres villes et le public de ces soirées est très mobile” explique Emmanuelle Dormoy - Maire Adjointe en charge de la culture - Caen

Pour moi, cette nouvelle proposition est très différente de ce qu'était Nordik Impakt qui était un événement très fort avec des grandes jauges public et des artistes internationaux" affirme Jean-Claude Lemenuel - Directeur du FAR Agence Musicale Régionale - Caen, "aujourd'hui, on a plutôt un festival qui va chercher des formes différentes, qui permet d’autres choses.” 

Je pense qu’il y a eu beaucoup de déception de la part du public et des artistes locaux vis à vis de l’abandon du Parc Expo. Mais je trouve que ça a beaucoup plus de sens aujourd’hui d’organiser des événements à taille humaine, c’est plus intéressant, plus constructif.

Zélie Jeanne-Le Guern - DJ/productrice - Co présidente de l'association Vnion - Caen

Pour moi, le Parc Expo ça impliquait de faire venir de grosses têtes d’affiches, qui coûtent cher. Pour rentabiliser, il fallait vendre beaucoup de billets et avec ce fonctionnement, le risque c’est de dénaturer la direction artistique du festival. J’ai l’impression que les choix qui ont été faits sont les bons” affirme de son côté Thomas Franco - Président du collectif M.A.D Brains - Caen

Avec NDK notre objectif c’est plutôt de retrouver de la convivialité et de la simplicité. On se concentre plus sur la mise en valeur d’artistes émergents.

Jérémie Desmet - Directeur du Cargö et de NDK Festival - Caen

“ L’été, il y a les festivals en plein air qui accueillent jusqu’à 200 000 personnes", rappelle Jérémie Desmet - Directeur du Cargö et de NDK Festival - Caen , "avec NDK notre objectif c’est plutôt de retrouver de la convivialité et de la simplicité. On se concentre plus sur la mise en valeur d’artistes émergents. Je pense qu’on propose quelque chose de vraiment intéressant cette année. Certes, les artistes que nous faisons venir ne sont pas tous très connus : pour se faire une idée de ce que va proposer le festival, il faut aller se renseigner sur internet. Mais je n’ai aucun doute que les spectateurs vont faire de belles découvertes.

Si le choix d’abandonner la grande soirée du Parc Expo ne fait pas l’unanimité, le projet a bien été élaboré avec les collectifs caennais. Quand je suis arrivé à mon poste, j’ai eu le sentiment qu’il n’y avait pas assez de dialogue entre l’équipe du festival et les collectifs caennais. C’est la raison pour laquelle j’ai organisé cette grande concertation en 2020 ” assure Emmanuelle Dormoy - Maire Adjointe en charge de la culture - Caen

On est sur un secteur où chacun cherche sa place, parfois sa légitimité" rappelle Jean-Claude Lemenuel - Directeur du FAR Agence Musicale Régionale - Caen , "Il a fallu composer avec ça et recréer un format de festival en adéquation avec tous les collectifs et aussi en accord avec attentes de la ville.” 

Il y a un peu de défiance, car pendant longtemps les musiques électroniques n'étaient pas très bien perçues par les institutions.

Zélie Jeanne-Le Guern - DJ/productrice - Co Présidente de l'association Vnion - Caen

La démarche de consultation, c’est une bonne chose" souligne Zélie Jeanne-Le Guern - DJ/productrice - Co Présidente de l'association Vnion - Caen, "mais pour certains collectifs qui n’ont pas l’habitude d'échanger avec les autorités, c’est plus compliqué de s’exprimer. Pour eux, ce n’est pas évident de participer à ce genre de démarche. Il y a aussi un peu de défiance, car pendant longtemps les musiques électroniques n'étaient pas très bien perçues par les institutions. C’est un travail qui prendra du temps. Les bases sont posées, maintenant, il faut voir ce que ça donne sur le long terme et que personne ne se sente lésé.” 

NDK, un festival paritaire et inclusif

Pour cette seconde édition du festival, l’affiche de NDK annonce une programmation qui compte quasiment autant de femmes que d'hommes. Une fierté pour l’équipe d’organisation et une initiative saluée par tous.

La parité il faut la faire partout, et d’ailleurs, à Caen, il y a de nombreuses femmes qui font de l'électro." souligne Emmanuelle Dormoy - Maire Adjointe en charge de la culture à Caen.

C’est important que tout le monde puisse s’identifier aux artistes sur scène.

Superpoze - Musicien - Paris

“ Evidemment, il faut travailler la question de la parité, moi je suis un homme, blanc, hétéro, cisgenre. J’ai fait de la musique parce que j’ai eu beaucoup de modèles masculins à qui je pouvais m’identifier. C’est important que tout le monde puisse s’identifier aux artistes sur scène.” Superpoze - Musicien - Paris

“Le problème de la place des femmes et des minorités dépasse largement l’univers des festivals. C’est un vrai fait de société. On vit dans un monde qui appartient a l’homme hétéro, cisgenre, blanc. Remettre ces questions, là, au centre de nos vies, c’est hyper important.” Zélie Jeanne-Le Guern - DJ/productrice - Co présidente de l'association Vnion - Caen

Pour les membres de l’association ActRight, il faut reconnaître que les choses évoluent dans le bon sens pour les femmes, mais il faut rester vigilant et agir en faveur de toutes les minorités.

Des festivals avec uniquement des hommes blancs, cisgenre, on n'en veut plus.

Cindie LE DISEZ et Marion DELPECH - Association Actright - Paris

“Le public reflète toutes les diversités de la société, l’idée c’est qu’on le ressente sur scène. Des festivals avec uniquement des hommes blancs, cisgenres, on en veut plus. Il faut que le public puisse s’identifier aux artistes, c’est important de montrer à tous qu’on peut réussir et peut être monter sur scène un jour.” Cindie LE DISEZ et Marion DELPECH - Association Actright - Paris

“L’essentiel, c’est de pouvoir accueillir tout le monde, pour moi, c’est une évidence, ça fait partie de l’histoire des musiques électroniques. On est une grande famille, tout le monde est le bienvenu.” Thomas Franco - Président du collectif M.A.D Brains - Caen

“C’est encore fragile, mais plus on mettra de femmes et de minorités sur scène, plus ça créera des vocations chez les plus jeunes. C’est un cercle vertueux” Jérémie Desmet - Directeur du Cargö et de NDK Festival - Caen

NDK, un festival éco responsable

Après un été caniculaire, la question du réchauffement climatique est au cœur des préoccupations, et ce n’est pas parce que les dates du festival coïncident avec le retour du froid en Normandie que le festival ne se soucie pas du sujet. Avec une affiche qui ne propose aucun artiste international, l’équipe du Cargö limite l'empreinte carbone liée aux déplacements des artistes, mais ce n’est qu’une petite partie des actions mises en place.

Pour toute l’équipe, c'était indispensable traiter cette question.

Jérémie Desmet - Directeur du Cargö et de NDK Festival - Caen

“Pour toute l’équipe, c'était indispensable traiter cette question. Le monde change et le modèle de société que nous avons connu jusqu'à maintenant ne fonctionne plus. A notre niveau, on doit renouveler nos pratiques.” Jérémie Desmet - Directeur du Cargö et de NDK Festival - Caen

“Construire un festival éco-responsable, c’est limiter son empreinte carbone, limiter le plastique, limiter sa consommation électrique, travailler avec des producteurs locaux, avec des artistes locaux et aussi se poser la question de la mobilité du public. Des milliers de personnes qui prennent l’avion pour se rendre à un festival pendant trois jours, ça n'a plus de sens aujourd’hui.” Cindie LE DISEZ et Marion DELPECH - Association Actright - Paris

"C'était une nécessité de repenser la façon dont on travaille, la mobilité des artistes et du public ou encore notre façon de produire les festivals. La première chose à laquelle on pense, ce sont les artistes qui voyagent en avion parce qu'ils sont pressés. Aujourd’hui certains festivals imposent aux artistes un mode de transport plus vertueux.” Jérémie Desmet - Directeur du Cargö et de NDK Festival - Caen

“Cette prise de conscience n’est pas nouvelle pour les festivals, mais ce qui change aujourd’hui, c’est qu’on repense totalement les événements au travers du prisme de l'éco responsabilité. On ne se limite plus à tout organiser puis seulement ensuite se poser la question du respect de l'environnement. C’est une prise de position complètement différente.” Jean-Claude Lemenuel - Directeur du FAR Agence Musicale Régionale - Caen

La démarche de proposer un festival plus vert est saluée par tous, mais elle en laisse certain perplexe, et le sujet questionne notre façon de consommer la culture.“C'est une grande question", admet Emmanuelle Dormoy - Maire Adjointe en charge de la culture - Caen "mais c’est un sujet compliqué pour les salles de concert et la circulation des artistes. On ne peut pas se limiter aux artistes locaux. Le public d’ici a aussi besoin de rencontrer les artistes internationaux” 

C’est bien que le monde de la culture s’empare du sujet, mais tant qu’on organisera des jeux d’hiver dans le désert, on ne trouvera pas de solution.

Superpoze - Musicien - Paris

“ Évidemment, je salue toutes les initiatives qui vont dans ce sens là, mais le problème ne se réglera pas comme ça. C’est bien que le monde de la culture s’empare du sujet, mais tant qu’on organisera des jeux d’hiver dans le désert, on ne trouvera pas de solution.” Superpoze - Musicien - Paris

Tous les acteurs que nous avons rencontré se disent sensibles à la question du respect de l'environnement et tous sont prêts à faire des efforts. Mais pour des structures plus fragiles financièrement, la question n’est pas simple.

"Aujourd'hui, on est obligé de prendre en compte le sujet de l'environnement, on essaie d’agir à notre échelle sur nos événements, mais ça a un coût qui pèse lourd sur nos budgets qui sont déjà serrés. Par exemple, les consommables éco responsables sont beaucoup plus chers. Par contre, on essaie de faire du réemploi pour nos éléments de décoration, on incite notre public à venir avec son propre verre réutilisable, ça évite d’en produire de nouveaux à chaque événement. Ce sont de petites choses qui mises bout à bout finissent par avoir un impact. " Thomas Aguirregabiria et Ludovic Jumel - Collectif Ladacore - Caen

NDK, un festival plus sûr

Alcool, stupéfiants, piqûres, harcèlements, le monde de la nuit et la musique électronique sont souvent associés aux conduites à risque et à l'insécurité. C’est en partie le reflet d’une réalité, personne ne dit le contraire, mais quand on y regarde de plus près, les problèmes ne sont pas plus importants qu’ailleurs. 

En fait, si le grand public fait l’amalgame entre techno et risques, c'est surtout que très tôt, les gens qui évoluent dans ce milieu ont pris conscience de ces problèmes, en ont parlé et ont décidé d’agir.

Cindie LE DISEZ et Marion DELPECH - Association Actright - Paris

“Notre association travaille sur la réduction des risques en milieu festif, mais c’est quelque chose qui concerne toute la société. Il n’y a pas plus de problèmes dans les soirées électro. En fait, si le grand public fait l’amalgame entre techno et risques, c'est surtout que très tôt, les gens qui évoluent dans ce milieu ont pris conscience de ces problèmes, en ont parlé et ont décidé d’agir, ces sujets ne sont pas tabous pour nous.” Cindie LE DISEZ et Marion DELPECH - Association Actright - Paris

L'équipe du Cargö s’inscrit complètement dans cette démarche et s’est entourée de professionnels pour accueillir au mieux son public, l’alerter sur les risques liés à la consommation de stupéfiants, rappeler les règles élémentaires de bonnes conduites et bien réagir en cas de problèmes. Plusieurs associations seront présentes sur le festival, notamment  “tu n’es pas seule”, une association de soutien aux victimes d’agressions sexuelles et le Caarud qui accompagne les usagers de drogues.

“Il y a eu une vraie prise de conscience sur beaucoup de sujets pour les professionnels du secteur. La libération de la parole avec Mee Too, Music Too a permis d’avancer sur le sujet du harcèlement. Ça a permis à certains de voir ce qu’ils ne voyaient pas ou ne voulaient pas voir, et de réaliser qu’ils sont en partie responsables. Aujourd’hui c’est assez évident pour tout le monde qu’il faut mettre en place des choses.” Cindie LE DISEZ et Marion DELPECH - Association Actright - Paris

La formation des équipe du festival est aussi un levier important de la prévention. “On ne peut pas garantir à 100% qu’il n’y aura pas de problème, que quelqu’un n’aura pas un acte violent ou déplacé dans une soirée, mais on peut travailler pour rendre son événement le plus sûr possible. Aujourd’hui, on fait beaucoup de formation pour les équipes organisatrices. C’est bien de mettre des stands à disposition du public, mais ça ne suffit pas. C’est une réflexion globale à mener : avoir des gens formés à prendre en charge un fêtard en difficulté, mettre en place des zones calmes pour se poser, accompagner le mieux possible les victimes. La chaîne d'information est importante. Il faut communiquer sur ce qu’on met en place.” Cindie LE DISEZ et Marion DELPECH - Association Actright - Paris

NDK, un festival pour tous les âges

La musique électronique, réservée aux jeunes qui se couchent tard ? Voilà encore un cliché auquel le festival donnera tort. Pendant  10 jours NDK fait voler les barrières en investissant des lieux inattendus et propose des événements destiné à tous les public.

NDK, c’est différents formats, différents lieux. (...) L’idée c’est de se faire plaisir !

Jérémie Desmet - Directeur du Cargö et de NDK Festival - Caen

“NDK, c’est différents formats, différents lieux. On a souhaité proposer des spectacles pour les enfants, des ateliers. On essaie de croiser les publics au travers d'activités qui lient sport et culture, comme le “yoga ambient” ou une soirée à la patinoire. L’idée c’est de se faire plaisir !” Jérémie Desmet - Directeur du Cargö et de NDK Festival - Caen

On vous laisse jeter un œil au programme, il y en a vraiment pour tous les goûts.

On ne peut pas l’ignorer, nombreux sont ceux qui regrettent la grande rave du Parc Expo et l’occasion de voir, à Caen, des légendes de l'électro comme Aphex twin, Laurent Garnier ou encore Justice. D’ailleurs, il est clair que NDK bénéficie de la réputation historique de son prédécesseur Nordik Impakt. Si l’on en croit les acteurs locaux, l’évolution du festival était inévitable, pour de nombreuses raisons : économiques, politiques, mais surtout sociétales. 

Aujourd’hui l’équipe d’organisation veut mettre en avant un projet plus raisonnable, plus attentif aux grandes questions de société qui affiche également un parti pris artistique ambitieux. Restent à retrouver le public et confirmer une certaine notoriété parmi les festivals électro français.

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