Le festival Beauregard devait se tenir du 2 au 5 juillet 2020 à Hérouville-Saint-Clair. Les annonces du président de la République ce lundi soir ont scellé le sort de l'édition 2020.
La 12ème édition du festival Beauregard n'aura pas lieu cette année. Si le président de la République a annoncé ce lundi soir un début de déconfinement pour le lundi 11 mai, le chef de l'Etat a ensuite douché les espoirs de plusieurs professions, notamment dans le secteur culturel. "Les lieux rassemblant du public, restaurants, cafés et hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées, resteront en revanche fermés à ce stade. Les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet prochain." Dans la foulée de cette allocution, plusieurs grands rendez-vous culturels officialisaient leur annulation, comme le festival d'Avignon, les Eurockéennes à Belfort ou Beauregard, dans l'agglomération caennaise.
C’est avec le cœur lourd que John et ses équipes vous annoncent aujourd’hui l’annulation de l’édition 2020 du festival Beauregard qui devait se dérouler les 2.3.4.5 juillet prochains.
— John Beauregard (@FestBeauregard) April 13, 2020
Suite du communiqué juste ici ?https://t.co/Hcws93oY5u pic.twitter.com/17yjA87onF
Pendant longtemps, les organisateurs ont voulu y croire. "Si on a le feu vert, je ferai en sorte qu'on puisse mobiliser toutes nos équipes, tous nos partenaires, tous nos intermittents pour pouvoir monter l'évènement au plus vite et faire en sorte que Beauregard puisse jouer", nous confiait le 30 mars dernier Paul Langeois, l'un des créateurs de Beauregard. Certains de ses "collègues" dans la région, avaient déjà abandonné tout espoir de maintenir leur édition 2020, comme Jazz sous les pommiers, programmé plus tôt dans l'année. Dans la Manche, le festival Papillons de nuit a préféré prendre les devants pour préparer un report au mois d'août.
Des mesures sanitaires "inapplicables"
Si la date fixée par le président de la République, "mi-juillet", pose problème à certaines manifestations, comme Les Vieilles charrues en Bretagne, en ce qu'elle est jugée insuffisamment précise (le festival breton doit démarrer le 16 jullet), pour les Normands, pas d'ambiguité : Beauregard devait démarrer le 2. "On ne voyait pas comment une manifestation qui rassemble plus de 30 000 spectateurs pr jour pouvait se tenir cetr été avec des contraintes sanitaires qui ne sont pas applicable", explique ce matin Paul Langeois, le patron de Beauregard, "les fameuses mesures barrières, le port du mùasque, la distanciation sociale, ce sont des choses qui sont tout simplement inapplicables dans des événements tels que les notres."Avec plus de 100 000 spectateurs et pas moins d'une quarantaine d'artistes programmés, dont plusieurs grands noms internationaux, Beauregard est sans doute le plus gros festival de musique de la région et joue, au niveau national, dans la cour des grands. L'annulation est forcément un coup dur pour ses organisateurs. "On essaie de relativiser, il y a des gens qui se battent tous les jours contre cette maladie et qui sont formidablement courageux, dans bien des domaines", confie Paul Langeois tout en reconnaissant que "c'est un moment difficile qu'il va falloir qu'on surmonte, ce qu'on essye de faire dés ce matin." L'organisateur du festival évoque même plus tard "une crise importante".
Bataille contre les assureurs ?
D'une certaine manière, l'annonce du président de la République a peut-être rassuré certains organisateurs. "Il vaut mieux savoir ce sur quoi ont doit travailler qu'être toujours dans le flou depuis le 15 mars", indique Paul Langeois, "Plus les jours passaient, plus l'ambiance était compliquée et lourde. Donc, on attendait cette décision."Comme l'expliquait début avril Ben Barbaud, le patron du Hellfest, les festivals avaient besoin d'une date officiellement établie par les autorités pour acter leur annulation et se tourner vers les assureurs. Problème : ces derniers ne semblent pas tous jouer le jeu. En témoigne le conflit qui oppose actuellement le plus festival de métal français et la société Albingia, auprès de qui il a contracté en décembre dernier une assurance contre le risque d'épidémie. L'assureur indique que le contract exclue "Ebola, la grippe aviaire et les pandémies de type Sras (syndrome respiratoire sévère)". Selon nos confrères de Ouest-France, une clause pourrait toutefois donner raison au Hellfest. Une bataille judiciaire semble se profiler. Et nul doute que nombre d'organisateurs vont suivre avec attention l'évolution de ce dossier.
"On a une communauté derrière nous"
Car outre les dépenses déjà engagées, les différents festivals annulés vont devoir procéder au remboursement de la billetterie. Dans son communique, Beauregard tient à rassurer ses "chers festivaliers" et leur demande juste un peu de patience, "quelques jours", le temps de "nous organiser" et de "mettre en place toutes les modalités" du remboursement.Dans cette période difficile, le festival normand peut au moins compter sur le soutien de ses fidèles. "On a déjà beaucoup beaucoup de soutiens sur les réseaux sociaux : de nombreux festivaliers nous demandent de garder leurs billets pour qu'ils soient valables l'an prochain ou d'aider le festival de quelque manière que ce soit, ça nous porte et c'est déjà très fort", souligne Paul Langeois.