Coronavirus : l'incompréhension de ces salariés qui doivent déjà retourner à l'usine

Ce lundi, des entreprises normandes ont décidé de réouvrir, malgré les mesures de confinement élevé. Et malgré des soupçons de cas de coronavirus. Qu'en est-il alors de la sécurité sanitaire ? Exemple chez Arconic à Dives-sur-Mer.

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Mise à jour : 21h30 le 23/03 :

Un salarié de l'usine Arconic, à Dives-sur-Mer, aurait été déclaré "contaminé" par le coronavirus, par son médecin traitant, vendredi dernier. Il a été arrêté. "On a mis sous ses collègues au courant, au nom du droit d'alerte", assure ce lundi soir le délégué syndical FO du site, Anthony Milcent."Cela renforce notre volonté initiale de fermeture de l'usine pour 2 semaines minimum", pour éviter aux porteurs sains de transmettre ce virus, avec toutes les manutentions pratiquées sur place.
 

Certains se sont vus refuser le droit de porter un masque


Ce syndicaliste voudrait d'ailleurs que les masques de l'entreprise, si elle ferme de nouveau, puisse servir par solidarité aux hôpitaux et aux ambulanciers.
Ce matin, les salariés étaient clairement inquiets. Il n'y a pas de gel hydroalcoolique pour tout le monde, et certains se sont vus refusés par les managers le droit de porter un masque qu'ils avaient apporté, sous pretexte qu'il fallait éviter de véhiculer la psychose." Visiblement, c'est justement ce refus qui a créé un sentiment d'insécurité.
 

L'inquiétude de retourner travailler

Déjà vendredi, nous avions reçu ce message à la rédaction : "je suis inquiète pour ma famille, inquiète de retourner travailler dans ce vivier potentiellement infecté et donc potentiellement dangereux." Cette salariée nous informait que son manager venait de la contacter pour lui annoncer la reprise d'activité de son usine ce lundi 23 mars.
Une décision difficile à accepter si peu de temps après la fermeture, et alors que l'épidémie de coronavirus n'a pas encore visiblement atteint son pic. "La direction se cache donc derrière les paroles de notre cher Président qui nous annonce que les usines peuvent continuer de tourner ; ce qui est totalement contradictoire avec les messages que nous rabâche le gouvernement, à savoir "restez chez vous."

C'est totalement contradictoire avec les messages du gouvernement "restez chez vous"


Le lendemain, c'est Marie, une maman qui s'inquiétait pour son fils. "A ne plus rien comprendre. L'entreprise de mon fils , Arconic, à Dives-sur-Mer, réouvre lundi, 500 personnes potentielles de contamination, plus leurs familles." Ce qu'elle ne comprenait surtout pas, c'est le pourquoi de cette reprise. "C'est une entreprise de métallurgie, non médicale et donc non indispensable."
  

Une entreprise désinfectée, des postes de travail espacés

Nous avons donc appelé cette entreprise du Calvados pour comprendre. "Mardi dernier, il était plus sâge d'arrêter le site, le temps de prendre des mesures pour faire travailler les salariés en sécurité", reconnaît Cédric Toussaint, le président de l'entité. Tout le monde était donc rentré chez lui.

Depuis, avec son staff, il a étudié les recommandations du gouvernement, ainsi que celles des Etats-Unis, son siège central. "Nous avons retenu à chaque fois la mesure la plus contraignante. Par exemple, les Americains demandent 2 mètres entre chaque personne, et non pas 1 comme en France." Dans l'usine, un poste sur deux a ainsi été condamné. 
Et puis l'organisation des 3 x 8 a aussi été adapté. "Nos équipes finissent 15 mn après avoir nettoyer leur postes. Les suivantes commencent 15 mn plus tard, pour que personne ne se croise dans les vestiaires." Les pauses ont également été décalées, du gel hydroalcoolique mis à disposition, sans oublier "un nettoyage initial total du site avant ce lundi" par une entreprise extérieure.
 

Syndicat et direction en désaccord

La semaine dernière, il y a eu 6 personnes de l'entreprise avec des symptômes inquiétants. Mais "tous les doutes ont été levés. C'étaient simplement une grippe, des bronchites ou des migraines."
3 salariés restent aujourd'hui  confinés chez eux, dans l'attente d'en savoir plus.


On se doit d'être actifs pour livrer la sécurité civile et l'armée


"On a fait le maximum. On fournit avec nos pièces aéronautiques l'armée et la sécurité civile. On se doit d'être actifs pour les livrer, alors qu'ils sont à pied d'oeuvre pour aider le pays à se battre contre le coronavirus. Ces mesures et cette reprise ont été acceptées à l'unanimité, aucun syndicat n'a eu quelquechose à redire."
Une affirmation totalement démentie par le syndicat FO (le plus representatif), qui affirme que tous ses membres ont donné un avis défavorable, alors que les autres syndicats ont emis un avis neutre. "Mais "nos avis n'étaient que consultatif, la reprise était déjà décidée de façon unilatérale..."
 

Par contre, dans le secteur parallèle de l'automobile, ils font entendre leur colère. colère. Comme chez PSA à Cormelles-le-Royal, par l'intermédiaire de Pierre Casevitz :"Produire des pièces mécaniques, en quoi est-ce une nécessité ? En quoi est-ce justifié de réunir des centaines d'ouvriers sur le même site pendant toute une journée de travail, de courir le risque de permettre au virus de circuler, alors que les restrictions s'imposent à tous ?" 
 

L'activité automobile n'est pas un bien essentiel


"L’activité automobile n’est pas un bien essentiel comme la santé, l’énergie, l’agroalimentaire, la sécurité, les pompiers", assure lui aussi Denis Bréant, délégué CGT de Valéo à Mondeville. "Valeo dispose d’une assise financière lui permettant de prendre une telle disposition. Assise que bien d’autres groupes, PME ou artisans n’a pas la chance d’avoir. La soif d’argent de certains dans la course aux profits ne peut se faire sur la santé de ses salariés."

  

Nous avons également tenté de joindre la direction du site de LM Wind Power à Cherbourg (Manche) ainsi que le siège du groupe à Paris. Sans succès malheureusement.
Le fabriquant de pales de retor pour les éoliennes offshore a décidé lui aussi de reprendre la production avec ses 300 salariés ce lundi.
Selon notre confrère Ouest-France, les délégués du personnel avaient fait part en CSE de leur opposition à cette méthode, souhaitant que la réouverture se fasse sur la base du volontariat.
 

La prefecture préfère attendre les futures annonces  du gouvernement

Joint ce lundi matin, le préfet du Calvados a préféré reporter notre demande d'entretien téléphonique, sur cette reprise du travail. "De nouvelles mesures et dispositions vont être annoncées ce lundi soir par le gouvernement, nous préférons attendre d'en savoir plus."
Et nous voilà renvoyés pour l'instant vers un tweet envoyé dans l'après-midi.
 
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