Coup de théâtre sur la Côte Fleurie, Thierry Granturco démissionne de la mairie de Villers-sur-Mer

Pris dans la tourmente politique et judiciaire, Thierry Granturco annonce ce mardi 26 mars 2024 son intention de démissionner de son poste de maire de Villers-sur-Mer. L'avocat, édile depuis 2020, justifie son départ par les menaces, insultes et intimidations dont il serait victime.

La décision est brutale et soudaine, mais loin d'être surprenante au regard des derniers mois. Dans une longue publication sur la page Facebook de Villers-sur-Mer (14), Thierry Grantucro annonce sa démission de la mairie de la commune de la Côte Fleurie. 

Une démission justifiée par "la violence"

L'avocat, adepte des coups d'éclat politico-médiatiques, justifie son départ par un climat de violence que lui et sa famille subiraient depuis plusieurs mois.

Je n’ai jamais anticipé qu’on s’en prendrait à ma famille et en particulier à mes fils, qui sont tout pour moi. (...) Je n’ai jamais pensé qu’on s'en prendrait à mon chien, qui a eu la patte fracassée par un inconnu, à ma maison, à mes voitures, qu’on glisserait régulièrement dans vos boîtes aux lettres des invectives à mon encontre et à celles de mes fils…

Thierry Granturco, maire démissionnaire de Villers-sur-Mer

Pour Thierry Granturco, le point de non-retour est survenu ce week-end, lorsque ses proches lui ont communiqué son désarroi devant une situation devenue insoutenable. "J'ai pris conscience que ma famille était en souffrance, et que je ne pouvais plus leur dire que ça allait se tasser, que les choses finiraient par se calmer", explique celui qui va reprendre le métier d'avocat, mis entre parenthèses depuis sa prise de fonctions à la mairie. 

Un maire hyperactif, médiatique et isolé

Arrivé à Villers-sur-Mer par l'intermédiaire du club de football local, l'ancien président du FC Rouen s'était mis en tête de faire rayonner la petite commune de la Côte Fleurie. Sous sa houlette, et grâce à son investissement personnel et financier, l'AS Villers-Houlgate est ainsi passé d'un simple club départemental à l'un des meilleurs de la région. 

Fort de ce succès, il a souhaité en faire de même avec la ville. Élu avec 56% des suffrages en 2020, il a construit une équipe porteuse d'un projet très ambitieux. "Il y avait une vraie attente de changement. Les Villersois attendaient qu'on remette de l'ambition et de l'autorité. J'ai vécu le mandat à fond, j'ai pris les sujets, je les ai traités. Quand il y a de nombreux changements, c'est sûr que ça bouscule. Ça crée certainement des inimitiés, peut-être que j'aurais dû reculer parfois, mais je n'ai jamais voulu le faire".

Parmi les décisions fortes et clivantes, la volonté d'indépendance politique vis-à-vis de Deauville, marquée par le départ de la SPL InDeauville, organe touristique du secteur. Thierry Granturco a également porté une politique environnementale et animaliste.

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Le maire de Villers-sur-Mer justifie le retrait de sa commune de la société InDeauville ©France 3 Normandie

L'élu reconnaît "avoir peut-être eu une exigence trop élevée", qu'il justifie par un programme électoral ambitieux, qu'il souhaitait tenir coûte que coûte. Mais petit à petit, il s'est isolé, jusqu'à se mettre à dos des membres de sa propre majorité lors d'un conseil municipal mouvementé et finalement annulé en décembre dernier. Par ailleurs, il est fait aussi l'objet d'une plainte pour harcèlement moral de cinq personnes. 

On a déposé 17 plaintes contre moi depuis que je suis élu. À chaque fois, j'ai été convoqué, auditionné. J'ai déposé une plainte pour des violences, il y a eu deux vérifications et ça a été classé sans suite. Quand on est maire, on n'est pas protégé, je peux assurer qu'on est tout seul, c'est insupportable.

Thierry Granturco

Thierry Granturco l'affirme sans détour, "la page est tournée". Il ne regrettera pas la politique qu'il juge "décevante". En revanche, "l'aspect humain, le contact des habitants" lui manqueront. Celui qui redevient officiellement avocat a déjà un agenda bien rempli dès la semaine prochaine, en région parisienne.

Pour autant, il ne va pas quitter Villers-sur-Mer, où il détient toujours trois restaurants et une librairie. Un mélange des genres entre affaires et politique qui n'a d'ailleurs pas été au goût de tous. "J'ai investi dans la ville, avec ma famille, on a mis de l'amour dans tout ça", se défend-il avec l'amertume du départ contraint. Toutefois, afin que sa succession se fasse en douceur, il laisse jusqu'au 30 juin au conseil municipal pour élire un nouveau maire. 

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