La récré, c’est le lieu de socialisation par excellence. L'endroit où l'enfant va apprendre à se faire des copains mais aussi à s'affirmer. Pour en parler, le café des images à Hérouville-Saint-Clair propose samedi 18 janvier un ciné-débat avec le pédopschychiatre Patrick Genvresse.
La réalisatrice Claire Simon raconte : "La première fois que j’ai emmené Manon, ma fille, dans cette école et que j’ai vu la cour… Je me suis dit, si elle s’en sort là, elle s’en sortira partout."
La cinéaste a donc décidé de poser sa caméra à l'heure de la récré pour filmer les comédies humaines dans une école maternelle, là où se posent aussi des questions essentielles, dit-elle :
"Comment je fais avec l’autre ? (…) Comment vit-on ensemble ?… C’est là qu’on va la vivre au plus fort, dans un endroit dont on sait qu’il est relativement peu dangereux. Donc c’est une scène de théâtre".
Son film sera projeté samedi 18 janvier à 10H15 au café des images, à Hérouville-Saint-Clair
Réservations conseillées sur leur site
La camaraderie : se trouver d'autres modèles
Loin de son nid douillet, l'enfant va apprendre à se construire dans la cour de récré. "Ce qui s’y passe peut être aussi important que ce qui se déroule en classe" explique Gisèle George, pédopsychiatre, spécialiste de l’estime de soi."C'est fondamental que l'enfant s'ouvre au monde", explique Patrick Genvresse, pédopsychiatre à Caen. "A la maison, l'enfant vit à priori sous l'égide de l'amour parental. A l'école, il va devoir se confronter au regard extérieur, où l'amour ne lui ait pas donné systématiquement."
C’est la première fois de leur vie qu’ils s’essaient à la liberté. Dès trois ans, le petit garçon ou la petite fille va y trouver d'autres modèles que ceux de la maison. Chacun va apprendre à s'affirmer, se confronter à l'autre et comprendre qu'il n'est peut-être pas "le plus doué de la terre", comme lui répètent ses parents.
Les chamailleries ou l'affirmation de soi
L'être humain vit un paradoxe : "d'un côté, on veut être comme les autres, et en même temps, on veut s'en différencier. C'est dans ce contexte que naissent les chamailleries, qui peuvent aussi ressembler à une revendication du pouvoir", explique Patrick Genvresse.Patrick Genvresse fait là une distinction entre les enfants en sécurité narcissique (estime de soi) et ceux qui se trouvent en insécurité : "Ceux là ont besoin de prouver aux autres et auront plus tendance à harceler le copain".
Ce qui tisse notre sécurité , c'est la qualité relationnelle et les regards bienveillants, mais attention prévient-il "un petit roi n'est pas forcément en sécurité narcissique. Si on lui fait croire qu'il est merveilleux, sa confrontation au regard extérieur risque d'être difficile. Il ne va pas comprendre et peut adopter de fortes réactions d'opposition"
Tout est une question d'équilibre entre le regard bienveillant à la maison et "les limites cohérentes et indispensables à la construction. C'est l'apprentissage de la frustration et de l'attente".
Ne culpabilisez donc pas de dire : "Non, non mon chéri, tu ne pourras pas avoir tout ce que tu veux, quand tu veux." ou alors "Tout ce que tu fais n'est pas forcément bien"
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Patrick Genvresse sur le cyber-harcèlement.
Selon plusieurs études, on estime qu’il y a entre 10% et 15% de cyberharcelés