Depuis quelques jours, les agents de la voirie appliquent un produit "virucide" devant les magasins d'alimentation, les cabinets médicaux et les pharmacies. L'efficacité contre la propagation du Covid n'est pas scientifiquement établie, mais il s'agit évidemment aussi de rassurer la population.
Chaque matin à l'aube, Benjamin arpente les rues du centre-ville, un pulvérisateur sur le dos, un masque sur le nez. Le jet est orienté vers les seuils de porte, les bancs publics, les poubelles. "On passe devant les boulangeries, les boucheries, les pharmacies, les cabinets médicaux", explique cet agent de la voirie. "La consigne, c'est de désinfecter les endroits où les gens marchent et où ils posent leurs mains", ajoute Jérôme qui supervise cette brigade spéciale créée pour instaurer "une barrière supplémentaire" contre le virus.
"Nous sommes organisés pour tenir jusqu'à la fin du mois d'avril", explique Guillaume Capard, l'adjoint au maire de Deauville en charge de l'espace public. Une équipe composée de huit agents est opérationnelle, sept jours sur sept. La ville a acheté 200 litres d'un produit "virucide". "Le fournisseur garantit que c'est un produit qui fait tomber le virus, précise l'élu. Il était sur le marché avant le Covid 19. Il semble donner satisfaction. En tous les cas, c'est ce qu'on nous dit."
Désinfecter, est-ce efficace ?
D'autres municipalités, notamment dans le sud de la France ont entrepris de désinfecter tout ou partie de l'espace public afin de lutter contre la propagation du virus. Est-ce utile ? Personne ne semble être capable de répondre à cette question. "Nous ne disposons pas d'information sur la survie du virus sur un support tel qu'une chaussée" expliquait l'Agence Régionale de Santé d'Ile-de-France il y a quelques jours dans le Parisien.
Sur la page consacrée au Covid 19, le gouvernement précise : "Dans des conditions propices à sa survie, le virus pourrait survivre, sous forme de traces, plusieurs jours sur une surface. Toutefois, ce n’est pas parce qu’un peu de virus survit que cela est suffisant pour contaminer une personne qui toucherait cette surface. Au bout de quelques heures, la grande majorité du virus meurt et n’est probablement plus contagieux. La grande transmissibilité du coronavirus COVID-19 n’est pas liée à sa survie sur les surfaces, mais à sa transmission quand on tousse, qu’on éternue, qu’on discute ou par les gouttelettes expulsées et transmises par les mains".
La station balnéaire de la côte fleurie semble donc vouloir appliquer un principe de précaution maximal. "Cela permet aux gens de sortir en toute tranquillité et en toute sérénité", justifie Guillaume Capard. La désinfection est "une barrière supplémentaire" contre le virus. Elle est peut-être aussi un rempart contre la peur, dont il est établi qu'elle est également très contagieuse.
Devant une boulangerie, une baguette sous le bras, un retraité l'admet : "On est là face à quelque chose qui nous échappe et qui ressemble à la grippe espagnole dont me parlaient mes aïeux. Essayons donc de faire au mieux, chacun à sa mesure". A deux pas, Benjamin asperge le désinfectant sur un banc. La vapeur brille dans les pâles rayons du soleil matinal. Le produit est parfumé à la fraise. Le pavé subit ensuite l'habituel lavage à grande eau. "S'ils le font, c'est qu'il ont étudié la question. C'est vrai que ça rassure. C'est pas mauvais pour le moral".