Pour son premier film de fiction, la documentariste Jennifer Fox a puisé dans sa propre histoire, son enfance durant laquelle elle a été victime d'abus sexuels.
"C'est terrible, terrifiant", confie une spectatrice à la sortie de la projection, avant d'ajouter: "c'est un bon film". C'est peu dire que "The tale" a profondément remué le public du festival du cinéma américain. Le film raconte l'histoire d'une documentariste, dont la mère retrouve un jour le journal intime de ses 13 ans. La jeune fille d'alors y relate des moments intimes avec sa monitrice d'équitation et son entraîneur lors d'un camp d'été. L'héroïne, Jennifer, interprétée par Laura Dern, va mener l'enquête dans son propre passé et faire remonter à la surface un traumatisme qu'elle avait, d'une certaine manière, oublié voire occulté.
Jennifer, c'est aussi le prénom de la réalisatrice. Car "The tale" n'a rien d'un conte. La documentariste voulait aborder cette page sombre de son existence et la fiction lui semblait le seul moyen d'y parvenir. Le sujet est grave, la pédophilie, et abordé sans détour. La réalisatrice, elle-même victime, a conscience des émotions que son film peut faire ressurgir chez certains spectateurs. Elle a donc mis en place un site internet pour offrir une assistance psychologique au public. "En tant que réalisatrice, je prends mes responsabilités face aux réactions que le film déclenche". A Deauville, deux psychologues étaient présentes à l'issue de la projection pour rencontrer les sepctateurs qui en éprouvaient le besoin.