Dans le Calvados, sur la Côte de Nacre, les policiers municipaux de Ouistreham, Colleville-Montgomery et Saint-Aubin-d'Arquenay arborent désormais des caméras piétons. Les maires de ces communes ont adopté ces dispositifs en raison du contexte social compliqué.
"Je vous informe que l'intervention va être filmée par mon collègue." Après le bonjour, et la requête de couper le contact du véhicule, Gautier Desrivières, policier municipal à Ouistreham, avertit la personne contrôlée qu'un dispositif de captation vidéo va être enclenché. Comme la loi l'y oblige.
L'outil est en place depuis deux semaines dans trois communes du littoral calvadosien. A Ouistreham, Colleville-Montgomery et Saint-Aubin-d'Arquenay, qui ont opté pour la création d'une police municipale intercommunale il y a quatre ans. "On a une aire urbaine de 15 000 habitants en basse saison, mais près de 35 000 en période estivale. Il y a parfois des comportement défiants vis-à-vis des forces de l'ordre", explique Frédéric Loinard, maire de Colleville-Montgomery.
Je ne sais pas si c'est lié aux différentes crises qui se sont succédées mais les gens ont une espèce de sentiment d'impunité, même par rapport aux autorités.
Frédéric Loinard, maire de Colleville-Montgomery
Un dispositif encouragé et subventionné par l'Etat
En adoptant le dispositif de caméras piétons, l'édile souhaite protéger ses policiers autant que rassurer ses administrés. "Ces caméras permettent de désamorcer des situations qui pourraient dégénérer, mais aussi aussi de renforcer l'autorité et la légitimité de la police municipale dans ses interventions. En même temps, c'est aussi un moyen de justifier la manière dont s'est déroulée l'intervention. Au vu du contexte social actuel, le ministère de l'Intérieur encourage les mairies à équiper leurs agents municipaux, au même titre que les policiers nationaux et les gendarmes, déjà autorisés à porter le système.
Les municipalités bénéficient d'ailleurs de subventions pour pouvoir s'équiper. Chaque caméra coûte 500 €, les communes de la Côte de Nacre en ont acheté quatre, auxquelles il faut ajouter 3 500 € pour le serveur pour pouvoir stocker les prises de vues. Au total, 5 500 € dont le quart pris en charge par l'Etat.
Les images sont gardées trente jours en stockage puis détruites automatiquement. Qui peut les visionner ? "Le chef de service de la police municipale, l'officier de police judiciaire de la commune -généralement le maire - et le citoyen filmé sur demande". Le dispositif vient compléter les 90 caméras de vidéoprotection tout juste installées dans l'aire urbaine.