Corinne Ferret, sénatrice PS du Calvados, faisait partie de la commission mixte paritaire chargée d'étudier le texte sur la réforme des retraites ce mercredi 15 mars 2023. Fervente opposante à ce projet de loi, l'élue nous livre son ressenti à la sortie des échanges en exclusivité.
Corinne Ferret, sénatrice PS du Calvados, est l'une des 14 élus qui a siégé à la Commission mixte paritaire (CMP). Elle a débattu pendant près de 9 heures aujourd'hui sur le projet de la réforme des retraites avec 6 autres sénateurs et 7 députés. Un accord a été trouvé et le texte sera soumis au Parlement jeudi 16 mars 2023. Fervente opposante à ce texte, elle nous livre ses impressions.
Un accord a été trouvé sur le texte. Que ressentez-vous à la sortie de cette Commission mixte paritaire ?
"Tout ça pour ça ! La majorité présidentielle et la majorité sénatoriale, avec les LR surtout, s'étaient déjà mis d'accord la nuit dernière. On a examiné tous les articles et quasiment rien n'a bougé. Le gouvernement a accepté de revenir sur un certain nombre de sujets comme les 43 annuités des carrières longues. Mais là aussi c'est le flou total. C'est également le cas pour les pensions à 1200 euros. Il faudra regarder au cas par cas ! C'est vraiment flou !".
Est-ce qu'on arrive à la fin d'un feuilleton avec un vote du Sénat et de l'Assemblée nationale jeudi 16 mars ?
"On va arriver en effet au terme de la procédure parlementaire. Demain de fait, le Sénat et l'Assemblée vont voter et se prononcer sur les conclusions de la commission mixte paritaire. Pour autant, nous avons l'intention de demander un référendum d'initiative populaire sur la question des retraites. Nous avons demandé au Président de la République d'écouter les Français, il ne l'a pas fait, peut-être qu'avec un référendum il le fera ! Les syndicats sont dans la même démarche. Et d'un point de vue juridique, si la loi est votée par le Parlement, on est prêt à attaquer ce texte auprès du Conseil Constitutionnel. C'est une option qu'on ne rejette pas!".
Et si le gouvernement passe par un 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites ?
"Ce sera de la responsabilité du Président de la République, Emmanuel Macron, et de la Première ministre, Elisabeth Borne. Le recours au 49.3 ce serait très grave. C'est un article de la Constitution qui permet d'y recourir quand c'est nécessaire. Pour autant sur une telle réforme, faire un passage en force ce serait du mépris. Ils n'entendent pas la population, les syndicats, ils n'arrivent même pas à une majorité suffisante à l'Assemblée nationale alors ce serait un aveu de faiblesse énorme de la part du gouvernement. Et ce serait grave pour notre démocratie de faire passer une telle réforme par le biais d'un 49.3. Emmanuel Macron ne mesure pas la colère des Français qui s'exprime dans les cortèges, chez ceux qui font grève et aussi chez les personnes qui ne peuvent pas se mobiliser mais qui sont en colère face à cette réforme !".
Si la réforme est votée, les mobilisations doivent-elles se poursuivre selon vous ?
"Si les Français et les organisations syndicales veulent continuer à faire part de leur rejet de texte, qu'ils le fassent, qu'ils se mobilisent. Il y a d'autres lois qui ont été adoptées mais pas promulguées car les gens se sont battus. Emmanuel Macron ne peut pas rester sourd face aux protestations, ce n'est pas possible. Il est de sa responsabilité d'engager la discussion et le dialogue. Il ne peut pas laisser le pays sous tension. Il doit faire un geste et notamment rencontrer les syndicats. Il faut qu'il tende la main, qu'il donne un signe. Il ne peut pas rester dans sa posture de mépris ressentie par les citoyens".