Des lots cliniques d'un vaccin dit de deuxième génération, le CoVepit, en phase de test, sont produits par Cenexi, une société basée à Hérouville-Saint-Clair (14). A terme, ce sont près de 40 millions de doses d'un vaccin franco-français qui pourraient y être fabriquées.
Au pays des vaccins, il y a de quoi s'y perdre parfois! Entre les vaccins ARN messager et leur technologie révolutionnaire qui scanne l'ADN sans y rentrer ( Pfizer, Moderna) , les adénovirus recombinés comme AstraZeneca, Johnson, voici maintenant une autre voie , celle des lymphocytes T. C’est l’une des pistes de traitements les plus prometteuses parmi les essais en cours dans le monde.
C'est le vaccin contre le COVID-19 en phase de tests créé par la start-up nantaise Ose immunotherapeutics : CoVepit. " Je trouvais dommage que le monde scientifique , Chinois, Américains, Russes ou autres utilisent pour les vaccins contre la Covid tous la même porte d'entrée, celle qui s'attaque à la protéine de surface du Sarc-Cov-2, la protéine Spike en créant des anticorps" explique Nicolas Poirier, directeur scientifique du laboratoire nantais . " Surtout que Spike mute beaucoup"!
Multicible et multivariants
" Il y a d'autres protéines dans ce virus, nous en avons ciblé 11 au total, ces peptides qui sont de petites protéines qui mutent également, nous les avons étudié à travers des séquences du génome du virus , 67.000 séquençages au début, près de 2 millions aujourd'hui à tous les endroits du globe sur la grande base de données internationale , c'est vous dire la précision en temps réel avec laquelle nous travaillons, nous intégrons les variants qui sont le sujet qui va nous préoccuper pour les années à venir, collectivement " .
" Schématiquement, les vaccins actuels que ce soit des Arn messager ou d'autres technologies sont une réponse d'urgence, ils restent actifs face à la protéine Spike et face aux variants à des pourcentages élevés mais on sait aujourd'hui que dès cet automne, il y aura les vaccinations de troisième dose. Ce qui nous intéresse, c'est de nous inscrire dans une vaccination durable, un vaccin qui empêche une réinfection, avec un seul rappel" .
Le principe ?
Appliquer au coronavirus l'approche que le laboratoire nantais a développée pour le cancer du poumon. Avec les lymphocytes T, c'est une mémoire fine au long cours du corps face au virus et surtout qui "s'adapterait aux variants grâce au travail sur les autres protéines." Les lymphocytes ont une mémoire très longue, on trouve encore des traces de réponses au Sras par exemple chez des patients infectés en 2003. "
Avec le vaccin, les lymphocytes savent cibler et sont capables d'éliminer leurs cibles
Il s'agit donc d'éduquer ces cellules ces globules blancs en modifiant leurs caractéristiques génétiques pour qu'ensuite elles attaquent le Covid.
Fabrication en Normandie
Nicolas Poirier espère bientôt démarrer la production du vaccin et sa commercialisation début 2022. " Nous sommes actuellement en phase de test, nous croyons dur comme fer dans notre technologie. Si CoVepit qui est un vaccin français devait se développer rapidement, on travaillera avec le site de production de Cénexi, près d'Hérouville-Saint-Clair, dans le Calvados. On pourrait aller jusqu' à 40 millions de flacons en Normandie, cela correspond à la capacité de remplissage de la ligne de production."
Nous venons d’annoncer un accord avec Cenexi pour la production de lots cliniques de CoVepiT, le vaccin multi-cibles de 2ème génération d’OSE contre la COVID-19 actuellement en Phase 1 clinique. En savoir plus : https://t.co/fYvDIVkxnv pic.twitter.com/G16iK1jucL
— OSE_IMMUNO (@OSEIMMUNO) June 30, 2021
Cenexi réalise déjà la mise en œuvre des peptides et leur émulsion stérile ainsi que le remplissage des lots cliniques de CoVepiT utilisés dans les essais cliniques potentiellement dans les phases cliniques ultérieures.
Après l'échec français à découvrir rapidement un vaccin anti-Covid, l'initiative de cette start up nantaise booste le paysage de la recherche française, d'autres start-up lui emboîtent le pas. Le laboratoire a reçu un premier financement public de 5,2 millions d'euros en décembre 2020.
La recherche et l'innovation longtemps parent pauvre de l'Etat redeviennent une priorité d'investisememnt avec le Covid : un plan de plusieurs milliards d'euros destiné à dynamiser la recherche et l'innovation en matière de santé vient d'être annoncé avec des investissements massifs, une simplification et un décloisonnement entre les acteurs publics et privés de la recherche.