Après l'annonce de la fermeture du site de Cagny, le gouvernemeent a appelé mercredi les dirigeants du groupe Südzucker à étudier les éventuels projets de reprise.
Le ministre de l'Agriculture a reçu mercredi les dirigeants du groupe sucrier Südzucker. Didier Guillaume leur a demandé "d'envisager la cession des sites" que l'industriel souhaite fermer en France, dont l'usine de Cagny, "si des projets de reprise crédibles devaient émerger".
"Considérer toutes les options pour maintenir une activité industrielle"
Le gouvernement a demandé de considérer toutes les options pour maintenir une activité industrielle sur ces sites, et notamment d'envisager la cession si des projets de reprise crédibles devaient émerger, indique le ministère dans un communiqué, précisant que le gouvernement a appelé l'entreprise à respecter "ses obligations légales".
"Nous ne commentons pas ce genre de négociations", a réagi Dominik Risser, porte-parole du groupe sucrier, après avoir confirmé dans la matinée que l'arrêt de la production sur les deux sites était toujours d'actualité.
Saint-Louis Sucre, filiale depuis 2001 de Südzucker, a annoncé le 14 février la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France en 2020, dont le site de Cagny, ainsi qu'une vaste réorganisation pour faire face à une baisse des cours du sucre. Cela se traduirait par 130 suppressions d'emplois, dont 77 à la sucrerie de Cagny. 70 emplois saisonniers sont également menacés sur le site normand.
"L'Etat et les régions ont donc demandé au groupe allemand de revoir son projet et d'ouvrir les négociations avec l'ensemble de la filière", ajoute le communiqué. "Il n'est pas acceptable que la France subisse une solution brutale et supporte l'essentiel de la restructuration envisagée par Südzucker."
Le gouvernement favorable à une "réorganisation de la filière"
"Le gouvernement se donne huit jours pour écrire aux Allemands et leur dire tout le mal qu'il pense de leur projet", a assuré la députée socialiste du Calvados Laurence Dumont, à l'issue d'une réunion explicative avec le ministre. "Nous sommes un peu alarmistes sur le fait que les Allemands voudraient supprimer toute leur présence en France mais ils ne l'ont pas dit."
"L'Etat leur a demandé de chiffrer un certain nombre de choses et leur a donné 15 jours-trois semaines pour apporter des réponses", a ajouté Loïc Touzé, délégué FO de l'usine de Cagny. Selon le syndicaliste, Südzucker avait précédemment estimé à 200 millions d'euros la restructuration des cinq usines européennes qu'il entend fermer.
Au micro de Sud Radio dans la matinée, Didier Guillaume avait accusé SüdZucker d'être un "prédateur économique" et avait plaidé pour une "réorganisation de la filière" sucrière en raison de la chute des cours du sucre. "Le gouvernement se rend compte qu'il va avoir un problème dans la filière sucre française", a poursuivi le syndicaliste. "Il existe pourtant un vrai projet de reprise des deux usines porté par les planteurs de betteraves à Cagny qui ont 15.000 hectares."
Benoît Hamon appelle à "nationaliser" Cagny
Mercredi, le candidat aux élections européennes, en meeting à Caen, a rendu visite aux salariés et représentants du personnel de la sucrerie Saint-Louis. Le chef de file de Generation.s a dénoncé un "massacre de l'emploi" et plaidé pour une "nationalisation temporaire", selon les propos rapportés par Tendance Ouest :
On peut décider de mettre en place une nationalisation temporaire : l'État achète l'usine et puis la revend à ceux qui voulaient l'acheter.
Interview : Simon Derrien et Guillaume Le Gouic@benoithamon est à Cagny pour apporter son soutien aux salariés de la sucrerie St-Louis dont la fermeture a été annoncée il y a quelques semaines. Plusieurs centaines d'emplois sont menacés. pic.twitter.com/NTp5hD6Qy4
— Génération•s Caen (@generationscaen) 13 mars 2019