Réchauffement climatique. « Heureusement qu’il a plu en août, ça a sauvé les arbres normands »

Les températures atteignent des records pour une fin septembre, la Normandie n’y échappe pas avec 28°C à Caen et 27°C à Rouen – autant qu’à Vérone en Italie du Nord. Dans les jardins, comment réagissent les arbres et les arbustes à cet été indien ?

Les arbres normands ne s’en tirent pas si mal. Et c'est une bonne nouvelle. Disons que ce n’est pas la météo estivale qui va les atteindre. "Ce qui peut fragiliser les arbres, c’est le cumul des événements : des gels tardifs et intenses, plusieurs étés trop secs et très chauds…tout cela les rendra plus sensibles aux maladies" estime Jean-Loup Charpentier. Il est biologiste, écologue et s’occupe d’une pépinière Nordic Rustic.

Les arbres des forêts et des jardins normands ne sont pas en souffrance

Il mène des tests en plantant des essences peu habituelles sous les cieux normands et les mélange. Yuzu, ou variété de mandarine venue du Japon s’adaptent ainsi dans la terre de l’Eure. Son axe de travail : la résistance au froid et le stress hydrique.

"Plusieurs scénarios sont possibles en termes de changement climatique. On tendrait vers des étés plus chauds et secs, et des épisodes climatiques plus violents comme du gel tardif et des précipitations fortes. Il faut donc faire attention aux espèces et aux variétés que l’on achète." Jean-Loup Charpentier préconise de diversifier les arbres fruitiers dans les jardins, en mêlant pommiers, poiriers et pruniers.

Grenades, mandarines et raisin en Normandie

Selon lui, le grenadier (résistant au froid et au sec), les oliviers et la vigne ont de l’avenir en Normandie. Comme les agrumes. "Il est important aussi de ne pas acheter n’importe où ses arbres. Dans certaines grosses jardineries, les vendeurs ne peuvent pas tout savoir de leurs plants. Or, déterminer le porte-greffe est une information importante pour connaître la résistance aux maladies ou au gel."

Revenons à notre été indien : un fruitier comme le pommier normand ne devrait pas pâtir de ces températures élevées pour une fin de saison, tandis que les hêtres et les chênes sont plus sensibles notamment à la sécheresse. "Heureusement qu’il a plu en août, ça a sauvé les arbres et la végétation, et ça a évité la casse, mais dans le Sud cette année, c’est violent pour les arbres" précise Jean-Loup Charpentier.

Du côté d’une pépinière à Clinchamps-sur-Orne au sud de Caen, les 2400 m2 d’arbustes et de plantes sont arrosés avec les eaux pluviales. Pour Philippe Reussard, à la tête de l’entreprise depuis 17 ans, "ce n’est pas la première fois qu’on a chaud fin septembre, et on est dans le timing par rapport au cycle de vie des arbres."

Pas d'inquiétude donc si les feuillages bien garnis ne semblent pas prêts à entrer dans l'automne. Certains arbres refont même des bourgeons.

 Avec la chaleur, les arbres repartent en végétation, c’est courant de voir ça en septembre.

Philippe Reussard, pépiniériste

"Septembre est souvent un mois de pousse pour les arbres. Ce qui fait chuter leurs feuilles, c’est le delta de température entre le jour et la nuit" explique-t-il. Il faut un écart important entre les températures diurnes et nocturnes pour que les arbres passent en mode automnal et cessent la photosynthèse.

Côté précipitations, ses relevés ne l’inquiètent pas : "normalement il tombe environ 700 millimètres d’eau par an, actuellement on est à 580-600 mm. S’il pleut cet automne, on aura donc une année classique."

Philippe Reussard insiste sur une chose pour les jardins des particuliers comme pour les collectivités : "il faut respecter le cycle de l’eau". Cela signifie pour lui de tout faire pour que l’eau de pluie retourne à la terre.

Arroser, oui, mais avec de l'eau de pluie

"Il n’y a pas plus écologique que l’arrosage. À la condition qu’il soit réalisé avec des eaux grises, de l’eau de pluie. Et pas avec de l’eau traitée de manière industrielle pour la rendre propre à la consommation. C’est aberrant d’arroser à l’eau potable. Il faudrait d’ailleurs repenser le système de rejet des eaux grises des stations d’épuration : au lieu d’aller en rivière, elles devraient servir à d’autres usages qui permettent un retour vers la terre. Comme l’arrosage ou le nettoyage des voiries".

À vos bidons de récupération d’eaux de pluie ! À la condition que le trop-plein ne reparte pas vers les canalisations, mais bien vers votre jardin.

Dans la chaleur de fin d'été, le pépiniériste conclut avec un brin de sagesse : "que peut-on y faire ? Quand on travaille avec la nature, on s’adapte, et elle s’adapte, elle aussi".

Comment les arbres perdent leurs feuilles à l’automne?

Les feuilles sont équipées de capteurs qui détectent le raccourcissement des jours. Ces capteurs envoient un message aux arbres qui provoquent la création de sorte de bouchons à l’entrée de chaque feuille. Celles-ci ne sont plus alimentées en sève. La photosynthèse qui se joue dans les feuilles est stoppée ; la chlorophylle se dégrade et les feuillages basculent alors du vert aux teintes dorées, rouges ou marrons. Avant de tomber.

Pendant l’été, certains arbres se départissent de leurs feuilles. Il peut s’agir d’un processus de protection des arbres qui tentent ainsi de garder des ressources en eau.

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