C'est un fléau qui pollue les rues de la ville d'Hérouville-Saint-Clair, dans l'agglomération caennaise. Les caddies de l'hypermarché Carrefour sont de plus en plus laissés à l'abandon sur la voie publique. La municipalité dit en avoir récupéré près de 600 ces six derniers mois.
Des chariots de course dans les rues, abandonnés un peu partout par les clients. Le phénomène n'est pas nouveau à Hérouville-Saint-Clair, dans l'agglomération caennaise. "Ce n'est pas un nouveau phénomène, loin de là. Il y en a toujours eu. C'était même pire qu'aujourd'hui", indique Odile, une habitante de la commune depuis 46 ans. "Les gens ramènent leurs courses chez eux avec leur caddie. Mais c'est surtout que les gamins les mettent n'importe où. Des fois, on en trouve dans les bosquets." Alors Odile, de temps en temps, en ramasse un pour aller faire ses propres courses et le ramener à leur propriétaire, l'hypermarché Carrefour. "Je ne trouve pas ça correct que les gens se servent d'un caddie et le laissent en vrac au milieu de la route ou sur le trottoir", réprouve Monique, retraitée, qui elle aussi estime avoir connu pire dans la commune.
Si ces habitants trouvent ces chariots plus discrets qu'à une époque, c'est que le service propreté de la ville en assure, bien malgré lui, le ramassage chaque semaine. Sur un terrain, que la municipalité souhaite garder secret, sont stockés des dizaines et dizaines de chariots. Près de 600, selon Rodolphe Thomas, le maire d'Hérouville-Saint-Clair. Le "butin" collecté durant les six derniers mois par les agents municipaux. La nature a déjà repris ses droits et certains chariots sont recouverts par la végétation. Selon, les services de la Ville, 300 de leurs congénères seraient encore éparpillés aux quatre coins de la ville. Soit un sacré trou dans le parc de l'hypermarché qui en possède 1200.
Et si l'enseigne veut les récupérer, elle va devoir allonger la monnaie. Une simple pièce d'un euro ne suffira pas à débloquer la situation. "Nous ne rendrons pas les caddies tant qu'il n'y aura pas une taxe de dix euros par caddie pour les enlever dans les meilleures conditions", assène Rodolphe Thomas, "ça permettra avec le CCAS (centre communal d'action sociale) d'Hérouville d'en faire bénéficier une association qui œuvre sur le champ de l'insertion sociale ou professionnelle."
Le maire admet que le phénomène n'est pas nouveau. Mais selon lui, la situation est devenue "intenable". Le premier magistrat de la commune estime qu'il en va du cadre de vie et de la sécurité de ses administrés. Et indique avoir mené, avec l'enseigne de la grande distribution, une politique de "la main tendue depuis plusieurs mois, voire deux-trois ans" sur ce sujet. "On les a déjà alertés plusieurs fois. À un moment, on est obligé de sévir à travers le porte-monnaie de Carrefour."
"Le prestataire ne fait pas son travail"
Dans un communiqué (notre demande d'interview est restée lettre morte), Carrefour affirme être conscient du problème "depuis plusieurs années" et indique avoir mis en place les moyens pour y remédier. "Jusqu'alors le magasin assurait un ramassage hebdomadaire des chariots éparpillés aux alentours du magasin. Conscients des désagréments que cela peut causer, la direction du magasin a renforcé la fréquence de ramassage des chariots laissés aux alentours du site à trois fois par semaine, et cela, depuis plusieurs semaines."
Au milieu des centaines de chariots stockés sur un terrain de la ville, Rodolphe Thomas balaye cette version d'un revers de la main. "Au vu du constat, le prestataire de Carrefour ne fait pas son travail ou ne le fait pas correctement. Il attend toujours que les services municipaux le fassent à sa place. Ça suffit. Il faut qu'on puisse responsabiliser à la fois Carrefour et son prestataire pour le bien du cadre de vie des habitants d'Hérouville-Saint-Clair." Selon le maire, "la négociation est engagée". Odile, elle, propose une autre solution : "si on devait mettre une pièce de deux euros, les gens feraient un petit peu plus attention, ils ne laisseraient pas comme ça les caddies".