Hommage aux agents pénitentiaires tués. L'hommage national, une cérémonie qui en dit long sur notre société ?

Les cérémonies d'hommage national semblent de plus en plus fréquentes. Est-ce le cas ? À quoi sert ce moment de recueillement officiel ? Que dit-il de notre société ?

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L'hommage rendu par la Nation à Fabrice Moello et Arnaud Garcia, les deux agents pénitentiaires tués le 14 mai à Incarville, appelle une mise en perspective. Un politologue nous éclaire sur ces cérémonies et sur leur finalité.

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Qui décide d'un hommage national ?

"L'hommage national est un choix du président" explique Christophe Boutin, professeur de droit public à l'université de Caen. Le président de la République "décide seul de mettre à l’honneur une ou plusieurs personnes et de leur accorder cet hommage national avec des gradations plus ou moins importantes, comme de mettre les drapeaux en berne, ou déclarer une minute de silence dans l’administration."

Quant au lieu choisi, l’hommage se fait classiquement aux Invalides. "On amène dans la cour d'honneur les cercueils devant lesquels le président prononce un éloge funèbre, mais dans certains cas, la cérémonie est délocalisée et se tient là où les victimes travaillaient, comme à Roubaix récemment."

Qui peut être mis à l'honneur lors de cette cérémonie ?

"Normalement les hommages sont réservés à des hommes et des femmes qui ont illustré la République et ses valeurs" explique Christophe Boutin, professeur de droit public à l'université de Caen. "Mais depuis quelque temps et la présidence de François Hollande, on voit se multiplier les hommages nationaux" (4 ou 5 sous la présidence de Jacques Chirac, 20 sous celle de François Hollande, 30 sous la présidence d'Emmanuel Macron). On a vu apparaître des hommages aux victimes du terrorisme et sous Emmanuel Macron.

L'hommage national, une manière d'écrire l'Histoire de la Nation ?

"Il y a une toujours eu une instrumentalisation de l'hommage national" précise Christophe Boutin, "parce que, ne serait-ce que dans les premiers hommages nationaux, sous la IIIe et la IVe République, c’était une manière de réécrire le roman national, d’expliquer comment ces personnalités mises à l’honneur ont écrit l’histoire de la Nation."

Ce type de cérémonie, par sa multiplication, sert autant à valoriser la personne à qui on rend hommage que l’image du président de la République.

Christophe Boutin, professeur de droit public à l'université de Caen

"Dans certains cas, l’hommage semble servir de cérémonie expiatoire pour le chef de l’État qui pense que par un éloge funèbre, il va pouvoir écarter ce qui relève des dysfonctionnements de l’État " estime le politologue.

"Aujourd’hui, avec l’aspect de réponse aux victimes d’attentats et aux fonctionnaires morts dans l’exercice de leur fonction, on a un autre aspect politique. On n’est plus dans la reconstruction du mythe national, mais dans l’idée que l’État fait repentance face à un dysfonctionnement. Cela interroge : l’éloge funèbre est-il suffisant pour répondre aux problématiques ? Les policiers par exemple, veulent plus de moyens pour répondre à leurs missions de lutte contre la violence, et demandent qu’elle soit mieux prise en compte au plus haut niveau de l’État."

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