Kévin Vauquelin est sur le point d'entamer sa troisième saison dans le peloton professionnel. Après une première année prometteuse, mais frustrante, le cycliste normand a vécu 2023 entre victoires et douleurs. Il aborde avec appétit une saison 2024 remplie de gros objectifs.
Le soleil espagnol pour préparer la nouvelle saison, et finir de panser les plaies physiques et morales de la précédente. Du 11 au 19 décembre, Kévin Vauquelin est en stage à côté de Benicassim, près de Valence, avec son équipe Arkéa-Samsic, pour préparer 2024. Entretien avec le coureur normand à l'aube d'une saison qui pourrait le voir découvrir le Tour de France et les Jeux Olympiques.
Kévin, commençons par un coup d'œil dans le rétroviseur. Vainqueur du Tour des Alpes-Maritimes et du Haut-Var en février, 3ᵉ meilleur jeune de Paris-Nice en mars, lauréat du Tour du Jura en avril, vous avez entamé 2023 tambours battant.
Kévin Vauquelin : C'était un aboutissement de pouvoir avoir directement des victoires et des bons résultats. Si on prend les trois premiers mois de la saison, je ne quitte pas le Top 10 des courses auxquelles je participe. C’est plutôt satisfaisant, comparé à l'année précédente où j'avais eu beaucoup de Top 10, mais pas une seule victoire. J'ai essayé d'apprendre des erreurs que j'avais pu faire, et des bonnes performances aussi. Ça a montré mon évolution, un gap pris physiquement et mentalement, ainsi que dans la lecture de course.
Après ce début de saison de haute volée, la suite a été bien plus compliquée. Entre chutes, blessures et abandons, comment avez-vous géré le contrecoup ?
KV : Je suis tombé lourdement au Pays de la Loire Tour, ça m'a occasionné des blessures que je n'ai pas senties tout de suite. Une semaine plus tard, j'ai gagné le Tour du Jura au prix d'un gros effort. Ensuite, sur le Tour de Romandie, je n'avais plus de force du tout. En faisant des examens, on m'a décelé trois fractures dans le dos, avec un gros œdème sur six vertèbres. Entre-temps, j'ai développé une tendinopathie au psoas. J'ai mis deux mois en convalescence, mais la douleur était surtout dure psychologiquement, et physiquement, j'ai perdu beaucoup de niveaux.
Dans ces conditions, vous avez quand même participé au Tour d'Espagne…
KV : Je n'étais pas à 100% sur la Vuelta. Finalement, avec du recul, était-ce une bonne décision d'y participer ? Sur le coup, oui, parce que c'était beaucoup d'apprentissage, et tant mieux. Ça m'a permis de faire mon programme, de savoir appréhender une course de trois semaines, mais ça m'a aussi montré qu'un grand tour, c'est très dur, surtout qu'on n'est pas au niveau. Je pensais avoir la fraîcheur sur la fin de saison. Je l'avais côté physique, mais le mental était complètement cramé.
Quand on a été très haut comme je l'ai été en début d'année, avec le couteau entre les dents, la peur de rien, ça fait bizarre de retourner à zéro. Cette blessure a été dure à digérer mais c'est un passage obligé. Être courageux et gagner, c'est bien mais s'il faut le payer pendant deux mois, pas sûr que ça en vaut la peine.
Kévin Vauquelin, cycliste chez Arkéa Samsic
Il y a eu ensuite plusieurs autres chutes qui ont encore continué d'entamer votre confiance.
KV : Lors de ma reprise, je suis allé trois semaines à Isola 2000 en stage d'altitude, je suis tombé le dernier jour en descente. Sur la première étape du Tour de Pologne, je chute, et puis lors du chrono par équipe inaugural de la Vuelta, on est trois de l'équipe à tomber sous la pluie. J'avais peur en peloton, j'avais peur sur le mouillé, j'avais peur en descente, donc ça a été compliqué. J'ai eu un blocage, et c'est pour ça que j'ai fait appel à un préparateur mental avec qui je vais dorénavant travailler. Cette mauvaise passe m'a tout de même permis de mieux me connaître, et d'être plus armé pour la suite de ma carrière.
Quels vont être les grands rendez-vous de la saison 2024 ?
KV : Mes trois objectifs seront les championnats de France en Normandie en juin, le Tour de France et les Jeux Olympiques en juillet. Ça va être un mois et demi à bloc où il faudra être très bon. C'est pour ça qu'il va falloir que je ne me prenne pas trop la tête sur mes résultats en début d'année. M'aligner pour gagner, oui, mais ne pas en faire tout un plat si ça ne marche pas immédiatement. Sur la saison dernière, il y a eu un déclic lorsque j'ai battu Vingegaard sur la ligne, à Paris-Nice. Même s'il n'était pas à 100%, je me suis rendu compte que j'étais capable de rivaliser avec les meilleurs. Sur cette bosse, j'ai fait un effort que je ne pensais pas réalisable. Je vais me préparer pour être au rendez-vous sur les grands évènements.
🚴♂️Présentation officielle du pôle espoir de cyclisme ce matin à Caen
— Centre Sportif de Normandie (@CSNHoulgateCaen) December 5, 2023
Une promotion 2023/2024 parrainée par Kevin Vauquelin, cycliste professionnel dans la team @Arkea_Samsic et ancien du pôle également.@RegionNormandie @SylvainLetouze@LaplaceLycee @NormandieCyclis@FFCyclisme pic.twitter.com/eBpRpYGCYC
Vauquelin présélectionné pour les Jeux Olympiques
Interviewé par Ouest-France, Emmanuel Hubert, patron d'Arkéa-Samsic, bientôt Arkéa- B&B Hotels, a déclaré qu'il y a "de grandes chances" que Kévin Vauquelin participe au Tour de France, au même titre qu'Arnaud Démare, recrue estivale de l'équipe bretonne.
Concernant les Jeux Olympiques de Paris, le coureur normand fait partie d'une présélection d'une douzaine de Français, pour quatre places seulement. Il pourrait doubler le contre-la-montre et la course en ligne.