Crise énergétique : régler les factures, un nouveau défi pour les communes ?

Groupement d’achat, rénovation énergétique, de production d’énergies renouvelables : quelles sont les solutions pour les communes, face à la flambée des prix de l’énergie ?

De nombreuses collectivités locales sont dans l’obligation de réduire drastiquement leur consommation énergétique, en fermant des piscines par exemple, en reportant des chantiers, ou encore en coupant la lumière la nuit. Chacune cherche une solution pour diminuer ses charges.

Une facture multipliée par trois en 2023 ?

Le syndicat départemental d'énergies du Calvados (SDEC) organisait ces dernières semaine des commissions locales d’énergie. "On subit l’augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité. C’est une réalité cette année mais elle sera plus conséquente en 2023 / 2024", indique Alban Raffray, responsable du département transition énergétique du SDEC. "On achète par anticipation un an ou deux à l’avance. Aujourd’hui, les prix pour certaines collectivités sont préservés mais en 2023, la facture pourrait sans doute être multipliée par trois." 

Le Sdec fait du groupement de commande, met en concurrence et ne cache pas ses craintes sur les perspectives qui sont celles des marchés. 

On a du mal à penser que l’on va retrouver les prix d’il y a deux ans pour l'achat de l'énergie.

Alban Raffray, responsable du département transition énergétique du SDEC

Economiser tous azimuts

Certaines communes n’ont pas attendu et ont anticipé la pénurie énergétique.  Ainsi, voilà déjà quatre ans que la commune de Dozulééteint ses lampadaires la nuit. "Nous l’avons fait dans la concertation avec la population",  explique la directrice générale des services  Claire Rozencwajg. "Aujourd’hui, les gens mesurent l’importance du geste."

Ici, une bonne partie de l’éclairage est passée au led. Une convention de renouvellement des luminaires de plus de 30 ans a été passée avec le Sdec. "Les prochains seront moins énergivores, c’est déjà le cas dans quatre nouveaux lotissements. On a augmenté le nombre de points lumineux mais grâce aux économies la nuit et aux led, le budget éclairage public a baissé de 20%", poursuit la directrice.

Idem à Thury-Harcourt où cette politique a démarré il y a deux ans.  Le maire, Philippe Lagalle, précise: "Là où il n'y a pas besoin de sécurité et dans la zone économique de la commune, nous éteignons de 23 heures à 6 heures. Dans les autres secteurs incluant collège et écoles, nous éteignons à partir de 20 heures et jusqu'à 6 heures. Dans les équipements publics (salles de sport, salles de réunion, toilettes ...), nous avons mis un système de détection de présence pour s'assurer qu'il n'y ait plus personne."

Enfin, il y a un poste sur lequel s'accordent les communes, c'est la réduction de la durée des illuminations de Noël qui devrait, cette année, être réduite de moitié. 

Remplacer les grilles-pains

En matière de chauffage des bâtiments publics, la municipalité de Dozulé a décider de geler les nouvelles locations pour l'hiver de la salle des fêtes. Une chaudière au bois (gérée par l'établissement public de coopération intercommunale Normandie Cabourg Pays d'Auge) alimente la cantine, l'école, l'espace culturel et l'école maternelle.

Nous avons des projets de construction de nouveaux bâtiments mais ils seront le moins énergivores possibles, ils devraient se suffire à eux-mêmes. Nous envisageons la pose de panneaux  photovoltaïques et nous réfléchissons au mode de chauffage  qui sera le plus économique possible.

Claire Rozencwajg, directrice générale des services de Dozulé

"Par exemple, nous allons essayer de mutualiser la chaudière pour la mairie et l’une des nouvelles salles de l’ancien marché couvert dont la reconstruction est prévue." A Thury-Harcourt, "les grilles-pain ont été remplacés par des systèmes plus économiques" indique le maire. La ville a aussi fait le choix de réduire la température à 19 degrés dans tous les locaux publics avec un système de programmation. Se basant sur le fait que "l'énergie la moins chère est celle qui n'est pas consommée", la mairie envisage l'amélioration de l'isolation des bâtiments publics. En attendant, les permanences municipales de la commune nouvelle du Hom (réunissant plusieurs communes) se tiendront à la mairie de Thury-Harcourt pour éviter de chauffer les mairies annexes.

Nous allons mettre des compteurs Linky dans les établissements publics pour savoir qui consomme quoi. Une opération qui sera suivie d'une campagne de communication pour sensibiliser les usagers aux économies d'énergie

Philippe Lagalle, Maire de Thury-Harcourt

Des factures qui ont plus que doublé

Si certaines communes parviennent à limiter les dépenses, d’une façon générale, le constat est inquiétant. L’association des petites villes de France (APVF) considère que dans certaines de ses communes-membres, les dépenses énergétiques ont bondi de 50%. Pour l’association des maires de France, ces hausses oscilleraient entre 30 et 300%. Intercommunalités de France a mis en lumière un doublement ou plus du montant de la facture énergétique pour les trois quarts des intercommunalités. Pour le SDEC, les factures, tout poste confondu, augmentent de 100 à 150%.

La lutte contre la crise de l’énergie doit donc passer par la mutualisation des achats, la sobriété énergétique (écoles, durée de l'éclairage public, décarbonation des transports…), l’efficacité énergétique des bâtiments avec un repérage des bâtiments à enjeux de rénovation publics, le développement de la consommation et de la production locales d’électricité, la lutte contre la précarité énergétique.

Le syndicat va plus loin en proposant une production autonome d’électricité des localités, par le solaire notamment, qui permet de consommer ce que l’on produit. L’avantage, indique Alban Raffray, c’est que "le prix est fixe sur le prix de l’installation. C’est un prix stable déconnecté des marchés qui ne bouge pas dans le temps. C’est un intérêt certain pour une auto-consommation individuelle et collective afin d'alimenter écoles, mairies, salles des fêtes et entreprises locales."

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