Les golfs normands sont-ils gourmands en eau ?

Le golf de Caen la mer a été vandalisé à Biéville-Beuville (Calvados) dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 septembre 2023 par un groupe d'activistes. Une action militante qui interroge la consommation d'eau des golfs normands.

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Dans le brouillard matinal, les jardiniers du golf de Biéville-Beuville, n'en ont pas cru leurs yeux. Ce qui était encore la veille un épais matelas herbeux autour des drapeaux, n'est plus qu'une surface éventrée, parsemée de mottes de terre arrachées et de pelletées de terre retournées. Sur le green, un message : "eau secours".

Cette action coup de poing, menée dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 septembre sur les golfs de Caen la mer à Biéville-Beuville (Calvados) et de Vire La Dathée, a été revendiquée par un collectif d'activistes baptisé "La Ronce". Leur objectif ? Défendre le vivant et dénoncer l'accaparement des terres et de l'eau pour le loisir de quelques privilégiés.

Si ces derniers ont choisi de cibler des greens, cela n'est pas un hasard. Pour garantir une bonne qualité de jeu, ces espaces verdoyants font l'objet de soins méticuleux des jardiniers, à commencer par un arrosage généreux. Une pratique qui interroge en période de restriction d'eau. Mais qu'en est-il vraiment de l'impact écologique des golfs normands ?

Une consommation d'eau limitée

Pour Pierre Lordereau, président de la Ligue de Normandie, ces activistes se trompent de combat. Exit l'image du golf verdoyant au milieu du désert, en Normandie l'arrosage ne se fait qu'à la marge : " En situation tendue, on arrose que les greens. Il ne s'agit que de 1,5 à 2 % de la surface d'un golf. "

Concrètement, un golf de 18 trous consomme en moyenne 15 000 à 20 000 m3 d'eau par an selon la Ligue de Normandie. C'est l'équivalent de la consommation annuelle de 100 foyers. Bien en deçà de la moyenne nationale compte tenu de la pluviométrie normande.

Maxime Morel, directeur du golf de Caen, abonde en ce sens : "Nous n'avons pas utilisé une goutte d'eau depuis le mois de juin pour entretenir les greens. Et là, on a dû arroser ce matin pour réparer les bêtises de ces pseudo-écologistes afin que la plante ne meure pas. On marche sur la tête". La consommation d'eau en Normandie reste donc marginale.

Toutefois, pour améliorer leur impact écologique, les clubs de golf se sont équipés d'instruments de mesure pointus ainsi que d'outils de captation et de stockage des eaux pluviales. Des investissements onéreux, portés par des financements de la région.

"On a des outils pour calculer l'évapotranspiration de la plante. Tant que le taux d'humidité est bon, on n'arrose pas", expose Jourdan Willy, du club de golf de Vire la Dathée, qui ajoute n'utiliser que de l'eau de pluie pour l'entretien du parcours. Les gérants du golf ont pour leur part regretté d'avoir été pris pour cible en dépit de leurs engagements environnementaux : "Nous sommes un golf "zéro phyto", sans produit polluant. L'école de golf débute à 80 euros l'année et nous n'arrosons que le strict minimum. Ces personnes très courageuses ont détruit le travail d'une équipe", pointe le post Facebook.

Des labels écoresponsables

Alors qu'une nécessaire rationalisation de l'activité s'impose, la ligue a initié un label biodiversité. Près d'un quart des établissements normands ont d'ores et déjà souscrit à un cahier des charges ambitieux. Ce dernier encadre notamment l'arrosage : "Ça fait plus de 25 ans que la fédération travaille sur ces dossiers-là. Les clubs qui ne feront pas d'effort pour avoir ces labels biodiversité auront plus de soucis pour organiser des compétitions et avoir des aides de la région", pointe Pierre Lordereau, le président de la Ligue.

Le virage est de toute façon acté dans le milieu de la petite balle blanche, puisque la loi Labbé 2 interdira d'ici à 2025 l'usage de produits phytosanitaires pour les golfs. Un accord-cadre signé avec les ministères des sports, de la transition écologique et de l'agriculture, préconise pour sa part d'arroser les golfs de manière limitée et sur une plage horaire allant de 20h à 8h du matin.

Le golf d'Omaha Beach a ainsi opté pour des bassins de rétention d'eau et, en cas de grande chaleur, pour un arrosage nocturne. À Louvigny, les greens sont en synthétique et ne nécessitent donc pas de système d'arrosage. À Caen et Vire, l'utilisation des tuyaux d'arrosage demeure marginale. Demeure la question de l'occupation des sols. La Basse-Normandie compte 28 golfs, en bord de mer comme dans les terres.

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