Le tribunal de police de Lisieux (14) examinait ce lundi 13 juin 2022 une plainte déposée par l'association Stéphane Lamart contre un éleveur de bergers australiens pour mauvais traitements. Quand on cherche un chiot, il est parfois de s'y retrouver parmi les bons et les mauvais éleveurs. Voici quelques conseils si vous souhaitez acquérir un chien ou un chat de race.
L'annonce existe encore sur un site de petites annonces. " Nos chiots cherchent des familles, ils sont issus de lignées de beauté et ils grandissent dans un milieu familial. Nous vendons nos chiots à partir de 1 000 euros". Alléchante annonce et pourtant, l'univers idyllique vendu par cet éleveur de bergers australiens semble loin de la réalité. Le propriétaire de cet élevage familial, installé au cœur du Pays d'Auge (14), comparaît devant le tribunal de police de Lisieux (14). Il est poursuivi pour mauvais traitements par l'association Stéphane Lamart " Pour la défense des droits des animaux", reconnue d'utilité publique.
Au mois de mai 2019, l'association Stéphane Lamart reçoit le signalement d'une propriétaire d'un chiot berger australien nommé "Micha" âgé de 7 mois, qu'elle avait acheté la veille dans un élevage pour la somme de 500 euros. Elle venait de faire constater par un vétérinaire que son jeune chien n'était pas en bonne santé. Il souffrait d'une otite, de problème à la patte, d'une atrophie des muscles et de malnutrition. Le chiot souffrait en plus de troubles du comportement et sa propriétaire n'avait reçu aucun papier d'identification ou de vaccination.
A la suite de la plainte, des contrôles ont été réalisés en mai 2020 par la Direction Départementale de la Protection des Populations du Calvados (DDPP14) sur les lieux de l'élevage. Des contrôles qui ont révélé des manquements sérieux en matière d'hygiène notamment dans la maternité. Depuis, l'éleveur a fait le nécessaire pour remettre aux normes son exploitation.
On a vu au tribunal un éleveur qui avait le soucis de se mettre aux normes. Le problème, c'est qu'il agit toujours a posteriori, toujours après avoir été contrôlé.
Maître Christophe GérardAvocat de l'Association Stéphane Lamart
Si l'éleveur risque une amende pour ces manquements à l'hygiène, il ne sera pas condamné pour ses pratiques parfois douteuses en matière d'obligations administratives. Lors de l'achat du chiot, l'éleveur n'avait remis aucun papier d'identification, ni aucun certificat de bonne santé de l'animal à la propriétaire. C'est pourtant une obligation.
Une autre cliente, qui avait acheté son berger américain en 2018 chez le même éleveur pour 1 500 euros, a mis plus d'un an pour obtenir son certificat de pedigree. " Quand j'ai acheté ma chienne, il m'a dit qu'il me l'enverrait rapidement, mais malgré mes relances verbales ou écrites, j'ai attendu une année pour obtenir ce papier important qui me garantissait que mon animal était de race pure" témoigne Martine, qui avoue avoir des doutes sur le sérieux de l'éleveur.
Les règles sont pourtant claires
La loi est très claire sur le sujet. Un éleveur ou un particulier n'a pas le droit de vendre ou donner un chiot ou un chaton non identifié. L'animal doit être identifié par un tatouage ou une puce électronique au moment de l'achat ou de la donation. Un éleveur ou un particulier doit aussi remettre un certificat de bonne santé de l'animal. C'est également une obligation.
C'est important parce que ce certificat de bonne santé vous permet de faire un recours contre le vendeur en cas de litige. C'est aussi une protection pour l'éleveur ou le particulier. Quand on vend un chiot ou un chat, on doit aussi donner un livret dans lequel tout est expliqué, les soins vétérinaires, l'alimentation, le caractère de la race et comment faire son éducation.
Stéphane LamartFondateur de l'Association pour la défense des droits des animaux
Comment éviter les pièges
Si vous envisagez d'acheter un chiot ou un chaton chez un éleveur, il faut bien prendre son temps et regarder attentivement le pedigree de celui-ci. Pour vérifier s'il est digne de confiance, vous pouvez contacter la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP). Cet organisme, qui existe dans chaque département, est agréé par la préfecture pour contrôler les élevages ou les refuges. C'est auprès de lui que vous pourrez savoir si l'élevage est déclaré et si vous pouvez lui faire confiance.
Vous pouvez également demander à l'éleveur son numéro de Siret. Avec ce numéro, vous allez sur le site du répertoire Sirene et vous entrez le code Siret. C'est un peu rébarbatif, mais cela vous permettra de vérifier qu'il est bien déclaré comme éleveur de chien ou de chat. Cela prend quelques minutes, mais c'est déjà une première garantie de sérieux.
Le nombre de races vendues par un élevage est aussi un indicateur de sérieux. " Un petit élevage, qui fait pas plus de deux ou trois races, c'est aussi un point rassurant, car les éleveurs qui vous proposent six, sept races ou plus, n'ont pas tous la connaissance parfaite des races qu'ils proposent" précise Stéphane Lamart, qui se bat depuis 20 ans pour la protection animale.
" Un berger australien ne s'éduque pas de la même façon qu'un malinois". Ultime démarche à faire avant de se décider, visiter l'élevage. Vous pourrez voir l'essentiel, à l'exception de la nurserie, s'il en existe une. Cela vous permettra de constater l'état sanitaire des lieux. La propreté n'est pas un critère absolu mais cela dit souvent bien des choses sur le propriétaire de l'élevage.