Le champion olympique d'équitation Kevin Staut devant le tribunal pour violences conjugales volontaires

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À un peu plus de six mois des JO, Kevin Staut, champion olympique par équipes d'équitation en 2016, a comparu devant le tribunal judiciaire de Lisieux ce jeudi 18 janvier pour des faits de violences conjugales volontaires ayant entraîné deux jours d'ITT. La cavalière norvégienne Marie Valdar Longem, sa compagne au moment des faits, est également mise en cause.

À un peu plus de six mois des JO, Kevin Staut, champion olympique par équipes d'équitation en 2016, a comparu devant le tribunal judiciaire de Lisieux ce jeudi 18 janvier pour des faits de violences conjugales volontaires ayant entraîné deux jours d'ITT. La cavalière norvégienne Marie Valdar Longem, sa compagne au moment des faits, est également mise en cause pour avoir causé sept jours d'ITT à Kevin Staut.

Une dispute liée à un téléphone portable

C'est en février 2022 que Kevin Staut et Marie Valdar Longem se rapprochent. Tout se passe bien jusqu'à cette fameuse nuit du 2 au 3 février 2023 dans le Novotel de Bordeaux. En marge du Jumping International, sur la route de l'hôtel, une dispute éclate dans la voiture entre le couple. "Nous étions à une soirée de gala où je devais rencontrer des propriétaires de chevaux dont je m'occupe. J'avais prévenu que je n'aurais pas trop le temps pour elle, elle a tout de même voulu venir et en repartant, elle m'a reproché de l'avoir laissée de côté. Elle m'a insulté durant tout le trajet du retour", raconte Kevin Staut devant la Cour.

Il continue à dérouler sa version : "Une fois à l'hôtel, je voulais éviter le conflit donc je suis allé m'allonger sur le canapé et je me suis endormi. Mais j'ai été réveillé violemment par elle. Elle m'a sauté dessus et s'est assise sur mon genou gauche déjà douloureux. Malgré la douleur, je me suis rendu compte qu'elle avait mon téléphone dans ses mains. Elle était dans un tel état d'énervement que j'ai décidé de m'habiller, de prendre mes affaires pour quitter la chambre".

Avant de partir, il veut récupérer son téléphone : "Je lui ai demandé la vérité. Elle ne voulait pas me le donner donc je suis allé vers elle, elle m'a repoussé avec ses jambes contre le mur. Au moment où j'ai pris le téléphone de ses mains, elle a accompagné le geste et s'est cogné la tête contre la mienne. J'ai vu qu'elle saignait du nez mais elle était toujours très énervée donc j'ai quitté la chambre". Une scène de jalousie pour lui.

Parole contre parole

De son côté, son ex-compagne norvégienne livre une tout autre version. Elle le soupçonnait d'infidélité alors oui une fois dans la chambre, la jeune femme s’empare du téléphone de son compagnon dont elle découvre le code. Elle explique qu'elle a vu des messages d'autres femmes et les prend même en photos.

Puis, n’arrivant pas à dormir, elle le réveille : "Je voulais des explications mais il était énervé que je le réveille et quand il a vu que j'avais son téléphone dans les mains, il est devenu agressif. J'ai vu son visage changer, je ne l'ai jamais vu comme ça. Il m'a poussée sur le lit, m'a attrapée et coincée les bras puis m'a mis un coup de tête. J'ai perdu connaissance un court instant". Elle confirme qu'il quitte la chambre, en lui faisant un doigt d'honneur. Elle prend une photo de son visage en sang et l'envoie à plusieurs amis.

La directrice de l'établissement confirmera lors de l'enquête qu'une personne (une amie de Marie) a appelé disant qu'une femme avait été frappée par son conjoint. La réceptionniste, elle, expliquera que Marie Valdar Longem, est venue la voir mais qu'elle ne souhaitait pas appeler la police : "J'étais choquée, j'avais peur et j'étais dans un pays étranger où je ne parle pas la langue", précise cette dernière à la cour. La réceptionniste précisera aux enquêteurs ne pas avoir vu de traces de coups, ni de saignements. Dans son compte rendu médical, le médecin norvégien que Marie Valdar Longem a consulté quelques jours après les faits, ne trouvera pas d'hématome.

Un témoin, devant la barre, raconte qu'il a croisé Kevin Staut le lendemain des faits. "Il ne boitait pas, il montait et descendait son cheval normalement". Il ajoute que le cavalier a toujours eu des relations tumultueuses avec ses ex-compagnes. A contrario, une lettre de la cavalière Pénélope Leprévost, ancienne compagne de Kevin Staut, avec qui il a vécu plus de dix ans, explique qu'elle n'a jamais subi de violence de sa part et qu'il a "tendance à fuir les conflits".

Les avocats demandent la relaxe pour leur client

En somme, un conflit à huis clos dans cette chambre d'hôtel, parole contre parole. L'avocate de Kevin Staut, Maître Fanny Colin, a plaidé "la relaxe". Elle ajoute que : "Elle n’a pas à voler son téléphone, lire ses messages pendant qu'il dort, prendre des photos. C'est de l'irrespect. Elle est dans une rage folle, elle le dit elle-même, et le réveille. Et ce soir ça, il n'a pas juste quitté la chambre, il l'a quitte et ça, on ne le dit pas dans les débats. Et il ne faut pas oublier que tout part d'elle. C'est elle qui commence tout en fouillant dans ce téléphone".

L'avocat de Marie Valdar Longem, Maître Antonin Lévy parle, lui, d'"une seule et unique victime". Il lance : "Pour récupérer son téléphone, il lui a mis un coup de tête !". Il demande également la relaxe pour sa cliente. Chacun estime que c'est l'autre qui a attaqué son client.

Les Jeux Olympiques en jeu

Dans cette affaire, ce sont aussi les JO de Paris 2024 qui sont en jeu. Marie Valdar Longem, actuellement 320e mondiale et qui évolue principalement sur le circuit américain, avait demandé à la Fédération internationale d'équitation de mettre de côté Kevin Staut des concours pour éviter de le croiser.

De son côté, la FEI s'en est tenue à sa règle de non-intervention "afin de garantir l'intégrité du processus".

Derrière Julien Epaillard, 5e mondial, et Simon Delestre, 7e mondial, Kevin Staut, 20e mondial, postule clairement à la troisième place accordée à chaque nation qualifiée pour les JO à Versailles. Il espère être sélectionné. Une condamnation pour "violences volontaires" contre son ex-conjointe pourrait avoir pour conséquence sa mise à l'écart de la compétition prévue en juillet 2024. Même pour lui : 

"Je suis un compétiteur et dans ces événements évidemment que j'ai envie de briller. Mais ça fait 11 mois et demi que je vis avec cette affaire et aujourd'hui le plus important pour moi, c'est de retrouver mon honneur ! C'est de retrouver une paix et de la tranquillité pour moi-même et mes proches".

Kevin Staut

Champion olympique d'équitation

Concernant Kevin Staut, le substitut du procureur de Lisieux demande "un stage de sensibilisation aux violences conjugales" au vu de son casier judiciaire vide et que la justice ne se prononce pas sur une éventuelle exclusion aux sélections ou participation des JO de 2024.

La décision du tribunal a été mise en délibéré au 22 février 2024. 

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