Témoignage. Arlette Varin a perdu son frère et sa grand-mère lors des bombardements du 6 juin 1944 à Lisieux

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Arlette Varin n'avait que 10 ans lorsque son immeuble de Lisieux a été détruit par les bombardements alliés du 6 juin 1944. Extrait de l'émission "Ici, il y a 80 ans". ©France télévisions
Publié le Écrit par Marc Moiroud-Musillo

Arlette n'avait que 10 ans lorsque son immeuble de Lisieux a été détruit par les bombardements alliés du 6 juin 1944. Elle perdra deux membres de sa famille dans ce drame. Elle se confie sur cette difficile période de son enfance dans l'émission "Ici, il y a 80 ans".

Arlette est encore une petite fille. Elle n'a que 10 ans lors du débarquement en Normandie. "Le quotidien est triste" se souvient-elle. "Mais nous sommes tous ensemble, une belle famille et aimante". Depuis quelques mois, le quotidien est rythmé par un même rituel. Les parents et leurs deux enfants, Arlette et Serge, dînent en compagnie de leur grand-mère à 20 heures à l'appartement de Lisieux (Calvados) avant de partir dormir à la campagne chez des amis. 

"On n’a pas été prévenu des bombardements"

La résistance française avait lâché des tracts informant la population normande de l'imminence des bombardements. Mais la famille Baudin (le nom de jeune fille d'Arlette) n'a pas reçu l'information. Le soir du 6 juin 1944, la grand-mère, très inquiète depuis le début de la journée, arrive en retard pour le dîner. La famille est à table lors les premières bombes tombent à partir de 20 heures 20. "Comme nous n'avons pas eu le temps de fuir, nous avons fait comme on nous l'enseignait à l’école, se mettre sous une table ronde pour se protéger. Une table ronde, car elle se repliait sous la forme d'une tente" se remémore Arlette Varin. 

Monsieur Varin était inquiet parce que le logement familial se trouvait à côté de la guerre ferroviaire, un lieu qui serait frappé en cas de bombardement. L'immeuble dans lequel réside la famille est touché dans les premiers et sera entièrement détruit. "Ce sera le seul dans la rue" explique Arlette.

Une sirène s'est déclenchée. Tout de suite, on s'est mis sous la table avec mon frère. Après, je pense qu'il y a eu une grande période de vide. On ne peut plus s'apercevoir de rien quand les bombes tombent directement sur votre immeuble. C'est après que l'on sort d'un certain coma. Je ne me souviens pas du bruit, qui devait être effrayant, celui de cette bombe qui est tombée sur notre immeuble.

Arlette Varin

Une vision d'horreur

Lorsque Arlette reprend conscience, elle perçoit une lumière, issue du travail de déblaiement des sauveteurs. Elle lâche la main de Serge. Son frère, âgé d'un an de moins qu'elle, est mort durant le bombardement, probablement d'une crise cardiaque. Autour d'Arlette, ce ne sont que des visions d'horreur : sa grand-mère écrasée sous la gazinière, le corps ensanglanté de son père accroché à une poutre. La fillette se précipite vers un sauveteur. "Il dit : emmenez-la vite, ça ne va pas être beau à voir ! Là, je lui réponds : je viens de tout voir" confie Arlette à Anne Boétie, dans l'émission Ici, il y a 80 ans.

La jeune fille rejoint un groupe d'une cinquantaine de personnes qui fuient la ville pour la campagne. "Sur le chemin, nous sommes pris pour des Allemands et nous avons été mitraillés" raconte-t-elle.

Un long chemin de guérison

Quelques jours plus tard, Arlette retrouve ses parents. Sa grand-mère meurt rapidement de ses blessures. La famille a perdu deux de ses membres.

On vit, parce que j'ai eu la chance d'être élevée religieusement. Vous avez toujours un espoir, on vivait en prières. Mes parents ont été très courageux.

Arlette Varin

 Après ce drame, la famille s'installe dans une maison préfabriquée durant la période de la reconstruction. Les parents d'Arlette adopteront des enfants orphelins. Quatre-vingts ans plus tard, la douleur est encore vive. Arlette a transmis cette histoire à ses enfants. Son fils, Régis, a le sentiment d'avoir vécu la guerre par procuration. "Mes parents me l'ont raconté maintes et maintes fois. J'ai le sentiment qu'ils ont pu avoir envers les Allemands. Mais d'un autre côté, le malheur de notre famille est arrivé par la libération et les Alliés. On est un peu tiraillé entre les deux. La guerre des Allemands et les Alliés, qui nous ont libérés, mais on a eu un malheur à cause de ça" explique Régis Varin.

Retrouvez les témoignages d'Arlette, Jacques et Régis Varin dans l'émission Ici, il y a 80 ans le jeudi 13 juin à 10 heures sur France Normandie. 

À découvrir aussi sur la plateforme France.tv.

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