Si certains patients se dirigent vers de nouvelles pratiques médicales, d'autres se tournent vers des pratiques millénaires: toucheurs, magnétiseurs ou rebouteux. Celles-ci sont tolérées, dans une certaine mesure, par la médecine "conventionnelle".
"J'y crois. Je préfère croire à ça qu'aux médicaments". Monique souffre de lésions cutanées importantes. Plutôt que d'aller voir son généraliste ou un dermatologue, cette femme d'une quarantaine d'années a préféré se rendre chez André, dans le Calvados. Elle repartira avec des feuilles de laurier à placer dans son soutien-gorge pendant quelques jours.
A l'entrée, pas de plaque. A l'intérieur pas de salle d'attente. Les consultations se font dans la salle de séjour. Bien qu'à la retraite, André, 80 ans, est actif: c'est un "toucheur". Il reçoit trois à quatre "patients" chaque semaine. Certains viennent même de Bretagne. Cette activité, andré la pratique pour le plaisir, pas pour l'argent. "C'est naturel pour moi, je suis content de soigner les gens comme ça. Ce n'est pas pour un commerce, c'est pour rendre service".
Jean-Marie Fontaine, lui, a fait de son "don" sa profession. Dans son cabinet, installé également dans la Calvados, ce magnétiseur reçoit quotidiennement une quarantaine de personnes. Le tarif de la consultation: 23 euros, comme chez un généraliste même si le "don" de Jean-Marie Fontaine n'est pas reconnu (et donc pas pris en charge) par la Sécurité sociale.
"Les gens sont soulagés, c'est la seule chose qui compte"
Le magnétiseur, malgré sa plaque et sa salle d'attente, ne cherche pas à se subsituter à la médecine dite conventionnelle. "Je ne donne pas de médicaments, je ne pose pas de diagnostique. Moi, les patients arrive et me disent: j'ai mal là. Je mets mes mains, le fluide passe, les gens sont soulagés, c'est la seule chose qui compte", explique Jean-Marie Fontaine, "Les gens arrivent, ils ont déjà un traitement. Ils repartent d'ici, ils ont toujours leur traitement. Je ne me prends pas du tout pour un médecin".Toucheur, rebouteux, magnétiseur, autant de pratiques différentes que l'on classe sous la dénomination "guérisseur" et qui perdurent en parallèle de la médecine moderne. Une simple recherche sur internet permet de constater que cette activité est encore bien vivante: ils seraient entre 5000 et 8000 guérisseurs à exercer aujourd'hui en France. En Normandie, ils se compteraient par centaines. L'emploi du conditionnel est requis compte tenu de l'absence de cadre légal et scientifique de cette activité.
Dans le monde médical "conventionnel", ces pratiques suscitent des doutes (charlatanisme ?) mais aussi des questions. "Le souci vient du fait que l'on ignore beaucoup ce que font les guérisseurs. Il y a des recherches à mener parce que les guérisseurs font des choses très différentes. Et le terme guérisseur désigne des pratiques très différentes. Mais il y a tout un ensemble de pratiques qui immanquablement ont une efficacité thérapeutique mais dont on ne connaît pas encore tout à fait les ressorts", expliquait en 2015 Olivier Schmitz, sociologue et docteur en anthropologie à nos confrères du Magazine de la santé sur France 5.
A-t-on des preuves de l'efficacité des guérisseurs ?
Par La rédaction d'Allodocteurs.fr Les réponses avec Olivier Schmitz, sociologue et docteur en anthropologie à l'université de Louvain : "Nous avons le témoignage de nombreuses personnes qui y recourent. Or, des études montrent parfois des choses étonnantes, elles montrent notamment l'efficacité de la prière.
Les "coupeurs de feu"
Si les médecins gardent leurs distances avec les guérisseurs, certains ne sont pas opposés à une cohabitation comme le relatent nos confrères du Figaro. Ainsi, dans le sud-ouest de la France, certains patients atteints de cancer ont recours aux "coupeurs de feu", pour apaiser les douleurs générées par les séances de radiothérapie (voir le reportage du Magazine de la santé). «Si le patient peut tirer une amélioration de son état en complément et sans interférence avec son traitement médical, pourquoi se priver de cet adjuvant ?», estime dans le Figaro le docteur Michel Gouiric.En Normandie, l'ordre régional des médecins tolèrent ces prtauiques tant qu'elles ne portant pas atteinte au patient. En revanche, pas question de "mélanger les genres". L'ordre régional des médecins a ainsi récemment sanctionner l'un des siens (trois ans d'interdiction d'exercer) parce qu'il "ne proposait que ce type de méthodes".
Reportage de Franck Bodereau et Stéphanie Lemaire
Intervenants:
- André Costy, "toucheur"
- Monique Robinet, patiente
- Nicole Madelaine, patiente
- Jean-Marie Fontaine, magnétiseur
- Dr Guy Leroy, président de l'ordre régional des médecins de Basse-Normandie