Le procès du naufrage du Breiz, où trois marins de la Manche étaient morts au large de Lion-sur-Mer en 2021, commence ce mardi 2 avril 2024, devant le tribunal maritime du Havre. De nombreux sauveteurs de la SNSM sont sur place pour assister à l'audience et soutenir leur collègue renvoyé devant la justice.

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À 9h, c'est une marée orange qui a envahi la salle d'audience du tribunal maritime du Havre en ce premier jour de procès du naufrage du Breiz où trois marins de la Manche sont morts, le patron du bateau et ses deux matelots, au large de Lion-sur-Mer en janvier 2021.

Une centaine de sauveteurs de la SNSM présents à l'audience

Une centaine de sauveteurs de la SNSM sont venus des stations normandes et bretonnes pour soutenir leur collègue prévenu. En effet, le capitaine du canot de la SNSM de Ouistreham fait partie des cinq personnes jugées à partir de ce lundi aux côtés du co-armateur du bateau, deux fonctionnaires de la Direction des Territoires et de la Mer et un expert maritime. Il est renvoyé devant le tribunal maritime pour négligence et faux dans un document de bord.

"Cette audience est compliquée à mettre en place car il y a du monde mais je pense à ces sauveteurs qui sont sortis cette nuit de janvier pour aller sauver des vies. Aujourd'hui, c'est la solidarité qui se met en place à la SNSM", explique Emmanuel de Oliveira, patron de la SNSM. Il ajoute : "Tous nos bénévoles subissent cet impact. Tous nos bénévoles et patrons réfléchissent et se demandent s'ils vont prendre des risques pour sortir en mer. L'impact est grave".

Le procès retardé

Des sauveteurs en masse en plus des cinq prévenus et de leurs avocats ainsi que les familles et familles des victimes. Par conséquent, l'audience qui devait démarrer à 9 heures a été retardée. En effet, la salle prévue initialement était trop étroite. Le tribunal maritime du Havre a donc décidé de tenir le procès dans une salle plus grande. 

Pendant toute la journée, les débats ont tourné autour des données techniques de l'enquête, sur la stabilité du Breiz et la manière dont le remorquage a été effectué par le canot de Ouistreham nommé la "Sainte Anne des Flots".

Devant la cour, le directeur d'enquête de la brigade de surveillance du littoral de Biéville-Beuville (Calvados) a passé en revue pendant plus de quatre heures la succession de manquements ayant conduit selon lui au naufrage. Il a pointé les nombreuses erreurs ayant mené au drame.
"Il a coulé en quelques secondes", précise ce dernier.

De nombreuses erreurs de la SNSM pointées du doigt par le directeur de l'enquête 

Le 14 janvier 2021, Quentin Varin, 27 ans, patron du Breiz, avait appelé les secours pour une avarie de barre lors d'une pêche à la coquille Saint-Jacques au large de Port-en-Bessin. Remorqué par un canot de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Ouistreham, le navire avait fait naufrage en pleine nuit pendant l'opération, entraînant la mort du patron et de ses deux matelots, les frères Jimmy et Steven Gibert, âgés de 19 et 26 ans.

Selon l'enquêteur, Quentin Varin avait été enregistré indûment par les autorités comme capitaine du bateau de pêche sans avoir le diplôme requis. Il a également pointé du doigt le co-armateur (à 51%) qui n'a pas vérifié l'équipage de son navire, totalement inexpérimenté pour l'activité pratiquée. Le navire lui-même, "vétuste", qualifié "d'instable" lors de remontées de cargaison, était "en surcharge avant même de commencer la pêche", et a été qualifié de "cercueil" et "de baignoire", lors d'auditions d'autres marins rapportées par le directeur d'enquête.

Le major a aussi incriminé l'action de la SNSM lors du remorquage fatal: l'absence de veille par les équipiers du canot SNSM dont "cinq étaient malades, et trois dormaient", provoquant un délai de 46 secondes entre l'alerte du remorqué et la réaction du remorqueur, suffisant pour laisser couler ce dernier "en une minute". Il a enfin mis en cause une vitesse trop élevée lors du sauvetage et un itinéraire "dangereux" au-dessus de hauts-fonds.

"Il n'y a pas eu de débat contradictoire"

Des éléments du dossier qui pose question selon Maître Gildas Rostain, avocat de la SNSM : "On est confronté à une gestion de dossier qui a été pour le pour moins curieuse dans la mesure où le service du procureur de la République est intervenu sur enquête préliminaire. Il n'y a pas eu de débat contradictoire, et on se trouve contraint aujourd'hui à plaider sur des éléments où on n’a pas pu apporter la contradiction".

Dans la nuit du 14 janvier 2021, trois marins avaient péri dans ce naufrage. Il s'agissait de Quentin Varin âgé de 26 ans, patron du Breiz et ses deux matelots, deux frères nommés Steven, 27 ans, et Jimmy Gibert, 19 ans. Le bateau était immatriculé à Courseulles-sur-Mer (Calvados). Les trois victimes, elles, étaient originaires de Saint-Vaast-la-Hougue dans la Manche. Ni les parties civiles, ni leur avocat n'ont souhaité s'exprimer.

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