Normandy Channel Race. Damien Seguin : "une course très tactique qui couronne des marins complets"

Le skipper Damien Seguin, finisher du dernier Vendée Globe à la 7e place, connaît bien la Class40 et la Normandy Channel Race à laquelle il a déjà participé. Avant de commenter le départ de la NCR ce dimanche 30 mai à 16h, il nous a accordé une interview pour évoquer la course et son actualité.

Depuis son arrivée du Vendée Globe, bouclé en 7e position et un peu plus de 80 jours (80 jours 21 heures 58 minutes exactement), Damien Seguin n'arrête pas. Le skipper nantais, double médaillé d'or aux Jeux Paralympiques en 2004 et 2016 et vainqueur du Tour Voile 2017, est donc désormais aussi un finisher du tour du monde en solitaire et sans escale. Une sacrée performance et la satisfaction d'être aujourd'hui considéré comme "un marin comme les autres" gommant par là-même son handicap.

Et il a beau courir en Imoca, Damien apprécie et suit toujours de près la Class40, catégorie sur laquelle il a évolué pendant plusieurs années. Il a d'ailleurs participé à la Normandy Channel Race à 2 reprises, en 2011 et 2014. Il commentera aux côté de Laurent Marvyle le départ de la CIC Normandy Channel Race 2021, prévu ce dimanche 30 mai à 16h dans la baie de Ouistreham, près de Caen. 

Avant de nous faire vivre l'effervescence du départ, nous avons pu l'interviewer pour évoquer avec lui son actualité avec Apicil et ses souvenirs de Class40 et de NCR. Interview...

Comment le Vendée Globe a fait de lui "un marin comme les autres"

Le regard des gens a évolué : je suis passé de simple skipper à « tour du mondiste ».

Damien Seguin, skipper (Groupe APICIL)

Damien Seguin. Ça change forcément, un tour du monde en solitaire. 80 jours passés tout seul sur le bateau en découvrant des parties de la planète que je connaissais pas du tout, les mers du sud, les animaux… Ça ne m’a pas transformé mais je vois les choses forcément un peu différemment, c’est une étape très importante dans ma carrière. Et c’est un cap franchi : le regard des gens a évolué, je suis passé de simple skipper à "tour du mondiste".

C’est très positif, ça va dans le sens que j’ai envie de donner à la suite de ma carrière sportive.

Les choses ont changé dans le sens où quand je terminais une Route du Rhum, c’était une performance liée à la spécifité de mon handicap. Sur le Vendée Globe les gens occultent complètement le fait que je suis en situation de handicap. C’est uniquement la valeur sportive qui est mise en avant. C’est bien car j’ai beaucoup plus l’impression d’être sur un pied d’égalité par rapport aux autres concurrents et c’est le message que je voulais faire passer : c’est que malgré les différences, je peux faire la même chose que les autres et je dois être considéré comme un skipper, un marin comme les autres. Aujourd’hui je pense que j’ai vraiment gagné ce pari-là.

Certes je ne pourrai jamais occulter le fait que j’ai une différence, c’est indéniable. Mais ce dont j’ai envie, c’est d’être considéré comme un skipper avant tout.

Avant d’être un sportif handicapé qui fait de la voile, je suis avant tout un skipper, voilà. On dit souvent que là où on place le mot handicap dans la phrase, ça a une résonance différente... eh bien on est vraiment dedans : aujourd’hui j’ai réussi à inversé la phrase.

Damien Seguin, skipper (groupe APICIL)

Avec ses potes "tour-du-modistes" Damien ne manque pas d'humour : lors de la remise des prix du Vendée Globe, il a posté sur Instagram une photo illustrant des propos tenus par Jean Le Cam alors qu'il analysait son tour du monde, détaillant qu'on se souviendrait du vieux, de l'handicapé et du branleur".

"La Normandy Channel Race ? Elle est super, cette course !"

Damien Seguin. La NCR a toujours ouvert les saisons. Et cette année elle ouvre davantage que la saison 2021 : elle ouvre un cycle qui va emmener tous les protagonistes vers la Route du Rhum qui est vraiment le point d’orgue de la Class40 et ça c’est super.

Mon histoire avec la Normandy Channel Race est de longue date puisque ma 1ère participation était en 2011 avec Yohann Richomme (3e place au final). C’était mes prmières courses en class40, l’occasion de me qualifier pour la Transat Jacques Vabre deux ans plus tard…

Cette course allie densite de la flotte, tactique, technique... et au final vient couronner des marins assez complets.

Damien Seguin, skipper (groupe APICIL)

Elle est super cette course parce qu’elle allie un peu tout ce qu’on veut : elle allie la densité de la flotte parce qu’il y a souvent énormément de participants et c’est d’ailleurs encore le cas sur cette 12e édition. Il y a aussi le côté très tactique, très technique du parcours car avec la NCR on fait du semi hauturier, du hauturier, on passe dans des endroits où il faut savoir bien réfléchir sur la météo... C’est une course qui au final vient couronner des marins assez complets. On a eu à chaque fois de beaux vainqueurs sur cette NCR.

Un pronostic pour cette NCR 2021 ?

Damien Seguin. Je ne vais pas me lancer là-dedans, mais vu la qualité des skippers et des bateaux ça va être comme l’an dernier une course qui va se jouer dans les derniers milles. Avec un équipage qui ne lâchera rien jusque au bout, ça va être un beau spectacle pour tout le monde.

Les Imocas sont de gros Class40

Damien Seguin. Même si je ne fais plus de Class40, c’est une catégorie que je regarde avec beaucoup d’intérêt. La class40 c’est une classe qui est bien née, aujourd’hui ils récoltent les fruits de tout le travail effectué depuis des années autour de la conception de ces bateaux qui sont à taille humaine, 40 pieds soit 12,50m, construits par plusieurs types de chantiers un peu partout dans le monde. Ils ne sont pas composés en carbone, mais en fibres de verre/époxy faits ou non en infusion… La jauge est bien cadrée pour bien maîtriser les coûts de construction, ce qui ouvre la porte autant aux PME qu'aux gros sponsors… Financièrement, c’est beaucoup plus raisonnable que des Ultims ou encore des Imocas. C’était le chaînon manquant entre les mini transats, les figaros et les imocas.

Les Class40 sont de véritables laboratoires technologiques.

Damien Seguin, skipper (Groupe APICIL)

Technologiquement les Class40 sont de formidables machines, prêtes pour faire un tour du monde comme le prochain Globe40 (2022). La classe est mûre pour ce type de projet. Techniquement, technologiquement le Globe40 permettra de faire le tour du monde sur des bateaux plus sages que les Imocas. Le tour du Monde n’est pas l’exclusivité des Imocas et des Ultims. Les Class40 sont de véritables laboratoires technologiques et le regard change : aujourd’hui les class40 ne sont plus de petits Imocas, mais les Imocas sont de gros Class40.

Bateau à l'eau, bientôt bateau volant (foiler)

Damien Seguin. On était très content de remettre le bateau à l’eau après un gros check up post Vendée Globe. C’était important pour nous de comprendre comment le matériel s’use après un tour du monde. On a acquis beaucoup d’expérience. On vise pour la suite la Transat Jacques Vabre qui part le 7 novembre du Havre, et en préparation le Fastnet Rolex en août et le Défi Azimut de Lorient en septembre, une course réservée aux Imocas.

On est sur un calendrier qui est bien complet aujourd’hui en Imoca. Je vais faire toute la saison avec le bateau avec lequel j’ai fait le Vendée Globe et puis je changerai de bateau avec un foiler dès la fin de l’année. Je ferai du coup la Route du Rhum version bateau volant, puis je préparerai au mieux le Vendée Globe 2024 avec toujours le groupe Apicil et des nouveaux partenaires qu’on est en train de chercher pour nous accompagner dans l’aventure.

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