"On m'a dit que j'étais complètement fou" : ce vigneron a quitté le Val de Loire pour la Normandie

Sébastien Fricker, 34 ans, est issu d'une famille de viticulteurs dans le Val de Loire. Il y a deux ans, il a quitté Saumur pour s'installer dans le Pays d'Auge et y planter des vignes. Les premières vendanges auront lieu en 2025.

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"Si on avait eu à vendanger, je pense qu’on serait à trois semaines des vendanges. On a des jolies grappes qui sont bien fermées, bien compactes. On n’irait pas forcément chercher que la sucrosité mais aussi l’acidité pour aller chercher de la fraîcheur sur des vins qui sont faciles à boire." Pour Sébastien Fricker, la dégustation des grains de raisin cueillis à même la vigne est prometteuse. Mais la vendange n'aura pas lieu cette année. Dans ce terrain de 4 hectares en plein cœur du Pays d'Auge, les 20.000 pieds n'ont été plantés qu'en avril 2023. Il faudra encore un peu patienter pour voir si le pari est gagné.

Au pays de la pomme, ces terres étaient jadis parsemées de pommiers. Avant qu'un jeune homme débarque du Val de Loire pour y lancer son grand projet. "Je cherchais des sols argilo-calcaires pour faire des vins qui ont une certaine complexité et qui tiennent dans le temps. Je voulais absolument vinifier sur du calcaire. Je cherchais aussi une exposition plein sud. J’ai visité pas mal de propriétés et j’ai trouvé celle-ci où on est sur une veine de calcaire très profonde qui va être très intéressante sur des vins de garde demain.

"Ça ne poussera jamais !" 

Sébastien Fricker a grandi dans le vin. Sa famille possède le domaine des Ellettes à Saumur au sein duquel il a travaillé comme maître de chai et responsable de l'export. Le voilà désormais, avec sa compagne et associée Claire De Meyer, à la tête de son propre vignoble à Marolles, près de Lisieux : le domaine des Déserts. Réussir à faire du vin en Normandie, un mirage ? "On m'a dit que je suis complètement fou de recommencer sur un projet aussi ambitieux et qu’aujourd’hui, on ne maîtrise pas le temps. On m’a dit : en Normandie, il pleut tout le temps, ça ne poussera jamais.

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Le saviez vous ? En Normandie aussi on vendange. A Saint-Pierre-sur-Dives, à Barneville-Carteret, depuis plusieurs années plusieurs domaine viticole ont vu le jour. Et ce n'est pas fini. Découvrez le portrait de jeunes vignerons qui ont choisi de planter des vignes en plein cœur du Pays d'Auge. Un pari sur l'avenir. ©F.Turpin/P.Latrouitte

Un an plus tard, force est de constater que les esprits chagrins se sont trompés. "On est serein par rapport à ce qu’on voit déjà cette année. Les vignes sont belles. On a laissé un peu de raisin qui nous laisse croire que ça va être bon, ça va être joli, ça va arriver à maturité", estime Claire De Meyer, "ça va aller. Et puis il faut toujours croire en ce qu’on fait."

Le nouvel Eldorado des vignerons ?

Chez le couple de vignerons, l'optimisme ne relève en rien de la méthode Coué. “Avant le Phylloxera, il y avait déjà plus de 12000 hectares de vignes en Normandie, donc ça veut dire qu’on n’a rien inventé", plaide Sébastien Fricker. La démarche est mûrement réfléchie. Sébastien Frickeler a choisi un sol qu'il maîtrise, argilo-calcaire, pour des cépages qu'il sait vinifier : Chenin et Chardonnay en blanc, Cabernet Sauvignon et Cabernet franc en rouge. Objectif : commercialiser 40 000 bouteilles à partir de 2026. Trois autres hectares pourraient être plantés pour développer le domaine.

Ces dernières années, d'autres aventuriers du vin se sont lancés en Normandie, en Baie du Mont-Saint-Michel ou dans le Cotentin. La région est-elle devenue le nouvel Eldorado des vignerons ? "On entend souvent ça par rapport au changement climatique", reconnaît Claire De Meyer, "Dans le sud, il fait beaucoup trop chaud. Dans le centre de la France, il fait quand même parfois trop chaud et en Normandie on va quand même garder un climat tempéré. En plus, on n’est pas trop loin de la mer donc on a une météo qui va se porter bien."

"Quel goût aura le vrai vin normand ?"

Malgré la pluie tombant sur le pays d'Auge en cette fin septembre, Sébastien Fricker abonde : "il ne faut pas prendre 2024 comme référence parce qu’en France c’est une année assez compliquée pour les vignerons. Mais on prouve déjà, par rapport aux chiffres qu’on a dans le Val de Loire sur la météo et autre, qu’on est complètement dans la réalité. Il est entièrement faisable et possible de cultiver de la vigne en Normandie."

Le Normand d'adoption le reconnaît toutefois : son projet reste un pari. "Je suis très excité sur la vinification parce que je connais l’identité cépage, je connais l’identité sol. Mais il y a une grande question qui va être sur l’identité terroir. On connaît les caractéristiques des argilo-calcaires mais aujourd’hui on ne sait pas quel goût aura le vin normand réel, comme on peut goûter un Bourgogne, un Bordeaux ou un Val-de-Loire. Quel goût aura le vrai vin normand ?" Réponse l'année prochaine avec la première vendange.    

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