Après avoir renoncé à une hausse de la taxe foncière l'an dernier, le maire de Ouistreham revient à la charge ce printemps et pointe la dépendance financière de la ville à l'activité du casino, à l'arrêt pour cause de crise sanitaire.
L'an dernier, alors que le casino venait à peine de rouvrir après plusieurs semaines de fermeture dues au confinement, la municipalité de Ouistreham annonçait son intention d'augmenter la taxe foncière d'environs 30%, soit une augmentation moyenne de 240 euros par foyer et par an. Le maire, Romain Bail (LR), justifiait notamment cette mesure par la perte d'activité du casino qui participe à hauteur de 15% au budget de la ville. Près d'un an plus tard, l'établissement de jeux est de nouveau fermé et le sujet de la fiscalité revient sur la table.
Ce lundi 29 mars, il a occupé une large partie des débats au conseil municipal. Dans le budget qui doit être voté le 12 avril prochain, le maire souhaite augmenter de 70% la part communale de la taxe foncière sur le bâti (une taxe qui comprend également une part dévolue à l'intercommunalité et une autre au Département). "Le taux qui est proposé représente une augmentation de 420 euros en moyenne par habitant et on connait des cas qui vont jusqu'à 1100 euros", s'insurge Raphael Chauvois , le porte-parole du groupe d'opposition "rassembler Ouistreham", pour qui cette mesure "n'est pas justifiée au regard de la situation."
"Il manque 2,5 millions dans les caisses"
Romain Bail sort la calculette et réplique : "la Ville estime qu'elle va perdre un million de recettes du casino cette année. Parallèlement, un certain nombre de recettes complémentaires, comme les droits de terrasse (payés par les bars et restaurants) ou des dotations d'Etat devraient diminuer. Si vous cumulez ces recettes perdues puis des charges complémentaires qui se présentent, il manque 2,5 millions dans les caisses."
L'argumentation du maire est sensiblement similaire à celle de l'an dernier pour justifier cette hausse de la fiscalité. La commune a pourtant terminé l'exercice budgétaire précédent sur un excédent de 500 000 euros. Ce que ne manque pas de souligner l'opposition. "Il n'y a pas eu de charges d'animation ou beaucoup moins", explique Raphaël Chauvois, "Et ce sera le cas en 2021." Et de rappeler que la baisse des recettes du casino est "compensée de moitié par l'Etat".
5000 euros en moins par jour
Romain Bail, lui, veut croire à une retour à une vie normale dans les prochaines semaines. "Qui pourrait penser qu'une station balnéaire comme Ouistreham Riva-Bella n'aurait pas un certain nombre d'évènements au cours de l'été ou même sur l'ensemble de l'année ?"
Mais surtout, il pointe, à nouveau, la dépendance financière de la ville à l'activité du casino. Avec la fermeture, c'est chaque jour 5000 euros de moins dans les caisses de la commune (deux millions par an sur un budget de 14 millions). "Demain, le budget doit être construit de telle manière à ce que nous assurions les services publics avec l'apport qu'est celui de la fiscalité", plaide le maire, qui rappelle que la délégation de service public du casino arrive à échéance l'année prochaine. "Imaginez un seul instant qu'il n'y ait aucun candidat qui réponde à l'appel de la délégation."
Une hausse durable ?
Pour l'opposition, la priorité n'est pas aujourd'hui de gérer l'avenir mais l'urgence actuelle. "La situation est dramatique pour tous les acteurs économiques de la commune. C'est l'occasion de les aider. En ces moments de difficultés, il faut que tout le monde se serre les coudes, y compris la commune", affirme Raphaël Chauvois, qui estime également qu'une fois la hausse de la fiscalité enclenchée, il est difficile de faire machine arrière.
Sur ce point, Romain Bail ne donne pas forcément tort à son opposant. Le maire se dit optimiste et veut croire à un retour des touristes en nombre cet été, donc à d'éventuelles recettes supplémentaires. Mais n'envisage pas forcément de changer sa feuille de route."Pour cette année, ce sera un bonus qui permettra d'équilibrer le budget 2022 et à ce moment-là, la question se posera : faut-il revenir sur l'augmentation des impôts ou faut-il pérenniser cette augmentation pour donner davantage de souplesse à la collectivité."