Le 14 janvier 2021, trois marins avaient perdu la vie en mer lors du naufrage du chalutier Le Breiz au large de Lion-sur-Mer, dans le Calvados. Le drame s'était produit lors du remorquage par le canot de la SNSM. Après deux ans d'enquête, la justice a décidé de renvoyer cinq personnes devant un tribunal. Parmi elles, le capitaine du navire des sauveteurs en mer.
Hasard du calendrier, l'information est rendue publique alors qu'a lieu ce weekend la 7e édition des journées nationales des sauveteurs en mer. Un hasard qui tombe particulièrement mal pour la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer), qui bataille en permamence pour trouver les moyens, matériels et humains, lui permettant d'assurer sa mission. Alors qu'elle compte sur cette manifestation pour engranger des dons et susciter des vocations, l'un des siens se retrouve poursuivi pour homicide involontaire.
Le 14 janvier 2021, le chalutier Le Breiz se retrouvait, de nuit et dans des conditions météorologiques difficiles, en détresse au large de la côte de Nacre, dans le secteur de Lion-sur-Mer. A son bord, trois jeunes marins, dont deux frères, originaires de Saint-Vaast-la-Hougue et Cherbourg. Lors du remorquage par le canot de la SNSM, le bateau de pêche sombra très rapidement par l'arrière avec son équipage. Les corps des trois marins furent récupérés le lendemain par les plongeurs dans l'épave.
Cinq sauveteurs en garde à vue
Un an après le drame, le Bureau d'Enquêtes sur les évènements de la mer ( BEA Mer) rend son rapport d'investigation. Il met hors de cause les sauveteurs et souligne "le manque d'expérience des pêcheurs et la surcharge" du coquillard au moment des faits. Les cinq membres de la SNSM ayant participé au remorquage sont pourtant placés en garde à vue quelques mois plus tard dans le cadre d'une enquête pour homicide involontaire.
Ces auditions suscitent une vive émotion au sein de la SNSM : plusieurs stations du Calvados et de Seine-Maritime ferment leurs portes pour exprimer leur indignation. Après 36 heures de gardes à vue à la gendarmerie de Caen, les sauveteurs ressortent libres. Le parquet du Havre (en charge des affaires maritimes) invoque la nécessité d'éclaircir invoque des "discordances" entre les premières déclarations des secouristes et l'exploitation des données techniques du navire.
Le co-armateur lui aussi mis en cause
En ce mois de juin 2023, plus de deux ans après le drame, l'enquête est désormais bouclée. Le Parquet du Havre a décidé de renvoyer cinq personnes devant le tribunal pour homicide involontaire, comme le rapportent nos confrères de Ouest-France. Parmi elles, le capitaine du canot tout temps de la SNSM Sainte-Anne des Flots de Ouistreham, comme nous l'a confirmé la Société nationale des sauveteurs en mer. La justice estime qu'il n'a mené l'opération de remorquage "dans les règles de l'art" (une vitesse trop élevée notamment et un cable trop court). Il lui est également reproché d'avoir indiqué "des horaires ne correspondant pas à la réalité des faits" dans le journal de bord.
Pour autant, la responsabilité du drame ne repose pas sur les seules épaules du capitaine de la SNSM, semble pense la justice qui renvoie également le co-armateur du Breiz devant le tribunal. Le parquet pointe le manque de qualification du patron du navire et de l'un des matelots ainsi que des dragues trop lourdes pour le coquillard. Enfin, un expert-maritime et deux agents de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) du Calavdos sont également poursuivis. L'audience doit avoir lieu les 2 et 3 octobre prochains au Havre. Les peines encourues vont jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.